Le procès autour de la mort brutale de Latifa Hachmi devant la cour d’assises de Bruxelles a donné lieu à moult interprétations à propos de l’exorcisme dans plusieurs religions.

Dans l’islam, bien entendu, puisque cette religion a été directement mise en cause, mais aussi à propos de l’Eglise catholique que l’on a associée un peu rapidement à certaines dérives dans lesquelles même les musulmans ne se retrouvent nullement. Démontons ces assertions

1L’exorcisme n’est pas violent. "Nous sommes pour le moins dubitatifs à propos de certaines assertions diffusées par certains médias", commente le P. Tommy Scholtes, sj, le responsable de presse et de communication de la Conférence épiscopale des évêques, qui de par sa formation a aussi étudié les autres grandes sources spirituelles.

"Il y a eu une assimilation inacceptable parce qu’erronée à la vision de l’exorcisme tel qu’il est vu par l’Eglise. Cela dit, on a aussi travesti la réalité musulmane, pour laquelle tout passe par la lecture et par une méditation du Coran pour se libérer d’esprits mauvais. Les confusions ont été totales aussi à propos du recours à l’eau bénite "

2L’exorcisme n’a nul but lucratif. "On a dit que l’exorcisme était une occasion pour l’Eglise de faire du bénéfice. Rien n’est plus faux non plus : l’exorcisme est un accompagnement spirituel qui par définition est gratuit."

En fait, le plus important à savoir est que l’exorcisme prend sa source dans l’Evangile : c’est Jésus qui chasse les mauvais esprits parce qu’il rencontre des contemporains qui sont confrontés au mal ou au Malin que d’aucuns y associent.

" Le renoncement au mal est présent dès le sacrement du baptême. L’exorcisme n’est évidemment pas un sacrement mais un sacramental, un rite qui aide à se rapprocher de ce que Dieu veut pour l’homme et aime apporter à une vie terrestre."

3Les exorcistes ont leur place dans l’Eglise. "Bien entendu, l’exorcisme peut exister en dehors des liens aux sacrements. Chaque évêque nomme un ou deux exorcistes dans son diocèse dont le mandat est dûment précisé : ce sont généralement des hommes spécialisés dans l’accueil des personnes qui sont désemparées ou se sentent dépendantes de forces qu’elles disent ne pas pouvoir maîtriser."

Mais cela ne signifie pas encore qu’elles sont possédées par le Malin. Les exorcistes sont donc plus des conseillers psychologiques, même s’il existe de fait un rituel clairement défini et décrit dans le canon 1172.

Ce dernier porte que : "1. Personne ne peut légitimement prononcer des exorcismes sur les possédés, à moins d’avoir obtenu de l’Ordinaire du lieu une permission particulière et expresse. 2. Cette permission ne sera accordée par l’Ordinaire du lieu qu’à un prêtre pieux, éclairé, prudent et de vie intègre."

Cela dit, ils ne le pratiquent généralement que quelques fois, et encore, pendant leur mission.

4Les exorcistes combattent plus le mal que le Diable ! "Le spirituel et l’aide psychologique ne sont jamais éloignés l’un de l’autre. Mais le mal existe bien dans nos sociétés ; Jésus évoque l’existence de Satan, qui est surtout le contraire du bien. Le rôle du prêtre est de rassurer ceux qui viennent le voir. Il les invitera donc à prier mais les conviera aussi, s’il le faut, à aller consulter un psychologue ou un psychiatre sans pour autant les rejeter."

En cela, les exorcistes jouent un rôle qui peut exiger une certaine discrétion."C’est aussi la raison pour laquelle l’on ne veut pas les médiatiser outre mesure",explique encore le P. Tommy Scholtes. "On peut les contacter via les secrétariats des diocèses et ils prendront toujours au sérieux les personnes qui souffrent."

On ne dira donc jamais assez de mal de la manière dont le cinéma a identifié les exorcistes au cours de ces dernières décennies. "Cela a sans doute donné des scènes impressionnantes mais ce ne sont que des caricatures provocantes qui créent des amalgames déplorables. Dans toutes les religions qui connaissent l’exorcisme, il y a une invitation à se libérer du mal à partir de ses références fondamentales : c’est le cas chez les juifs et les chrétiens comme chez les musulmans . La lecture de la Bible invite à travers les méditations à se distancier de ce qui nous fait ou fait souffrir les autres..."

source: site "la libre.be"