NOTES PRISES PENDANT LA CONFÉRENCE DU 9 MARS 2006 : LE MAL, QUE PEUT-ON EN DIRE ?
Notes prises pendant la conférence du 9 mars 2006 : Le mal, que peut-on en dire ?
animée par Martine Mertzweiller et le Père Ange Rodriguez OP
Exposé de Madame Martine Mertzweiller
Madame Mertzweiller est mère de famille, et travaille au SeDiF (Service Diocésain de Formation)
Quelques généralités sur le mal
La pensée du mal hante toutes les écoles de sagesse pour en percer l’origine. Le mal a des effets dévastateurs, il est à combattre ; c’est une lutte à mener.
L’Eglise catholique aussi s’est posé la question du mal : pourquoi existe-t-il ? On ne peut donner aucune réponse rapide, c’est l’ensemble de la foi chrétienne qui répond, il n’y a pas un trait du message chrétien qui ne soit pour une part une réponse à la question du mal (§ 309 du Catéchisme de l’Eglise Catholique).
Il ne faut pas voir le Mal comme un dieu qui serait contre Dieu, mais il y a du mal.
Jésus Christ, homme-Dieu unifié
Saint Paul parle d’un combat dont les armes ne sont pas humaines, mais viennent de Dieu. L’espérance d’Israël, c’est les temps messianiques, et le Christ est l’envoyé de Dieu avec qui commencent les temps messianiques.
La divinité du Christ n’efface pas son humanité. Il nous sauve en unifiant notre humanité. Parfaitement homme, il en connaît toutes les difficultés ; cependant, il n’a jamais péché, il ne s’est jamais séparé de Dieu.
En Jésus, toute distance est abolie, l’homme et Dieu sont un être unifié ; avec Jésus qui nous prend sur la Croix, la distance entre Dieu et l’homme est supprimée, et l’Esprit Saint permet que la distance devienne communion.
Montée vers Pâques, célébration du scrutin
La liturgie du Carême fait refaire aux catéchumènes le trajet du Christ vers Pâques. L’Eglise n’a jamais cessé de parler de combat spirituel, c’est-à-dire combattre le mal au prix de nombreuses tribulations. Mais il faut apprendre à discerner les tensions psychologiques, et ce qui pourrait être le signe d’une division intérieure, car nous sommes tous habités par une jalousie structurale (peur de ne pas être assez aimé,…).
L’appel décisif est l’appel au dernier combat avant de recevoir le baptême. Si on accueille la Parole, on est pur. Nous savons en qui nous mettons notre foi. Nous devons nous méfier de la perfection humaine ; notre modèle, c’est le Christ, et la puissance de Dieu se révèle dans la faiblesse.
Le scrutin est une étape pour se mettre sous le regard de Dieu qui scrute avec douceur et miséricorde, un regard qui discerne ce qui est malade pour le guérir, ce qui est sain pour l’affermir.
Exposé du Père Ange Rodriguez
Le Père Ange Rodriguez est prêtre dominicain, exorciste du diocèse de Lyon.
Le mal reste une question fondamentale de l’homme. Le XXème siècle a fait des millions de morts ; si on en arrive là au XXème siècle, c’est à désespérer. « L’homme n’est pas assez mauvais pour faire ça ! » dit-on devant des horreurs, et parfois la perfidie s’ajoute au mal pour l’aggraver.
Le mal n’existe pas en tant que tel, c’est l’homme qui donne consistance au mal. Depuis sa naissance, l’Eglise pratique une pastorale de guérison.
Prêtre depuis 44 ans, le Père Ange a entendu ces 3 dernières années des choses jamais entendues pendant 41 ans. A Lourdes, on ne rencontre que des chrétiens « en bonne santé » : ils prient, ils reçoivent des sacrements. Mais il existe des personnes qui vivent dans le monde des ténèbres.
Les anges existent-ils ?
Les philosophes, bien avant Jésus Christ, croyaient à l’existence d’êtres spirituels. Platon dit que l’âme de l’homme existe avant l’homme, et est tombée, malheureusement, dans la matière. Pour Aristote, il y a, au bas de l’échelle, le monde minéral, puis le monde végétal, le début de la vie, …, puis l’homme qui pense avec son esprit, puis Dieu. Entre l’homme et Dieu, il y a des êtres spirituels non incarnés, ceux qu’on appelle les esprits, les anges. Toutes les religions croient à ces êtres spirituels non incarnés, car l’approche en est philosophique.
Il y a aussi le côté religieux. « Ange » signifie messager, et les anges sont tous d’espèces différentes. Dans le christianisme, on pense qu’ils ont la liberté de s’attacher à Dieu ou non. Dans le livre de la Genèse, la traduction la plus répandue du récit de la création de l’homme est que Dieu crée l’homme « à son image et à sa ressemblance ». Une traduction plus exacte serait : « un autre lui-même en face de Lui », quelqu’un qui peut dire à Dieu : « Je te hais » ; et, malheureusement, ça existe. On attribue à Satan le refus d’accepter que Dieu se fasse homme pour nous diviniser. Pour les mauvais anges, l’homme est un être méprisable ; cependant, les anges déchus, tombés, ne pouvant plus entrer en relation avec les anges saints, il leur reste nous, les hommes intelligents, avec qui ils peuvent jouer. Le mal n’existe pas en tant que tel, mais il existe des êtres qui donnent consistance au mal. Il ne faut pas « jouer » avec le Mal. Le prince du mensonge est très habile pour nous faire passer un mal pour un bien.
Le ministère d’exorciste
Ce ministère est reçu de l’évêque du diocèse, et il est exercé en équipe. A Lyon, l’équipe est formée de 9 personnes :
- un prêtre pour le monde rural, un prêtre de 80 ans, un prêtre stagiaire de 43 ans,
- 3 femmes qui font le travail d’accueil, gros travail de préparation pour présenter les personnes avant leur entretien avec l’exorciste, et qui prient pendant que le prêtre reçoit les personnes,
- 4 spécialistes en psychiatrie : 3 psychiatres, et une femme psychologue-psychanalyste.
(Paris n’est pas organisé de la même façon).
L’équipe reçoit environ 1000 personnes par an, le mardi et le jeudi. Elles viennent du monde de la voyance, du spiritisme, du satanisme (messes noires, messes rouges), du monde de la magie. Viennent aussi des personnes malades, mais elles ne posent pas le même problème.
Comment peut-on tomber dans le satanisme ?
La pratique de la voyance n’est pas aussi anodine qu’elle en a l’air, car les gens deviennent dépendants, et leur liberté est atteinte. Ils ont besoin d’une catéchèse pour sortir de là. Tout ce qui est initiatique est dangereux : en effet, si on vide de Dieu des pratiques qui doivent mener à Lui, Satan s’en empare.
Il ne faut pas jouer avec le spiritisme : seuls les anges mauvais ont besoin de medium, les anges bons n’en ont pas besoin.
L’homme maîtrise son esprit et son cœur, mais pas sa mémoire. Celle-ci s’empare des images reçues, et les ressort n’importe quand. Il existe des sites Internet avec des images atroces, et il est aisé de s’initier au satanisme par internet. Il est important de savoir que ces choses existent, mais il ne faut pas se laisser fasciner.
Des relations d'asservissement
Le démon ne peut pas dire la vérité, sauf obligé au nom du Christ, et même encore il mélange vérité et mensonge ; il ne sait que mentir, et les démons n’ont pas d’amis, ils n’ont que des esclaves. Le monde des esprits se rapproche du monde des énergies ; il n’y a pas de diable cornu, mais une dynamique qui anime telle personne et qui est à déceler. La vocation de l’homme est divine.
L'exorcisme
Exorciser quelqu’un, c’est le réconcilier avec Dieu. Pour ce faire, le Père Ange met sa confiance dans le rituel de l’Eglise, qu’il dit soit en français, soit en latin. L’avantage de dire les prières en latin est que la personne ne comprend pas ce qui est dit, et ne peut pas jouer un jeu de rôle. Ainsi, il est plus facile de découvrir une possible mystification chez certaines personnes.
Le paranormal
Le paranormal existe, mais le Père Ange n’aime pas en parler. En tant que chrétien, la norme, c’est l’Evangile, et commettre un péché, c’est aller contre l’Evangile. La plus ancienne prière d’exorcisme est dans le livre des Psaumes, au 150ème qui se termine par : « Que tout esprit loue le Seigneur. » Cette prière est à répéter sans cesse pour que tout homme mette sa confiance en Dieu seul.
source:www.paroissemeyzieu.fr
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