EXORCISMES ET POSSESSIONS

EXORCISMES ET POSSESSIONS

Le Nouveau Rituel de l'Exorcisme Son efficacité en question

Le Nouveau Rituel de l'Exorcisme 
Son efficacité en question


Michèle REBOUL

Monde et Vie - 6 septembre 2001

"Ce rituel tant attendu s'est transformé en farce. Une incroyable entrave qui risque de nous empêcher d'agir contre le démon", s'écrie au sujet du nouveau rituel de l'exorcisme, Don Gabriele Amorth, 76 ans, dans une passionnante interview qui vient de paraître dans 30 jours en traduction française (6 juin 2001).
Qui est le Père Amorth ? L'exorciste du diocèse de Rome depuis 1986 et le fondateur et président d'honneur de l'Association internationale des exorcistes. Il précise : "Les prières efficaces, des prières qui avaient 12 siècles d'existence, ont été supprimées et ont été remplacées par de nouvelles prières inefficaces".
En effet, l'ancien rituel de l'exorcisme date de 1614 et était la réalisation de la demande du Christ à ses disciples de prêcher et de chasser les démons (Marc 3, 14-15. Mt 10, 18, Luc 9, 1), ce pourquoi le Sauveur leur donne "un pouvoir sur les esprits impurs" (Marc 6, 7-13). Le rituel était impératif, il commandait, au nom de Dieu à Satan et, comme celui-ci est légion (Marc 5, 9), l'exorciste lui demandait d'abord de dire combien ils étaient et de donner leurs noms (Lucifer, Asmodée, Mammon...) afin de les combattre plus efficacement. Aussi le rituel de 1614, commençait-il ainsi : "Je t'enjoins, qui que tu sois, esprit immonde, ainsi qu'à tous tes associés, vous qui possédez ce serviteur de Dieu, par les mystères de l'Incarnation, de la Passion, de la Résurrection et de l'Ascension de N.S.J.C.... Je t'enjoins de dire ton nom..." et  terminait ainsi : "Si tu as trompé l'homme, tu ne pourras pas te jouer de Dieu... Il te chasse, celui dont la jouissance tient en sa dépendance la totalité de ce qui existe. Il te rejette dehors, celui qui pour toi et tes anges a préparé l'éternelle géhenne... Celui qui doit venir juger les vivants et les morts et le siècle par le feu".
Depuis 1972, les ordres mineurs avant l'ordination ayant été supprimés, celui d'exorciste l'est également. Alors que d'après le Canon 1172 du Nouveau Droit Canon, l'exorcisme doit être réalisé soit par l'évêque soit par un prêtre à qui il  délègue ses pouvoirs. Il n'y a qu'un seul évêque exorciste. C'est Mgr Millingo, ex-archevêque de Lusaka (Zambie), qui vient, sur ordre du Vatican, de se séparer de sa femme (mariage béni par Moon) et qui est "un des plus efficaces exorcistes" affirme Don Amorth dans l'interview de 30 jours.
En pratique, chaque évêque est supposé nommer un exorciste pour son diocèse (mais il n'y en aucun exorciste en Allemagne, en Suisse, au Portugal...) mais, dit Don Amorth "sur une centaine d'exorcistes français, il n'y en a que cinq qui croient au diable et font des exorcismes, tous les autres envoient ceux qui s'adressent à eux au psychiatre". 
Ainsi le Père Maurice Bellot, nommé exorciste à Paris, à l'accueil de St Irénée, près de Notre-Dame (8, rue Gît-le-Coeur, 6ème), est entouré d'une équipe de douze personnes, prêtres, religieuses et laïcs. Il affirme n'avoir jamais pratiqué le grand exorcisme et se contente, lui et son équipe, composée de médecins, psychologues et psychiatres, d'écouter le patient et de "dialoguer" avec lui.
Il y a actuellement trois principaux obstacles à l'efficacité de l'exorcisme : le premier est la non croyance au démon comme un esprit personnel, réel, qui a une foule de mauvais anges à son service : "Il fut précipité, le grand dragon, le serpent ancien, celui qui est appelé le diable et Satan, le séducteur de toute la terre, il fut précipité sur la terre et ses anges furent précipités avec lui" (AP. XII,3-4). Alors que les bons anges sont au ciel, les mauvais anges, en effet, ceux qui ont refusé l'Incarnation du Christ (AP. XII, 2-4) sont sur la terre et rôdent autour des âmes afin de les pousser, elles aussi, à la révolte contre Dieu, car alors que Dieu est Amour, Satan est Haine.
Le deuxième obstacle, 
conséquence de la non croyance en Satan (dont on fait un simple symbole, une personnification du mal) est la non croyance en l'enfer,alors que Notre Seigneur en a parlé 67 fois dans les Evangiles ! Pourquoi chercher à libérer les âmes si l'âme (mot qui n'est plus nulle part dans la nouvelle liturgie et la nouvelle doctrine), le démon et l'enfer n'existent pas, ce qui ôte le péché originel, et  la Rédemption ?
Et le troisième obstacle vient du contenu du nouveau rituel. Il commence par un long préambule théorique puis, après avoir insisté sur le fait que la plupart des fidèles se croient l'objet de maléfices et nécessitent donc une aide psychologique et psychiatrique, le "rite à suivre" est enfin indiqué. Il ne s'agit que d'aspersions d'eau bénite, de litanies des saints, de psaumes, de lectures de l'Evangile et du Credo et enfin une imposition des mains avec une formule déprécative, qui s'adresse à Dieu et, si elle ne suffit pas, une formule impérative où l'exorciste adjure le démon de quitter la personne tourmentée (le rituel n'ose dire le mot "possédée" et les formules sont bien plus faibles que dans l'ancien rituel).
Face à l'ancien rituel qui donnait des ordres au démon, on comprend que ce nouveau rituel, complaisant envers l'Adversaire, soit inefficace. Le rituel était resté inchangé depuis 1614 à part d'infimes retouches en 1926 et 1952 ; le 4 juin 1990, la Congrégation du Culte Divin envoya aux présidents des Conférences Episcopales le rituel "ad interim", à expérimenter. Ce rituel fut refusé par les exorcistes qui n'avaient même pas été consultés. Et le 15 mais 2001, la traduction italienne du nouvel exorcisme publié en latin le 22 novembre 1988, a été approuvé par la Conférence Episcopale Italienne. Ce rituel n'attend plus que l'approbation de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements.

Les critiques de Don Amorth
Pour les auteurs de ce nouveau rituel, l'exorcisme doit être extrêmement rare et n'avoir lieu que dans les cas où on est sûr qu'il s'agit de possession. Or Don Amorth avait montré dans ses deux livres précédents (1) qu'au contraire "bon nombre de soi-disant malades psychiques étaient en réalité des possédés" (dans un exorciste racontequ'on parvenait à guérir  après un ou plusieurs exorcismes. Et surtout, que la plupart du temps, ce n'est qu'avec l'exorcisme que le prêtre se rend compte si le patient est tenté, obsédé, infesté (le démon agit de l'extérieur sur lui) 
ou possédé (le démon habite l'âme, sauf sa fine pointe que Dieu laisse libre). "La certitude que le démon est présent chez quelqu'un, on ne peut l'avoir qu'en faisant l'exorcisme" explique Don Amorth dans l'entretien. Il précisait déjà dans son livre : "Le fait que les trois signes définis par le Rituel comme les symptômes de la possession, à savoir : parler des langues inconnues, posséder une force surhumaine et connaître des choses  cachées, se soient toujours  manifestées pendant et jamais avant les exorcismes pratiqués par moi-même ou les exorcistes que j'ai consultés, est révélateur".  Or 90% des cas de possession, observe Don Amorth, dans 30 Jours de juin 2001, ont pour cause  des maléfices et pourtant le nouveau rituel interdit de pratiquer des exorcismes dans ces cas-là.
Don Amorth réprouve également le fait que le nouveau rituel ne soit pas l'oeuvre d'exorcistes "qui n'ont jamais été consultés", mais de deux commissions de cardinaux. Elles n'ont pas, dit-il "la moindre idée de ce qu'est un exorcisme" : l'une s'est occupée des "Prénotanda", c'est-à-dire des disposition initiales et l'autre, des prières. Don Amorth a réuni dix-huit exorcistes "choisis parmi les plus experts de la planète", pour étudier ce nouveau rituel. Il a loué la première partie, théorique et biblique "sur les fondements évangéliques de l'exorcisme", inutile en 1614, car tout le monde les connaissait, mais qui, dit-il, s'avère indispensable à notre époque. Par contre, la seconde partie, d'ordre pratique, montre, affirme Don Amorth,"l'inexpérience totale" de ses rédacteurs. Des observations minutieuses, article par article, ont été envoyées à la Congrégation pour le Culte et la Foi, aux conférences épiscopales, et naturellement, à Jean-Paul II. Mais le secrétaire de la Congrégation pour le Culte Divin a dit que ses interlocuteurs étaient seulement les évêques et que l'Association internationale des Exorcistes"orchestrait une campagne contre le rite", alors que celle-ci cherchait uniquement à apporter son expérience, puisque les rédacteurs du nouveau rituel ne savent pas ce qu'est un exorcisme et n'y ont même jamais assisté. Les exorcistes sont tellement méprisés que les 150 meilleurs exorcistes venus du monde entier pour assister à un congrès international présidé par Don Amorth, n'ont même pas eu l'autorisation d'être reçus en audience par Jean-Paul II, sur la place Saint Pierre, alors que n'importe qui y a accès.
"Cela fait voir,  remarque Don Amorth,  quels obstacles trouvent les exorcistes à l'intérieur même de leur Eglise... Nous avons un clergé et un épiscopat qui ne croient plus au diable, aux exorcismes, aux maux extraordinaires que le diable peut provoquer ni non plus au pouvoir que Jésus a donné de chasser les démons... Je pourrais citer une quantité d'évêques et de cardinaux qui, à peine nommés dans un diocèse ont retiré à tous les exorcistes la faculté d'exercer."
Don Amorth se plaint aussi de la suppression de tout ce qui combattait l'infestation ou la possession démoniaque : suppression des exorcismes dans le nouveau rituel du baptême (c'est pourquoi les prêtres de la Fraternité de Mgr Lefebvre les rajoutent pour ceux qui ont été baptisés dans ce rituel moderne), suppression  des bénédictions contre les attaques du démon sur les personnes, les animaux ou les récoltes, le spiritisme, l'avortement, le rock satanique, l'occultisme, la magie, sans compter le nombre croissant de messes noires et de sectes sataniques, y compris au Vatican. Le livre du groupe "Les Millénaires" (surnom que se donnent des dignitaires de la Curie), Le Vatican mis à nu, montre, en particulier, l'influence toute puissante des prélats francs-maçons (voir aussi 30 giorni du 11 novembre 1992). Et Malachi Martin, secrétaire du cardinal Béa, dans The Key of this blood ("les clés de ce sang", allusion à l'assassinat de Jean-Paul 1er, non traduit en français) et dans Windswept House ("La maison balayée par le vent", non traduit en français), affirmait que "le prince des ténèbres" régnait au Vatican et qu'il existait"une conspiration satanique à l'intérieur de l'Eglise catholique romaine". Don Amorth remarque : "On nous a peut-être exclus de l'audience du pape parce qu'on avait peur que tant d'exorcistes réussissent à chasser les légions de démons qui se sont installés au Vatican".
Comment s'étonner que le démon se déchaîne : massacres, famines organisées, violences inouïes, viols (dont les viols collectifs des "tournantes" en France), avortements, dictatures (dont celle que prépare le mondialisme), mensonge permanent sur l'histoire des peuples, en particulier de la France, et de l'Eglise.

Que faire ?
Nous avons heureusement des messes et des sacrements restés inchangés, grâce surtout au combat de Mgr Lefebvre et des prières très efficaces  contre le démon :l'exorcisme de Léon XIII et sa prière à  saint Michel (après la messe basse dans l'ancien rituel) tous deux dictés à la suite de la vision qu'il eut en 1886 où il entendit Dieu accorder au démon un pouvoir sur l'Eglise et une puissante prière dictée par la Sainte Vierge au Père Cestac le 13 janvier 1864 et indulgenciée par Saint Pie X, le 8 juillet 1908. De toute façon, une âme en état de grâce, qui a donc la Trinité en elle, et qui demande l'aide de la Sainte Vierge, de Saint Michel et de son ange gardien, est plus puissante que tous les démons de l'enfer. C'est pourquoi à la question de Stefano Maria Paci : "Il ne vous arrive jamais d'avoir peur du démon ?", Don Amorth réplique :"Moi, peur de cette bête ? C'est lui qui doit avoir peur de moi : moi j'agis au nom du Seigneur du monde. Et lui, il n'est que le singe de Dieu." Et il se recommande ainsi à la Sainte Vierge : "Enveloppe-moi dans ton manteau et je serai en totale sécurité."
M.R.

(1) La traduction française des deux livres de Don Amorth a été publiée par F.-X. de Guibert Un exorciste raconte,1992, 246 p. et Nouveaux récits d'un exorciste, 1993  250 p.
(2) Prière à Notre-Dame du P. Cestac
source: "stmichelarchange.free.fr"



02/07/2012
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