EXORCISMES ET POSSESSIONS

EXORCISMES ET POSSESSIONS

Face à Satan, la puissance de la prière.Entretien avec le fr .Paul Marie

 

 

24/04/2004 - n°1371
Notre vie / Reportage et enquête
Face à Satan : la puissance de la prière
Entretien avec le Père Paul-Marie, f.s.j., exorciste du diocèse de Fréjus-Toulon de 1992 à 2001, président de l'Association internationale pour la délivrance.
Maryvonne Gasse
Que conseiller aux parents dont les adolescents sont attirés par la mode satanique ?
Il leur faut écouter leurs enfants, former leur jugement, les informer du danger de certaines pratiques, les aider à discerner ce qui aide ou bloque leur croissance. Mais sans leur faire peur. Avec un adolescent, il est bon de partir de son expérience.
Ceux qui touchent au monde occulte souffrent d'angoisses, d'oppressions, de cauchemars répétés, et deviennent agressifs. Pris entre l'orgueil et la détresse, ils ont souvent recours à des "personnes de pouvoir" et des mages, ce qui décuple le mal.
D'où l'importance d'être proche d'eux, de maintenir le dialogue sans renoncer à l'exercice de l'autorité, dans l'écoute et l'amitié. C'est une ligne de crête !
Les enfants sont confiés aux parents par Dieu, ils ont une grâce d'état pour les comprendre et les protéger. Quant à leur prière, elle est d'une efficacité particulière. Et il n'est pas rare de constater que dans les cas d'agression du Démon, les parents jouent le rôle de bouclier ou de paratonnerre.
La force suggestive de certaines paroles de musiques rock suffit-elle pour une infestation démoniaque, ou y faut-il un consentement volontaire ?
On peut être victime du Démon en dehors du consentement volontaire. Certaines musiques rock exaltent l'imaginaire. Le bruit assourdissant, le rythme étourdissant, la lumière éblouissante des salles de concert, immunisent la sensibilité et annihilent l'exercice de l'intelligence et la lucidité. Parfois, les auditeurs y reçoivent de plein fouet, sans défense ni recul possibles, des paroles d'incitation à la haine ou au suicide. Ce qui risque de conditionner à certains actes qui ne sont plus complètement volontaires.
Dans ce cas, est-ce une blessure, une infestation, une possession ?
A ce stade, nous sommes encore dans l'ordre psychologique. Le Démon ne peut rien immédiatement contre la vie spirituelle, mais au-delà de la tentation "classique", il peut en entraver l'exercice "médiatement" : il a un accès direct à la vie physique et psychologique de l'homme si on lui ouvre la porte.
Plus la sensibilité est sollicitée, plus l'imaginaire se développe, et c'est le piège : surdéveloppé, l'imaginaire vient diminuer l'acuité intellectuelle. Dans le cas du rock violent, une fois la parole de haine intégrée, elle ouvre indéniablement la porte au Démon.
Et dans le cas du jeu de rôles ?
C'est le même processus. Le théâtre est un art qui peut permettre à l'homme de se développer, de s'affiner, de s'épanouir. Mais à partir du moment où l'identification au personnage devient fusion, comme c'est souvent le cas dans le jeu de rôles, il y a un risque de dépersonnalisation. D'autant plus dangereux que le personnage joué est puissant, violent. C'est là aussi une porte ouverte au Démon.
Quels sont les signes d'infestation démoniaque ?
Les signes les plus courants sont les troubles du sommeil, de l'alimentation, du comportement, mais c'est à prendre avec prudence, car ils peuvent être aussi psychologiques.
Derrière un diagnostic de trouble psychologique peut se cacher une cause démoniaque, et inversement. D'où l'importance de travailler en lien avec des médecins et des psychologues, voire des psychiatres.
Deux critères peuvent induire une présomption : leur conjonction et leur simultanéité avec des pratiques occultes. Mais il n'y a pas d'évidence. La difficulté dans les pays marqués par la science et la technique, c'est que le satanisme imprègne de plus en plus la culture ambiante.
Et les signes de possession ?
Les cas de possession sont très rares. Entre possession, infestation, envoûtement, c'est seulement du plus et du moins. L'exorciste a la grâce du discernement, appuyé sur le rituel qui donne les indices précis, connus seulement de l'exorciste.
Quand a-t-on recours à l'exorcisme ?
Avant de procéder à un exorcisme, le prêtre ou le groupe de prière commence par une prière de délivrance, surtout chez des adolescents dont la sensibilité peut être vive, le psychisme encore fragile. C'est souvent suffisant, dans la mesure où cette prière s'accompagne d'une conversion, d'un renoncement et d'un accompagnement.
Parfois, mieux vaut prier en silence ou en l'absence de la personne, faire célébrer des messes, demander la prière de communautés religieuses. Certes, l'exorcisme est plus rapide, mais les psychiatres avertissent que sur une personne fragile, il peut produire un "implant" : on la fragilise davantage, au risque de lui communiquer une pathologie.
Je me souviens d'un élève de 3e qui priait régulièrement satan avec deux camarades. Sa mère pensait qu'il s'agissait d'un jeu d'enfant, jusqu'à ce que le garçon présente des troubles psychologiques et autres anomalies. Elle a fait le rapprochement avec les invocationssataniques de son fils. Une prière de délivrance a suffi pour le guérir, car il avait été pris à temps.
J'ai connu un autre garçon, adepte d'une secte satanique. Il adoraitsatan dans une caricature de liturgie chrétienne, devant un ostensoir qui présentait un morceau de pain en forme de 6. Il présentait les symptômes d'une bonne infestation : une voix le commandait et l'injuriait. Il était comme téléguidé. Et quand il a voulu quitter cette secte, des ennuis inexpliqués se sont accumulés. Jusqu'à la prière d'exorcisme.
Faut-il couper net avec les pratiques malignes ? Par exemple, faut-il sevrer de musique ?
A l'égard des musiques destructrices, ce qu'il convient de faire dépend de la constitution psychologique de chacun. Si la personne est solide, il est possible de lui demander le sevrage, mais elle doit le choisir et non le subir.
Après une prière de délivrance, la personne est-elle définitivement délivrée, ou bien a-t-elle besoin d'un accompagnement spirituel ?
Il est dangereux de pratiquer une prière de délivrance ou d'exorcisme sans accompagnement spirituel, avant et après. C'est toujours rude. La personne délivrée risque de s'enfermer dans la peur et de voir le Démon partout. Après une délivrance, elle est souvent épuisée. Elle éprouve un sentiment de bien-être, mais aussi de vide. Elle est encore fragile. L'accompagnement doit lui permettre de retrouver confiance en elle-même et en Dieu.
Absolument. Personnellement, après une délivrance ou un exorcisme, je renvoyais la personne vers son curé de paroisse ou vers des communautés du Renouveau charismatique, comme par exemple l'Emmanuel, les Béatitudes, ou le Chemin Neuf.
Mais il faut prendre garde : certains groupes de prière s'improvisent. Il est bon de se renseigner auprès du diocèse.
Parfois, un accompagnement psychologique est nécessaire. Cela dépend de la force psychologique de la personne, de celle du démon qui agresse, des circonstances de l'agression.
 
 
 
 
source:Prodeo.overblog.com 


15/10/2012
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