EXORCISMES ET POSSESSIONS

EXORCISMES ET POSSESSIONS

L’exorcisme catholique d’un possédé

L’ORDRE DES EXORCISTES


Les exorcistes (ancien ordre mineur supprimé en 1972) étaient les héritiers des ministres chargés, dans l'Eglise primitive, de s'occuper des « énergumènes » (possédés d'un ou plusieurs démons) et plus ordinairement de faire les exorcismes mineurs (prières avec imposition des mains) sur les candidats au baptême.
L'exorciste occupait le troisième rang dans les quatre ordres mineurs que reconnaît l'Eglise catholique.
L'évêque conférait cet ordre en mettant entre les mains de celui qui avait déjà été élevé au rang de lecteur le livre des exorcismes, en lui disant : « Recevez, gardez dans votre mémoire, et ayez le pouvoir d'imposer les mains sur les énergumènes, tant catéchumènes que baptisés. » 
Puis il prononçait des prières pour supplier Dieu d'accorder à l'impétrant les grâces nécessaires à ses nouvelles fonctions.
«Il n'y a plus que les prêtres qui fassent les fonctions d'exorcistes ; encore ce n'est que par commission particulière de l'évêque. Cela vient de ce qu'il est rare qu'il y ait des possédés et qu'il se commet quelquefois des impostures, sous prétexte de possession du démon ; ainsi il est nécessaire de les examiner avec beaucoup de prudence. Dans les premiers temps, les possessions étaient fréquentes, surtout entre les païens, et, pour marquer un plus grand mépris de la puissance des démons, on donnait la charge de les chasser à un des plus bas ministres de l'Eglise. C'étaient eux aussi qui exorcisaient les catéchumènes. Les fonctions des exorcistes, suivant le pontifical, sont d'avertir le public que ceux qui ne communient point fassent place aux autres, de verser l'eau pour le ministère, d'imposer les mains sur les possédés. Le pontifical leur recommande d'apprendre les exorcismes par cœur » (Cardinal Fleury 1653-1743)


L’EXORCISME CATHOLIQUE D'UN POSSEDE


Le Rituel romain indique trois signes spécifiques de la possession : « Signa autem obsidentis daemonis sunt : ignota ligna loqui pluribus verbis, vel loquentem intelligere ; distantia et occulta patefacere ; vires supra aetatis seu conditionis naturam ostendere » (Usage ou intelligence d'une langue inconnue, la xénoglossie ; connaissances de faits distants ou cachés ; manifestation de force physique dépassant l'âge ou la condition du sujet). 
Le rituel, qui ne considère pas cette énumération comme exhaustive, ajoute : « et alia id genus, quae cum plurima occurrunt, majora sunt indicia ».

L’exorcisme catholique d’un possédé est pratiqué dans un lieu honnête, en présence de quelques témoins sérieux et avertis.

Le prêtre peut faire appel aux objets bénis et employer des reliques des saints, mais il doit éviter d'exposer la sainteEucharistie à ces séances mouvementées.

« L’eau bénite a trois effets singuliers : 1° elle chasse le diable loin de nous, loin des lieux que nous habitons et de tout ce qui est à notre usage ; 2° elle nous attire la présence et le secours du Saint-Esprit ; 3° elle efface les péchés véniels. Tous les saints ont fait grand cas de l'eau bénite et s'en sont servis avec succès. Saint Louis faisait asperger tous les soirs son lit et sa chambre par un prêtre. Sainte Thérèse d'Avila s'en aspergeait souvent avec une consolation particulière. Saint Germain apaisa une mer agitée avec de l'eau bénite. Avec de l'eau bénite, saint Eloi délivra cinquante personnes possédées du démon ; avec de l'eau bénite, saint Bernard guérit plusieurs malades. » 6

L’exorciste ne doit pas se laisser aller à la curiosité et ne questionne les démons que pour connaître leur nom et leur nombre, et pour leur faire révéler si quelques œuvres magiques, signes maléfiques ou instruments, soit dans le corps du possédé soit ailleurs, sont responsables de la possession. Dans ce cas il ordonnera que le possédé restitue le sort ou bien il se chargera de le découvrir et de le détruire.

Le rite en lui-même est une suite de prières (Psaumes, litanies, oraisons, etc.), de passages de l'Évangile (Prologue deJeanMagnificat, Benedictus...) et d'exorcismes, c'est à dire de commandements faits à Satan de quitter « ce familier de Dieu que le Dieu Tout-puissant a fait à son image. Cède donc, cède non à moi mais au ministre du Christ ».

Le rituel précise : « Le prêtre fera et lira l'exorcisme, avec commandement, autorité, grande foi et humilité et enfin ferveur : lorsqu'il verra l'esprit diabolique vraiment tourmenté, alors, qu'il insiste et force toujours plus. » 

L'exorcisme peut durer deux, trois, quatre heures, voire plus si l’exorciste le juge nécessaire.

Les démons peuvent se déclarer très nombreux dans un même possédé, se regroupant sous des chefs différents. Ils prennent des noms d'animaux dont ils imitent les cris, ou bien de personnages historiques (Juda, Néron...) manifestant la fonction de chaque démon, comme de pousser à tel ou tel vice.
« Il faut que vous soyez bien faibles pour avoir besoin de venir si nombreux attaquer un seul homme » disait Antoine le Grand, ermite au désert égyptien de Nitrie (+356).

Dès les premières prières, le possédé est pris de sommeil ou de catalepsie ou bien s'agite dans tous les sens : le démon se substitue à l'âme. Il parle en son propre nom et mène contre l'exorciste une bataille qui pourra durer plusieurs années.

Au fur et à mesure des séances, la présence de l'Ennemi est moins active et s'éteint jusqu'au jour où il finit par indiquer l'heure de son départ et le signe qui le prouvera (le Père Matthieu lui demandait de souffler la lampe du Saint-Sacrement).

A la fin de l'exorcisme le patient reviendra à soi, sans se souvenir de rien mais souvent épuisé par la lutte qui s'est livrée en son corps.

Il peut y avoir infestation (le démon agit de l’extérieur) ou possession (le démon habite la personne).
Contrairement à la possession, l'obsession, frappant les âmes ferventes, peut servir à leur avancement grâce à leur combat par l'oraison, les sacrements et le signe de la croix. 
L'obsédé peut user des prières de l'exorcisme du rituel. Sans se décourager, il doit mépriser les démons.

Alphonse Rodriguez (+ 1617) ordonnait aux démons de se prosterner et d'adorer la croix qu’il traçait avec la main. Il alla jusqu'à leur faire réciter des actes de contrition.

Le curé d'Ars, Jean-Marie Vianney (+ 1859), délivra de nombreux possédés qu’on lui amenait.

Padre Pio (+ 1968) se signait lentement ou criait : « Vive Jésus ».

L'exorcisme actuel

Actuellement, les exorcismes mineurs peuvent être assurés par des laïcs sur les catéchumènes.

Pour des possessions diaboliques, l'évêque nomme un prêtre, qui procède à l'exorcisme proprement dit s’il est convaincu qu'il ne s'agit pas d'un trouble nerveux ou pathologique :
Code de Droit Canonique (Codex iuris canonici, 1983) : "Canon 1172 - § 1. Personne ne peut légitimement prononcer des exorcismes sur les possédés, à moins d'avoir obtenu de l'Ordinaire du lieu une permission particulière et expresse. § 2. Cette permission ne sera accordée par l'Ordinaire du lieu qu'à un prêtre pieux, éclairé, prudent et de vie intègre."
Chaque prêtre exorciste exerce son ministère en collaboration étroite avec des psychiatres et des psychologues.

Le Père Mathieu, fameux capucin exorciste, filmé à Besançon en 1984 ("Profession Exorciste”) déclarait : "On ne veut plus faire de mal à Satan. On ne lutte pas contre quelqu'un que l'on ne connaît pas !" 

En 1986, sur 5 000 cas prétendus, 3 ou 4 sont identifiés comme authentiques. 

Le 4 juin 1990, la Congrégation pour le culte divin envoya aux présidents des conférences épiscopales le rituel Ad interim, non impératif (pas de prières imprécatoires), aux fins d’expérimentation.

Le Catéchisme de l’Eglise catholique, publié en 1992 et corrigé en 1998, précise : 
- 1237 Puisque le Baptême signifie la libération du péché et de son instigateur, le diable, on prononce un (ou plusieurs) exorcisme(s) sur le candidat. Il est oint de l’huile des catéchumènes ou bien le célébrant lui impose la main, et il renonce explicitement à Satan. Ainsi préparé, il peut confesser la foi de l’Église à laquelle il sera « confié » par le Baptême (Romains 6, 17). 
- 1673 Quand l’Église demande publiquement et avec autorité, au nom de Jésus-Christ, qu’une personne ou un objet soit protégé contre l’emprise du Malin et soustrait à son empire, on parle d’exorcisme. Jésus l’a pratiqué (Marc 1, 25-26), c’est de lui que l’Église tient le pouvoir et la charge d’exorciser (Marc 3, 15 ; 6, 7. 13 ; 16,17). Sous une forme simple, l’exorcisme est pratiqué lors de la célébration du Baptême. L’exorcisme solennel, appelé « grand exorcisme », ne peut être pratiqué que par un prêtre et avec la permission de l’évêque. Il faut y procéder avec prudence, en observant strictement les règles établies par l’Église. L’exorcisme vise à expulser les démons ou à libérer de l’emprise démoniaque et cela par l’autorité spirituelle que Jésus a confiée à son Église. Très différent est le cas des maladies, surtout psychiques, dont le soin relève de la science médicale. Il est important, donc, de s’assurer, avant de célébrer l’exorcisme, qu’il s’agit d’une présence du Malin et non d’une maladie.

Le 26 janvier 1999, Jean-Paul II promulgua un nouveau Rituel des exorcismes, en latin, devant être traduit en langues vernaculaires, et contenant surtout des prières de supplication, les prières imprécatoires n’étant ajoutées par l’exorciste que dans des cas très rares. Cependant, pour satisfaire la demande d’un certain nombre d’évêques, la Congrégation pour le culte divin donna la possibilité aux exorcistes qui le souhaitent de continuer à utiliser le Livre des exorcismes de l'Eglise, rituel de 1614, légèrement retouché en 1926 et 1952.
Selon le New York Post (février 2002, Jean-Paul II procéda personnellement à trois exorcismes pendant son pontificat. Le premier exorcisme eut lieu en 1982 sur une femme qui se convulsait sur le sol ; le deuxième en septembre 2000 quand il pratiqua le rite sur une femme de 19 ans qui était devenue furieuse sur la place Saint-Pierre. Un an plus tard, en septembre 2001, il exorcisa une femme de 20 ans. 
Dans un article, intitulé Le nouveau rituel des exorcismes dans le Rituel romain, paru dans la Documentation catholique du 21 février 1999, le Cardinal Jorge Arturo Medina Estevez, déclara : « Dans le Rituel que nous présentons aujourd'hui, on trouve tout d'abord le rite de l'exorcisme proprement dit, que nous devons exercer sur une personne possédée. Suivent les prières qui doivent être récitées publiquement par un prêtre, avec la permission de l'évêque, quand on juge prudemment qu'il y a une influence de Satan sur des lieux, des objets ou des personnes, sans en arriver cependant au stade d'une possession véritable. Il y a outre un recueil de prières à réciter privément par les fidèles quand ils soupçonnent, avec un certain fondement, qu'ils sont l'objet d'influences diaboliques. »

Il y avait 93 prêtres catholiques exorcistes en France en 2004 (16 en 1977) ; ces prêtres étaient assistés dans leur ministère par 50 laïcs ayant reçu une formation approfondie.

Le 13 octobre 2005, l’Institut « Sacerdos » et le « Groupe de Recherche et d’Information Socioreligieuse » (GRIS) organisèrent, à Rome, jusqu’en février 2006, une session sur le thème « Exorcisme et prière de libération ». Les cours, dispensés à l’Institut pontifical « Regina Apostolorum » dirigé par la congrégation des membres des « Légionnaires du Christ », s’adressaient aux prêtres et aux étudiants en théologie se préparant au sacerdoce. Devant le regain des « prières de libération » qui se manifestait dans certains milieux chrétiens, ce séminaire avait pour objectif de préparer les prêtres et les séminaristes « à discerner les vrais cas de possession diabolique des cas de troubles psychiques afin de les adresser aux exorcistes ». Le satanisme et l’ésotérisme dans le monde des jeunes étaient particulièrement traités.

Le 1er janvier 2006, à Cayenne (Guyane), un adolescent de 15 ans, épileptique, mourut des violences corporelles auxquelles il avait été soumis au cours de séances d'exorcisme pratiquées par des membres de « l'Eglise du christianisme céleste ».

Le 3 février 2006, s’acheva à Francheville près de Lyon, une session de travail durant laquelle 150 prêtres exorcistes avaient reçu une formation sur les mouvements satanistes ou gothiques et leurs modes d'expression, par la musique ou sur internet. Les prêtres exorcistes, âgés en moyenne d'une soixantaine d'années, « avaient besoin d'être informés sur ce phénomène de société (...) touchant les générations de 13 à 25 ans » expliqua Mgr Philippe Gueneley, évêque de Langres (Haute-Marne) chargé d'accompagner les exorcistes catholiques en France.

Le 30 juillet 2008, La Stampa, un quotidien italien, reprit un entretien de Monseigneur Andrea Gemma, unique évêque catholique pratiquant habituellement le ministère de l'exorcisme, où il livrait quelques réflexions personnelles et affirmait : "Le Diable existe et je l'ai rencontré". 3


LE PENTAGRAMME


13/01/2012
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