Un excellent article vient d’être publié sur le Figaro, sur les prêtres chasseur de démons en Egypte.
En effet, qui n’a jamais vu une vidéo d’Abouna Makary, ce prêtre qui rassemble plus de fidèles que son église ne peut en accueillir, et qui à la fin de ses réunions chassent les démons.
Je pense que l’on doit tous être tombé sur une de ces vidéos, avec des personnes hystériques sursautant à la vue de la croix, devenant hystérique, et puis tout à coup se calment.
Voici pour vous l’article du Figaro. La première partie parle du prêtre Abouna Makary Younan, le plus connu en Egypte pour ce genre de choses. La seconde partie de l’article parle d’Abuna Samaan, un autre prêtre « chasseur de démons ».
Sur les quelque quatre cents prêtres coptes que compte Le Caire, deux sont exorcistes. Deux fois par semaine, ils soulagent le quotidien des Egyptiens, chrétiens ou musulmans. Par la croix et par le verbe, ils les libèrent de leurs démons.
De noir vêtu, une croix en argent à la main, Abuna Makary s’approche sans hésiter des possédés, suivi par un garde du corps et des porteurs d’eau bénite. Abuna Makary commence toujours par le carré des hommes, à gauche de l’autel. Coptes et musulmans habités par le diable et harcelés par ses anges s’y côtoient en rangs serrés. Les yeux révulsés, ils se figent à l’approche du prêtre, tremblent au contact de sa croix, gémissent en sueur à son commandement : «Par le nom de Jésus-Christ notre Seigneur, je t’ordonne de sortir de ce corps.»
Sur les bancs en bois et les chaises en métal de la cathédrale Saint-Marc, on se bouscule pour assister une fois encore au combat du bien contre le mal. «Au nom de Jésus, quitte ce corps, au nom du Messie mort sur la Croix je te l’ordonne, quitte ce corps!»
La bouche ouverte, un premier possédé râle, essaie de se dégager de l’étreinte du garde du corps. A chaque éclaboussure d’eau bénite, il réagit comme à autant de brûlures. Le prêtre crie, maintenant, crache son ordre dans la bouche même du malheureux, applique la croix sur son front, empoigne ses cheveux. Soudain, l’homme s’effondre terrassé. Abuna Makary le réveille en criant : «Tu es guéri, reviens à nous, reviens à Yasukh al-Masih (Jésus le Messie, ndlr), réveille-toi!» Débarrassé du Malin, l’exorcisé retrouve ses esprits, fond en larmes, embrasse les mains du saint homme. Un millier de fidèles applaudissent.
Une seconde averse d’eau bénite électrise d’autres corps. Seul un jeune homme ficelé sur une chaise, enfermé dans son monde, ignore le prêtre sauveur. Un soir, disent ses proches, Satan lui a volé son âme.
Puis, Abuna Makary menace les imposteurs, s’adresse aux désespérés, avant de rejoindre le carré des femmes. Impassibles, cinquante d’entre elles le regardent s’approcher, mais, aux premières gouttes d’eau bénite, elles cèdent à l’hystérie. Au passage du prêtre, certaines s’évanouissent, pleurent ou s’accrochent à son habit. Il se débat. Une matrone tente de le protéger des griffes, des coups, des étreintes…
Aujourd’hui encore, de nombreuses musulmanes sont présentes aux côtés des chrétiennes. A terre, les bras tendus, la tête renversée, deux d’entre elles demandent la croix. En quelques instants, le prêtre les libère, malgré une furieuse résistance.
Cet incroyable rituel a lieu tous les vendredis soir dans la grande cathédrale copte d’Ezbekiya, au cœur du Caire. Après deux longues heures de prières, de chants et les réponses du père Makary aux questions de ses ouailles écrites sur des bouts de papier, commence la séance collective d’exorcisme. Ce jour là, laMorgosseyya (Saint-Marc en égyptien) est littéralement prise d’assaut. L’équipe du père Makary en interdit l’entrée, parfois de façon musclée, aux milliers de fidèles qui n’ont de cesse qu’ils ne s’y engouffrent. Certains ont fait le voyage depuis la frontière soudanaise ou le delta pour approcher Abuna et attendent depuis douze heures le droit de s’installer.
Septuagénaire alerte, le père Makary, de son vrai nom Sabry Younan Abd el-Malek, est l’un des rares exorcistes parmi les 400 prêtres coptes que compte la capitale égyptienne. Né à el-Maragha, dans le gouvernorat de Sohag, en Haute-Egypte, il a été ordonné prêtre le 18 juillet 1976. «Enfant, nous dit-il, je savais que je serais prêtre. Très vite, j’ai entendu des appels, eu des visions. En ville, les gens m’embrassaient la main, puis j’ai reçu des lettres me disant: « Tu seras prêtre. »»
En 1979, au contact répété des possédés, l’homme d’Eglise découvre qu’il peut guérir. «A travers moi, poursuit Abuna Makary, c’est Jésus-Christ qui lutte contre le démon et permet la guérison. Seul, je ne suis que poussière.»
Comment différencie-t-il un malade d’un possédé ? «A l’approche de la croix, les possédés paniquent. Ils se tordent, crient, insultent ou crachent. Je sais parfaitement reconnaître un malade d’un homme habité par le démon.» Pour être plus actif encore, le père Makary communique sur Facebook. Il y reçoit des demandes de prières, de rencontres, répond aux questions dans tous les domaines et y affiche des images pieuses.
Comment vivent les Coptes et leur clergé en Egypte ?
«Nous n’avons peur de personne et n’agissons pas dans un esprit de conquête. En terre musulmane, nous proclamons que Jésus y est vivant, Jésus y est présent. Si nous respectons la loi, notre autorité n’est autre que celle de Dieu et de son fils Jésus, dont nous relayons le message. Rien d’illégal ou de dissimulé.»
La tradition fait de saint Marc, apôtre et évangéliste, le fondateur de l’Eglise primitive chrétienne d’Egypte en l’an 42. Cette Eglise rassemble aujourd’hui près de 12 millions de fidèles, qui souffrent depuis toujours de discrimination et de harcèlement – ce qu’avouent rarement ses prêtres en public. Suspects en terre musulmane, les Coptes sont écartés des postes clés de l’armée, de la police ou des universités. Ils sont régulièrement menacés, agressés ou tués, comme en janvier dernier à Nagaa Hammadi, en pleine Epiphanie, où sept d’entre eux ont perdu la vie.
Cela ne démoralise pas Abuna Makary, qui remplit sa cathédrale toutes les semaines, fait la place belle aux jeunes et aux femmes, et prêche en direct pour des chaînes de télévision coptes américaines et canadiennes. «Nous ne sommes pas une religion importée, nous étions là avant l’islam, croit bon de nous rappeler un autre père. Nous pratiquons notre culte dans la langue nationale et nos prêtres sont de « bons » Egyptiens qui vivent parmi les leurs.»
L’exemple type est Abuna Samaan, autre prêtre exorciste sollicité jour et nuit. Il vit sur les hauteurs du Moqqatam, le quartier des chiffonniers du Caire, non loin des rues encombrées par les ordures. Tous les jeudis, il conduit le culte dans une église creusée dans le roc pouvant recevoir 3 000 fidèles. On y vient aussi de toute l’Egypte s’affranchir de Satan. Abuna Samaan prépare ses prêches dans un tout petit bureau au flanc d’une autre église, elle aussi creusée dans le roc, capable de recevoir 7 000 personnes.
Le scénario est le même : après deux heures de prières et de chants, auxquels participent hommes et femmes, vient l’heure des guérisons.
Mais cette fois, une femme se roule par terre en hurlant sans attendre la fin du sermon. Immédiatement, des hommes les bras chargés de bouteilles d’eau bénite ont rejoint le prêtre. Abuna Samaan force ses proches à installer la femme sur un siège. Il l’asperge d’eau, se place ensuite derrière elle et lui pince violemment l’oreille droite. Il lui parle malgré ses cris, crache ses ordres au démon en plein visage : «Par le nom de Jésus, mort sur la Croix…» Autour d’elle, des femmes angoissées attendent leur tour. La tension est palpable, balayée par des courants d’air chaud et froid. Un aide du père Samaan s’approche d’une jeune fille voilée qui semblait terrifiée par la croix et l’exorcise. «J’étais habitée par 70 crabes», nous dira-t-elle. Une autre femme, incapable de se mouvoir, se lève soudain et… marche, les yeux brillants.
Il faut savoir que d’autres religions se sont organisées pour faire face au démon. En France, l’Eglise catholique compte une centaine d’exorcistes (au minimum un par diocèse et département) au service des fidèles. «Les exorcistes ont une responsabilité spirituelle et pastorale pleinement intégrée à la mission de l’Eglise, explique ainsi Mgr André Dupleix, secrétaire général adjoint de la Conférence des évêques de France depuis 2005. Leur ministère, dont le premier but est de lutter contre les manifestations démoniaques, s’exprime la plupart du temps dans l’accueil, le soutien et la restructuration de personnes en détresse, fragilisées et souvent abîmées par les difficultés de la vie. Nos exorcistes sont assez rarement en contact avec de véritables cas de possession. A Paris, par exemple, on ne procède qu’à trois ou quatre exorcismes majeurs par an, sur la cinquantaine de personnes qui se présentent chaque semaine et sont l’objet d’un discernement ou de prières de délivrance.»
Un grand exorcisme, ou exorcisme majeur, suppose un rite particulier pendant lequel alternent prières litaniques, lectures bibliques, profession de foi et imposition des mains. Le prêtre utilise des formules déprécatives, pour demander à Dieu de libérer le fidèle habité par le diable, et des formules impératives, qui s’adressent directement à Satan. Les signes d’une possession peuvent être des accès de violence, des propos injurieux et des réactions brutales face aux symboles de l’Eglise et de la présence de Jésus-Christ (le plus important étant la croix). «L’exorcisme est une véritable lutte spirituelle, au nom du Christ, contre les forces mystérieuses du Mal», résume Mgr Dupleix.
«Les musulmans pensent aussi que le diable existe, affirme Dalil Boubakeur, recteur de la Grande Mosquée de Paris. Pour preuve, les nombreuses reliques destinées à éloigner le mauvais œil, comme la main de Fatma, ou le fer à cheval. Mais on fait rarement appel à un exorciste. En tout dernier recours, on procède à la cérémonie de la Roquya, au cours de laquelle un imam récite des versets du Coran au-dessus d’une vasque remplie d’eau que l’on fait ensuite boire au fidèle envoûté par Satan ou par les djinns. Ce rituel peut avoir lieu à la mosquée ou dans un lieu privé.»
En revanche, on ne recense aucune cérémonie comparable dans le judaïsme. «Satan est bien cité dans les textes, affirme le rabbin Moshe Lewin, porte-parole du grand rabbin de France, mais il est davantage considéré comme un obstacle sur la route du croyant que comme la force du Mal face à Dieu. Dans les synagogues, il n’y a pas de séances d’exorcisme, comme dans d’autres religions, mais plutôt un soutien moral aux fidèles qui en auraient besoin. D’ailleurs, en dix-huit ans, je n’ai vu que trois personnes venir me trouver parce qu’elles se sentaient habitées par Satan.»
Il reste qu’au Caire, deux soirs par semaine, dans leurs paroisses, Abuna Makary et Abuna Samaan continuent à faire fuir les démons. Ces derniers ont pour vrais noms pauvreté ou désespoir, et nul doute qu’ils reviendront dès l’aube, à l’heure où renaissent les angoisses.
source: "blogcopte.fr"