EXORCISMES ET POSSESSIONS

EXORCISMES ET POSSESSIONS

L'envoutement

Envoûtement

L'envoûtement est une action magique, généralement maléfique, exercée sur un être vivant, par l'intermédiaire de son effigie: dagyde, voult, ou photographie. Le lien avec l'être représenté est renforcé par la présence de sang, de rognures d'ongles, de salive, de sperme lui appartenant, mêlés à la cire de l'effigie ou placés à son contact.

Possession

Phénomène diabolique qui fait d'un sujet l'instrument du démon. Dans la théologie catholique, l'intervention des puissances mauvaises dans le monde et la vie des êtres humains est un phénomène absolument réel. L'expression de ces forces démoniaques se manifeste en certaines occasions par des phénomènes extraordinaires, soumis à un dynamisme supra humain orienté vers les forces du mal. Mais il est souvent mal aisé de tracer une frontière précise entre une possession diabolique qui nécessite un exorcisme, et un simple phénomène d'origine morbide qui est de la compétence d'un médecin spécialisé. Les Eglises catholiques et luthériennes ont conservé le rituel d'exorcisme sous forme d'un pouvoir charismatique confié à un prêtre conjurateur des forces du mal.

Diable, Démon

Démon (du grec Daimôn dieu, génie) Pour la religion chrétienne le démon est le diable, ange déchu, qui habite l'enfer et vient tenter les hommes pour les entraîner dans sa chute. Ainsi, le serpent de la Genèse symbolise le diable. Chez les philosophes grecs par contre, la notion de "démon" avait une connotation moins péjorative. Selon ses disciples, Socrate affirmait que son démon familier lui inspirait tous ses propos.

OCCULTISME

Pour les initiés, le démon représente la force qui explique toute la magie blanche et noire, le bien et le mal métaphysique. Les occultistes considèrent le démon (ou diable) comme "le grand agent magique, employé par le mal pour une volonté perverse. C'est l'ancien serpent, instrument du bien et du mal, la force mise au service de l'erreur". (Eliphas Lévi).

Stanislas de Guaïta et son école affirmaient que, «les démons naissent de la coagulation de la lumière astrale et le magicien anime et projette des formes-pensées, dont il y a puisé la matière».

La plupart des occultistes admettent que la personnalité de Satan et de ses suppôts est d'une nature conforme à celle qu'enseigne la théologie et que les démons ont une influence certaine dans la médiumnité, la divination et la possession.

Ils reconnaissent l'existence d'autres esprits que les anges et les anges déchus, notamment les élémentaires (ou élémentaux), les coques (ou larves), les écorces (ou scories), subsistant après la mort, (les kelipott de la kabbale) êtres errants, toujours à l'affût, et dont le spiritisme pratique le commerce dangereux. «L'occultisme estime qu'il existe une force magique, agent universel et puissance de la pensée imaginante et désirante».

Quand aux mauvais esprits, si l'occultisme les reconnaît, tout en dénonçant leur action clandestine, il les combat par des moyens de tous ordres. Les démons peuvent être thériomorphes (à forme animale) ou anthropomorphes (à forme humaine).

Le délire de possession

Le délire de possession fréquent au Moyen-Age, s'est maintenu dans les civilisations primitives africaines et se manifeste ouvertement dans le culte du Vaudou. La possession est ressentie comme l'animation du sujet par un esprit qui s'empare de son corps dans des expériences diaboliques. Ce phénomène est proche des danses rituelles de possession de certaines cultures primitives, provoquant la lycanthropie ou la possession Vaudou. Il s'agit pour la personne impliquée, d'un véritable orgasme hallucinatoire au cours duquel la violence et la puissance du désir de l'autre se substituent dans le corps du sujet.

Or, malgré le développement de l'instruction et de la pensée scientifique dans nos pays civilisés, cette croyance dans le "pouvoir sorcier" et ses pratiques occultes reste très vif, non seulement chez les pauvres ou les marginaux, mais également dans les classes moyennes et la jeunesse instruite. La notion de sorcellerie paraît ancrée dans ce que Jung appelle notre "inconscient collectif" . Avec la crise économique et spirituelle qui sévit actuellement, elle aurait même tendance à gagner du terrain.

La croyance dans la réalité de la sorcellerie permet à la victime de rejeter la faute de tous les malheurs qui lui arrivent sur un bouc émissaire, le voisin jaloux, le jeteur de sort, le sorcier.

L'accumulation de malchance, les malheurs domestiques à répétition, les maladies imprévues, les pannes ou les accidents d'automobile en série, le chômage, le manque d'argent, la mort subite de proches ou d'un animal familier, ne sont alors plus considérés comme le fruit du simple hasard, d'une malchance passagère, du manque d'hygiène, de l'imprudence, de l'imprévoyance, de la négligence, de la paresse, d'une vie décousue voire de l'alcoolisme ou de la drogue, mais sont attribués à l'action malveillante d'individus ayant le pouvoir de nuire à autrui : les sorciers.

Jusqu'au dernier Concile, les personnes qui se sentaient envoûtées avaient recours à leur curé qui, par sa patiente écoute, sa connaissance des âmes de ses fidèles, les guérissait de leurs phantasmes en réanimant leur foi par des prières, des processions et des bénédictions. Une neuvaine suffisait le plus souvent à lever le sort et à chasser les petits démons. Si l'envoûtement persistait, le prêtre allait faire le tour de leurs champs, des étables et de leur maison le goupillon à la main, administrant au besoin le petit exorcisme et confiant à la maîtresse de maison, avant de repartir, un flacon d'eau et de sel bénits : dans 90 % des cas, tout rentrait dans l'ordre. En cas de possession démoniaque, c'était plus sérieux. Mais les véritables cas de possession sont extrêmement rares. Un ou deux cas par an pour toute la France. Le curé faisait alors appel à l'exorciste nommé par l'évêque. Voilà le schéma le plus courant.

L'envoûtement n'est plus pris au sérieux par l'Église

L'Église post-conciliaire ne prend plus en charge les personnes qui souffrent dans leur âme et leur corps, qui se croient persécutées ou envoûtées. Elle les renvoie à la médecine, au psychiatre, qui n'ont d'autre réponse à leur donner que des poisons chimiques*.

Aujourd'hui où les églises se vident, où le prêtre à l'ancienne se fait rare, où le curé moderne ne croit plus au diable ni aux démons, - c'est à peine s'il accepte l'existence de Dieu, - les personnes à la dérive ne savent plus à quel saint se vouer. Le curé, devenu rationaliste, refuse de considérer leur mal comme étant de son ressort. Or, en présence d'un envoûtement véritable ou imaginaire, la médecine officielle est totalement impuissante. Une personne envoûtée n'est ni folle ni hystérique. Sa souffrance est réelle. Elle est désemparée, elle a perdu ses "marques" , ses références. Les envoûtés que nous avons rencontrés nous le disent : «Il faut avoir été "pris" pour comprendre. Celui qui n'a jamais été envoûté ne peut pas savoir !»

Alors, ces êtres paumés n'ont d'autre ressource que de consulter des voyants, des désenvoûteurs, des sorciers, que le bouche à oreille ou les médias prétendent efficaces, et qui ne sont souvent que des charlatans ou des pompes à fric.

Jadis ces croyances étaient tenues secrètes. Elles circulaient de bouche à oreille. On en parlait aux veillées. Aujourd'hui elles sont véhiculées avec complaisance par les médias. Il n'est de semaine sans qu'une chaîne de télévison, un mensuel ou un hebdo de diffusion nationale, une radio très écoutée, ne fasse l'apologie d'un charlatan ou ne relate des faits occultes extraordinaires, renforçant la crédulité des esprits les moins armés.

Il existe encore en France de très bons exorcistes au sein de l'église catholique. Mais ils sont rares.

SPIRITISME ET NOUVEL-ÂGE

L'explosion des découvertes scientifiques et la percée des technologies, au cours des deux derniers siècles, laissait présumer l'éradication de la pensée magique au profit exclusif de la pensée scientifique. Nos pères voyaient l'âge d'or de l'humanité devant eux. Or, l'impuissance de la science à expliquer le monde dans sa totalité, la pollution catastrophique engendrée par un développement industriel anarchique au détriment de l'homme et de la nature, ont inversé notre foi profonde dans le progrès et redonné leurs lettres de noblesse à la Tradition, à la vie sauvage, à la pensée religieuse ou magique.

Le Spiritisme, doctrine basée sur la croyance que l'homme peut communiquer avec les esprits des défunts et les entités incorporelles (les guides), et son prolongement moderne, le Nouvel-Age, religion privée, syncrétique, qui se veut "scientifique", basée sur une vie spirituelle libérée des dogmes des Églises, sorte d'écologie mentale libertaire, avec ses rites et ses croyances empruntés à la Tradition, au chamanisme, aux sagesses orientales ou primitives, tels le voyage astral, les sorties hors du corps, la réincarnation, ont bouleversé le système de croyance de nos contemporains.

La nouveauté dans le domaine de la Magie opératoire et de la Sorcellerie, c'est qu'elles sont sorties de leurs "réserves" africaines ou paysannes, pour se répandre dans les villes et leurs banlieuses, gagnant des populations paumées, ayant perdu leurs racines et leur foi ancestrale. Déçus par la désacralisation de l'image du prêtre, la négation du "merveilleux", l'abandon des pompes et des rites traditionnels, ces déracinés ont peu à peu déserté les églises et les prêches sans conviction, pour se réfugier au sein d'associations spirituelles, de sectes, où des gourous charismatiques, beaux parleurs et chaleureux, les prennent en charge, corps et âmes... et portefeuille.

Dans nos campagnes, le curé post-conciliaire n'accepte plus de rarement de venir bénir une maison, un champ, une étable ou une nouvelle voiture, d'exorciser un malade qui se croit envoûté, de procurer à ses ouailles du sel bénit. Tout juste s'il croit encore un peu à Dieu, aux vertus des prières et de l'eau bénite (en tant que placebo spirituel).

Alors le mage moderne, à la fois médium et sorcier prend la relève. Il apparaît comme le recours. Il est l'homme fort, riche, invincible : l'homme de pouvoir. Celui qui a réussi et à qui tout réussit. Il fait de la publicité, parade à visage découvert sur le petit écran, roule en Mercédès, BMW ou Rolls, parle d'égal à égal avec le médecin, le chercheur, l'ingénieur, le professeur et l'évêque. Le curé était au service de Dieu, il ne prenait rien pour ses "travaux", le sorcier, lui, prend très cher. Or tout le monde croit aujourd'hui que seul ce qui est cher est efficace.

Dans l'imaginaire d'une bonne partie de la population, le savoir sur les sorts peut attirer la chance, procurer de l'argent sans travailler, semer la zizanie et la terreur, donner le pouvoir de vie ou de mort : réalités autrement fascinantes que la laborieuse acquisition d'une culture et d'un savoir scientifique.

Aujourd'hui comme hier, la sorcellerie est l'explication irrationnelle de faits et de phénomènes rationnels. «En sorcellerie l'acte c'est le verbe. La sorcellerie, c'est de la parole qui est pouvoir et non savoir ou information. » (Jeanne Favret-Saada). La sorcellerie c'est la guerre des mots contre la réalité des faits, le conflit entre le verbe et les idées, l'affrontement entre la crédulité et l'intelligence, la lutte éternellement indécise entre le savoir et la connaissance.

Magie et Sorcellerie

Fille de l'Imaginaire et de la Magie, la Sorcellerie personnifie la nuit, les forces obscures, les pulsions mauvaises, les miasmes de notre inconscient.La Sorcellerie aime l'obscurité, la brume, elle est lunaire.Ni science, ni religion, elle est à la fois mythe, rite et pratique opératoire. La Sorcellerie est une force illusoire mais qui agit. Par la prière la religion donne l'espérance ; par l'invocation et le pacte la Sorcellerie espère forcer la chance.

La sorcellerie est un phénomène universel. Sous des formes très diverses, on la retrouve partout, depuis les sociétés africaines les plus primitives aux nations les plus avancées. Pourtant le concept même de «sorcellerie» est très mal connu, peu étudié, et plein de contresens.

La confusion commence avec l'usage des mots : les termes de mage, magicien, magiste, magie, et de sorcellerie, sorcier, sorcière sont souvent mal employés.

Essayons d'y voir clair.

La magie est une quête spirituelle, une initiation aux grands mystères de la création, une recherche de l'explication du monde. Elle étudie les forces inconnues, cosmiques, surnaturelles. La magie est pratiquée par des hommes savants qui prétendent disposer de certains pouvoirs. La magie n'implique rien de diabolique, bien au contraire, elle serait d'essence divine.

Si le mage est un maître initié aux grands mystères, le sorcier par contre est «un petit apprenti ne maîtrisant que de petits mystères». L'un connaît les lois et les formules, l'autre est un simple vulgarisateur qui risque, par sa méconnaissance, de déchaîner des forces qu'il ne maîtrise pas.*

* Voir Jean Palou : La Sorcellerie.Que Sais-je ? PUF (1957) et Guy Bechtel : Sorcellerie et PossessionEditions Culture, Arts, Loisirs (1972

Enfin, si le véritable mage prend appui sur Dieu, le sorcier est lié au Diable. Au XVIe siècle, le célèbre démonologue Jean Bodin donnait la définition la plus claire et le plus simple : «Sorcier est celui qui, par moyens diaboliques, sciemment s'efforce de parvenir à quelque chose.»

Guy Bechtel remarque que le mot «sciemment» est essentiel car il permet de distinguer les cas de sorcellerie des cas de possession. La sorcière fait librement allégeance au Diable. En échange de pouvoirs sur-naturels elle lègue son âme à Satan par un pacte. «Son acte de subordination relève de son libre arbitre ; il est fait «sciemment».

Précisons enfin qu'un magicien n'est ni un mage ni un sorcier, c'est un illusionniste, un prestidigitateur, un artiste qui épate, éblouit par des trucs, des "tours de magie" , et que le terme de "magiste" beaucoup utilisé aujourd'hui, définit le praticien moderne de la magie cérémonielle ou opératoire qui prétend, selon le cas faire appel à des entités soit divines, soit diaboliques ou à l'esprit des défunts

La Magie et son double la Sorcellerie

La Magie et son double la Sorcellerie existent depuis toujours et subsisteront jusqu'à la fin des temps.

A Altamira, Lascaux et au coeur des Calanques du Var, nos ancêtres des cavernes nous ont légué, en guise de témoignage sur leurs croyances, de véritables grottes-cathédrales. Avec l'aide du démon les sorciers de Pharaon transformaient des bâtons en serpents. Moïse joua les sourciers et les thaumaturges avec la complicité active de Yahvé. La pythonisse d'Endor fit apparaître le spectre de Samuel (ou du diable métamorphosé en Samuel) à Saül.

Tournant sept fois autour de la ville assiégée, les Hébreux aux sons magiques de leurs trompettes firent tomber les murailles de Jéricho.
En Grèce, les dieux de l'Olympe, s'immiscent quotidiennement dans la vie des hommes par des procédés magiques.

Chacune à sa manière, Hécate, Lilith, Médée, Circé ensorcellent les hommes sur lesquels elles ont jeté leur dévolu.
Lors de leurs sorties nocturnes, les sorcières prétendaient chevaucher Diane, un bouc ou un balai en guise de monture.
Dieu des sorciers, Saturne, était considéré comme le Grand Maléfique.
Les Druides commandaient au temps, à la foudre, et maîtrisaient les forces de la nature.
Jésus, fils de Dieu, grand faiseur de miracles, fut tenté par le démon.
Saint-Jacques le Majeur retourna contre Hémogène le Magicien les démons qu'il prétendait commander.
Saint-Antoine et saint Benoît chassaient les démons par leurs exorcismes.
Merlin l'enchanteur, le fée Viviane, savaient charmer et ensorceler les humains à leur guise.

De nos jours, les prêtres défroqués, les imams dévoyés, les marabouts-escrocs et autres mages noirs ont pris la relève de Nicolas Flamel, de La Voisin, de Cagliostro, du Comte de Saint-Germain ou d'Aleister Crowley le sulfureux sorcier-espion. Chaque âge a les sorciers qu'il mérite.

SORCELLERIE ET MAGIE

La Magie est le royaume de l'imaginaire, le royaume du verbe, des mots, par opposition à la réalité matérielle qui demeure le royaume des faits. Sa langue est universelle et me semble aussi éternelle que la crédulité des foules. Fille de l'Imaginaire et de la Magie, la Sorcellerie personnifie la nuit, les forces obscures, les pulsions mauvaises, les miasmes de notre inconscient. La Sorcellerie aime l'obscurité, la brume, elle est lunaire. Ni vraiment sciences, ni tout à fait religions, la Magie et la Sorcellerie apparaissent comme des dérives de l'ésotérisme

La Magie est à la fois mythe, rite, savoir et pratique opératoire. La Magie blanche ou théurgie, prétend agir pour le Bien en faisant appel à des forces surnaturelles. La Sorcellerie ou magie noire (goétie) fait appel aux puissances malfaisantes. Pour un être raisonnable, ces forces invoquées semblent totalement illusoires, pourtant elle agissent.

Par la prière la religion donne l'espérance ; par l'invocation et le pacte avec les esprits, les entités démoniaques ou le Diable, la sorcellerie veut "forcer" le destin, imposer le succès.

«On serait presque tenté d'écrire que la Magie est une forme secrète et brutale de la religion.» Ce qui pourtant la différencie, c'est qu'elle prétend contraindre les forces spirituelles auxquelles elle s'adresse, tandis que les religions espèrent seulement les convaincre. A la prière persuasive, la Magie substitue la contrainte mécanique. A ce titre elle constitue un rite d'exorcisme; rite qui forme partie intégrante des pratiques religieuses. Le Mage est un initié, il "reçoit" son pouvoir. 

source:science-et-magie.com



26/07/2015
0 Poster un commentaire
Ces blogs de Religion & Croyances pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 55 autres membres