EXORCISMES ET POSSESSIONS

EXORCISMES ET POSSESSIONS

Exorcisme: origines et pratiques

L'exorcisme est un rituel religieux destiné à expulser une entité spirituelle maléfique qui se serait emparée d'un être animé (humain ou animal) et, plus rarement, inanimé (objet).

Cette pratique est probablement universelle : elle est supposée en Mésopotamie dès le IIe millénaire av. J.‑C. et attestée dès le Ier millénaire av. J.‑C., et probablement d'origine sémitique ; on la retrouve rarement dans l'Ancien Testament : bouc émissaire chargé des fautes des Israélites et envoyé dans le désert ; en revanche Jésus le pratique à plusieurs reprises, ainsi que ses disciples qui « chassent les démons » en son nom. 

On retrouve également la pratique de l'exorcisme dans les sociétés primitives pour lesquelles il constitue une réponse à la possession par le(s) démon(s), voire plus simplement à la maladie. On le retrouve sous cette forme dans le chamanisme caucasien, les rituels africains et le vaudou.

Il sera institutionnalisé dans le christianisme catholique, particulièrement au Moyen Âge et il continue à être pratiqué à l'heure actuelle, soit au niveau symbolique et sacramentel (baptême), soit au niveau pratique (prêtres exorcistes). 

Le mot provient du grec ancien : ἐξορκισμός (exorkismós) : « action de faire prêter serment », de ex-orkizein : « faire prêter serment, faire jurer à quelqu'un par le Seigneur » ; il passera directement en latin : exorcismus, exorcizare.


L'EXORCISME DANS LE CATHOLICISME
 

À l’origine du comportement de l’Église, il y a le commandement du Christ : « Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, expulsez les démons. ».

L'exorcisme vise à expulser les démons ou à libérer de l’emprise démoniaque et cela par l’autorité spirituelle que Jésus a confié à son Église. L'entité la plus connue censée provoquer la possession est la force que les chrétiens nomment le Diable.

Selon l'Église catholique romaine, quand l’Église demande publiquement et avec autorité, au nom de Jésus-Christ, qu’une personne ou un objet soit protégé contre l’emprise du Mal et soustrait à son empire, on parle d’exorcisme public. Sous une forme simple, l’exorcisme est pratiqué lors de la célébration du baptême. L'exorcisme canonique solennel, appelé « grand exorcisme », ne peut être pratiqué que par un prêtre exorciste et avec la permission de l’évêque (Don Amorth, exorciste de Rome). Canoniquement, c'est l'évêque qui, comme successeur des apôtres, reçoit de l'Église l'autorité de pratiquer des exorcismes. Le plus souvent, ils délèguent cette autorité à des prêtres subalternes: ce sont les exorcistes. Le Pape Jean-Paul II, ancien évêque de Rome, a pu effectuer trois exorcismes pendant son pontificat.

D'autres catholiques comme le père Ovila Melançon dans Exorcismes et Pouvoirs des Laïcs affirment vouloir « dissiper la confusion, presque généralisée dans l'Église, concernant les personnes ayant le pouvoir de pratiquer des exorcismes... L’exorcisme privé peut être pratiqué par tout prêtre et même par tout fidèle, sans aucune autorisation de l’évêque. Il s’agit là de la doctrine commune enseignée par les théologiens qui ont étudié cette question, même parmi les plus célèbres d’entre eux... » Il se distingue alors de l'exorcisme solennel que seul un exorciste nommé par l'évêque peut effectuer.

L'exorcisme privé pourrait être accompli par « les fidèles en état de grâce ». Cette déclaration confirme le fait que l'exorcisme passe par des prières particulières mais aussi et surtout par la foi, la miséricorde (vis-à-vis du possédé) et l'amour que mettent les prêtres lorsqu'ils les récitent. Ce sont ces éléments qui assurent que le démon sera chassé à tout jamais et non pas seulement pendant la lecture des prières. On peut ajouter que l'exorcisme doit, dans l'esprit du prêtre, consister à chasser le démon mais aussi sauver le possédé.


CRISE DE POSSESSION OU CRISE D'HYSTÉRIE ?
 

Il ne faut pas céder à la tentation d'assimiler la possession et l'exorcisme qui s'y oppose à un facteur univoque, tel l'hystérie, la culpabilité, la contestation, l'injonction paradoxale ; tout ce qu'on peut dire est que la possession se présente comme un état dissociatif tel qu'il est décrit dans les psychoses schizophréniques ; mais la réponse à y apporter n'est jamais univoque et ne doit pas être dissociée du contexte culturel danwcdds lequel elle apparaît.

Mis à part sa signification théologique (ou culturelle) particulière, ainsi que les éventuels phénomènes parapsychologiques qui pourraient lui être associés, la crise de possession ne se distingue pas d'une crise d'hystérie au sens de Charcot ou des phénomènes de spasmophilie, de transe, voire des états de rebirth provoqués dans certaines thérapeutiques.

Pour les théologiens catholiques, le diagnostic différentiel entre maladie mentale et possession diabolique, s'est fondé pendant un certain temps sur l'existence de phénomènes paranormaux. L'Église catholique a très nettement révisé sa position. Par exemple, dans le Praktisches Bibellexicon : « Étant donnée la ressemblance frappante entre la possession et les phénomènes décrits par la parapsychologie, aujourd'hui s'impose la plus extrême réserve. Ce qui, auparavant était considéré comme le signe certain de l'authenticité d'une possession ne peut plus aujourd'hui passer pour tel sans plus ample examen. »

Pourtant, d'autres théologiens et prêtres insistent sur le caractère réel et profondément néfaste des influences sataniques de tous ordres (infestation, obsession, possession), en remarquant avec Charles Baudelaire que « la plus grande ruse du démon est de faire croire qu'il n'existe pas »


LES ÉTATS DU POSSÉDÉ
 

On distingue un état de calme et un état de crise. L'état de crise se traduit par des contorsions, des éclats de rage, des paroles impies et blasphématoires. Pendant la période de calme, tout est généralement oublié et le comportement redevient bien adapté, voire très pieux. Mais l'image que l'on peut en avoir est loin d'être univoque et ne ressemble probablement pas à celle qu'a retenu William Friedkin dans son film de 1973. Il est plus intéressant, pour s'en faire une idée de lire les écrits de Pierre Janet : De l'angoisse à l'extase ou Les médications psychologiques.


LES SYMPTÔMES DE LA POSSESSION
 

 parler ou comprendre une langue inconnue (glossolalie) ;
 voix étrange et différente du possédé ;
 découvrir les choses éloignées et secrètes (voyance) ;
 grande force physique inexplicable (psychokinèse) ;
 les gestes pieux (tout comme les objets bénis) mettent le possédé dans une rage folle et le conduisent à blasphémer horriblement. 
 amnésie de la possession (fréquente et souvent constante).

Les marques du diable, pour l'Église du Moyen Âge, ne se limitaient pas ces signes, aujourd'hui mentionnés par le rituel romain; on donnait même la préséance à d'autres symptômes tels que la lévitation et surtout des zones d'anesthésie, des points du corps anormalement insensibles (il s'agit, pour le neurologue moderne, d'un symptôme de lèpre à son début, de certaines maladies neurologiques ou d'un phénomène de nature hystérique. On peut surtout noter que la personne parle souvent seule.


LES REMÈDES
 

Il est utile de considérer les « remèdes » proposés par l'Église. Les catholiques proposent pour venir à bout de la possession :

 la confession générale (relative à l'ensemble de la vie passée).
 le jeûne
 la prière
 la communion
 les objets bénis (et surtout l'eau bénite).

L'exorcisme consiste, au nom du Christ, à intimer au démon l'ordre d'avouer son nom, puis de quitter le possédé. Cette phase passe par un long rituel et la répétition de prières impressionnantes (pratique comparables à celles du film L'Exorciste). Bien souvent le prêtre exorciste n'est pas seul dans ce genre d'opération. L'exorcisme prend -au mieux- une heure (si ce n'est plus) et cause mille et une souffrance au possédé.


LE VATICAN ET LES CAS DE POSSESSION
 

Le Vatican invite les candidats à l'exorcisme à s'adresser à des psychiatres. Depuis que la psychanalyse existe, on sait que le diable n'est plus forcément à l'origine des troubles psychiques qui peuvent affecter l'homme. Aux yeux de l'Église, celui qui se dit possédé ne l'est pas forcément, et a souvent plus besoin de l'aide d'un psychiatre que de celle d'un exorciste. Or, les prêtres-exorcistes n'avaient jusqu'à ce jour qu'un rituel vieux de près de quatre cents ans pour pratiquer leur ministère. Ils peuvent maintenant compter sur un nouveau rituel, qui intègre l'évolution de la médecine et de la psychiatrie. Ce document de 70 pages, entièrement en latin et conforme aux décrets du concile Vatican II, remplace les formules et les prières du chapitre XII du Rituel romain.

Le texte met en garde contre l'imagination des hommes qui peut les porter à croire qu'ils sont la proie du démon. Dans tous les cas, il faut vérifier que celui qui se dit possédé par le démon le soit vraiment. Le texte recommande de distinguer entre une véritable intervention diabolique et la crédulité de certains fidèles qui pensent être l'objet de maléfices ou de malédictions. "Il ne faut pas leur refuser une aide spirituelle, mais il ne faut pas à tout prix pratiquer un exorcisme."

Le document poursuit : « L'exorciste décidera avec prudence de la nécessité d'utiliser le rite d'exorcisme après avoir procédé à une enquête diligente - dans le respect du secret confessionnel - et après avoir consulté, selon les possibilités, des experts en matière spirituelle, et, s'il est jugé opportun, des spécialistes en science médicale et psychiatrique, qui ont le sens des réalités spirituelles. » Tout en manifestant une grande prudence, l'Église n'exclut donc pas l'emprise du démon sur certaines personnes.

Elle distingue entre l'exorcisme mineur, fait de prières, et le grand exorcisme, qui consiste en une célébration liturgique. C'est le plus impressionnant, celui dont s'inspirent généralement les films d'épouvante. Le nouveau rituel l'a quelque peu simplifié. Ainsi, les prières s'adressant aux démons ont disparu. Le rite comprend entre autres une aspersion d'eau bénite, diverses prières, l'imposition des mains, la présentation d'un crucifix au possédé, et une formule impérative qui s'adresse directement au diable et lui ordonne de s'en aller. Ce rite spectaculaire s'avère rarement utilisé. Les autorités ecclésiastiques préfèrent souvent créer des structures d'écoute et offrir un soutien psychologique aux personnes en difficulté.

Les cas réels de possession sont dits rares, mais à notre époque où l'ésotéro-occultisme attire beaucoup, en particulier chez les jeunes, de nombreuses personnes témoignent avoir été délivrés par des exorcismes ou des prières de délivrance. L'exorciste de Rome, Don Amorth, explique qu'en général, les personnes ne sont totalement délivrées qu'après deux à trois ans de prières de bénédiction à raison d'une toutes les deux ou trois semaines, et dans la mesure où elles adoptent une vie de prière et un comportement éloigné des pratiques à risque.

source: http://harvestingdevil.forumactif.org/



26/07/2015
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