EXORCISMES ET POSSESSIONS

EXORCISMES ET POSSESSIONS

"l'épidémie démoniaque" de Morzine

L’histoire la plus spectaculaire et la plus célèbre reste celle de « l’épidémie démoniaque » de Morzine, qui dura plusieurs années. En 1857, deux fillettes convulsionnaires persuadent le village de leur possession diabolique et accusent une femme d’une commune voisine. La contagion se propage aux autres enfants de l’école fréquentée par les deux fillettes, car comme le dit le Docteur Bouchet, auteur d’une thèse sur ce cas, « il n’y a rien qui provoque l’hystérie comme le voisinage de l’hystérie » ; trente personnes atteintes de ce mal mystérieux grimpent aux arbres, hurlent et blasphèment. Dépassé par les évènements, le médecin local diagnostique une cause surnaturelle. L’affaire fait grand bruit et les autorités dépêchent sur place des médecins spécialisés dans les maladies nerveuses qui concluent à une monomanie convulsive et préconisent l’isolement. Ces diagnostics causent grand émoi dans le village qui réclame des moyens extraordinaires pour des maladies surnaturelles. Devant ce climat passionnel, l’évêque d’Annecy interdit tout recours aux exorcismes ; le curé Pinget passe outre. Les exorcismes ont alors contribué à l’augmentation du nombre des malades qui atteignit 120 en 1860, touchant des esprits fragiles impressionnés par ce spectacle. Des innocents sont soupçonnés d’avoir donné le mal par attouchement d’épaule, par un verre de vin ou par le mauvais œil. On replonge par ces pratiques en pleine sorcellerie du XVIIe siècle. L’isolement du village a conservé un état mental statique et a préservé les hommes de toute évolution mentale par rapport à la sorcellerie. Les accusés n’ont échappé que de justesse à la vengeance collective. Pendant six ans, le village fut submergé par cette possession touchant 200 personnes. Mis en garde par les autorités, le curé effectue son méaculpa reconnaissant l’origine naturelle du mal en plein sermon, déchaînant la colère des villageois et de nouvelles crises nerveuses. La venue sur place de l’inspecteur général du service des aliénés, l’intervention d’un détachement de gendarmerie, la menace d’emprisonner les malades, leur isolement dans différents hôpitaux, l’arrivée d’un nouveau prêtre ramènent le calme. Cependant, l’idée de la réalité de la possession diabolique reste fermement ancrée dans les mentalités paysannes ; dix plus tard le démon pointe le bout de son nez et trouve à nouveau un écho favorable parmi la population. Les autorités enrayent rapidement cette seconde secousse, par prudence.

L’affaire de Morzine et les cas particuliers de possession ont eu un retentissement important dans le monde médical qui s’est attaché à démontrer le caractère rationnel des choses par l’analyse des critères communs à tous les possédés. Sous l’impulsion des travaux de Charcot, menés à la Salpêtrière, la possession devient une maladie hystérique, avec attitudes extatiques et convulsives dont les épidémies collectives revêtent une forme démonopathique. La médecine a porté un coup violent au sorcier et au démon, sans être mortel ; des cas de possession isolés et le recours actuel aux exorcismes le prouve ! La médecine s’est-elle laissée abuser par Satan dont « la plus belle ruse est de persuader qu’il n’existe pas », selon Baudelaire !

 

 

source: article de Lamùia sur le site "impressionnant.org"



01/08/2012
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