En Pologne, un mensuel consacré uniquement à l’exorcisme a vu le jour. Cette pratique est en constante hausse dans la majorité des pays catholiques.
En ces temps de crise, le diable semble faire des ravages. Les exorcistes doivent secourir de plus en plus de personnes possédées, affirment des spécialistes. En Pologne, l’engouement pour l’exorcisme est tel qu’un magazine sur le sujet a été lancé. Alors qu’ailleurs – pas en Suisse, toutefois –, le nombre de prêtres spécialisés en la matière s’accroît sans cesse.
Un thème qui rapporte
Le premier numéro du mensuel Egzorcysta comporte 62 pages, est tiré à 15 000 exemplaires et est vendu 3 francs. Un montant important en comparaison du revenu moyen dans le pays. L’éditeur Polwen, allié à des prêtres qui signent des articles du genre «Satan est réel» et «New Age – l’aspirateur spirituel», s’en frotte d’ailleurs les mains.
Le succès de cette première revue de l’histoire consacrée exclusivement à la chasse au démon serait dû indirectement au changement de système en Pologne, un ancien pays communiste. «Le capitalisme crée plus d’opportunités pour faire des affaires dans le domaine de l’occultisme», a déclaré le Père Posacki à l’AFP. «Si les gens peuvent faire de l’argent avec ça, bien sûr que ça va prospérer, et les dégâts spirituels vont également progresser», a-t-il dit au sujet du magazine.
L’exorcisme a le vent en poupe en Amérique du Nord et dans tous les pays latins, nous révèle le Père Caesar Truqui, responsable des cours sur l’exorcisme à l’Institut pontifical de la religion et de la science à Rome. «En Italie, en Espagne ou au Portugal, le nombre de prêtres exorcistes ne fait qu’augmenter depuis des années. En revanche, en Europe occidentale du Nord, majoritairement protestante, les gens qui ressentent des troubles qui pourraient être liés à l’apparition de Satan ont tendance à appeler un psychiatre», explique le prêtre. Il ne s’en étonne pas. «Les symptômes sont les mêmes. Un schizophrène entend des voix dans sa tête, comme quelqu’un qui est possédé par le diable», explique-t-il. En Suisse alémanique par exemple, assure le Père Truqui, le recours à un psy semble plus spontané que d’appeler un exorciste.
Le Vatican communique peu
Contacté, le Vatican se dit toutefois incapable de fournir des chiffres ou toutes autres informations sur le sujet. «L’Eglise catholique évite de parler de ce phénomène car elle tente de se moderniser, alors l’exorcisme devient lourd à porter», signale Youri Volokhine, chercheur en histoire des religions à l’Université de Genève.
Dans l’évêché de Vaud, Genève et Fribourg, «nous souhaiterions recourir à des laïcs formés pour une première prise de contact avec les personnes qui se croient victimes de forces occultes. Ce n’est qu’ensuite que nous enverrions éventuellement nos prêtres sur le terrain», avait expliqué au «Matin» il y a deux ans le vicaire général Rémy Berchier.
L’évêché se sent-il mal à l’aise face à cette question? Il était en tout cas incapable hier de révéler si le nombre de fidèles réclamant un exorciste est en hausse depuis 2009. Luigi Griffa, un prêtre exorciste, avait déclaré alors en avoir recensé 550 pour l’ensemble de l’évêché cette année-là. Un chiffre qui représente une augmentation de 33% en trois ans. Dernièrement, l’évêque a cependant renoncé à externaliser le travail, nous a dévoilé hier une porte-parole. «Les laïcs ont été remerciés et la réorganisation, qui comprend les nominations de nouveaux prêtres exorcistes, est à l’étude actuellement», explique-t-elle. (Le Matin)
source: site "heresie.com"
