Action et influence du démon, article du Père Woilliez paru sur le site diocesain de formation permanente
IV- ACTION ET INFLUENCE DU DEMON.
jeudi 11 mars 2010 par
1) CE QU’EN DIT L’ECRITURE.
Satan et les démons sont présentés comme adversaire du dessein de Dieu sur l’humanité. Il y a une volonté hostile à l’homme.
A.T. L’auteur de la Bible sait qu’un mystérieux personnage a joué un rôle capital dès les origines humaines. Ce serpent, dès son entrée en scène est présenté comme l’ennemi de la nature humaine. Il est plein de ruse et de mensonge. A ce serpent, le Livre de la Sagesse (Sg.2,24) donne son vrai nom : le Diable.
N.T. 1) Satan est l’adversaire du Christ. Les évangiles présentent toute la vie publique du Christ comme un combat contre Satan.
La lutte commence avec la tentation du Christ au désert. Dès le seuil de l’Evangile, aussitôt après l’investiture messianique du baptême au Jourdain, le premier acte de la vie publique du Christ est un affrontement avec Satan. Mtt.4,1 et paral. "Jésus fut conduit pas l’Esprit au désert pour être tenté par le Diable". Importance exceptionnel de ce récit de la tentation du Christ dans la tradition synoptique. Au Christ qui va commencer sa carrière messianique une "option cruciale" est proposée. Il doit choisir entre les voies de Dieu, un messianisme de faiblesse, sottise pour les paiens et scandale pour les juifs" (1 Cor.1,23) et d’autres voies, apparemment seules raisonnables, que lui propose le démon : un messianisme de prestige par étalage de pouvoirs surnaturels. La tactique du démon est la même qu’au paradis. Il se présente en conseiller, en ami, sans apparemment aucune intention maligne. (Ce n’est d’ailleurs pas un péché ou quelque chose de mal qui est proposé.) La seule réponse du Christ est le rappel de la Parole de Dieu. Cete fermeté du Christ oblige le démon à se démasquer : "Si tu tombes à mes pieds et m’adores..."Démasqué, il est perdu.
Dans St. Jean, les juifs incrédules sont les vrais "fils du Diable". Cete lutte atteint son paroxisme à l’heure de la passion. Jean y souligne le rôle de Satan qui semble mener le jeu, mais qui en réalité "n’a sur le Christ aucun pouvoir".
2) Satan est l’adversaire des chrétiens et de l’Eglise.
Si la Résurrection du Christ consacre la défaite de Satan (Cf. Ci-dessous), le combat ne s’achèvera qu’au dernier jour, le Jour du Seigneur. Comme le Christ, le chrétien se heurtera à l’"Adversaire".
L’ennemi qui sème l’ivraie dans le champ du Père de famille, le monde et l’Eglise. (Mtt.13,39)
S’il est vrai que l’Anti-Christ est déja à l’oeuvre ici-bas, c’est la puissance de Satan qui se cache derrière son action malfaisante. (2 Th.2,7sq.) Le chrétien doit choisir entre Dieu et Satran. (2 Cor.6,14) Satan aime "se camoufler en ange de lumière" (2 Cor.11,14) La tactique de Satan avec les chrétiens ne diffère pas de celle qu’il a en vain essayée conte le Christ mais qui lui a si bien réussi au paradis terrestre. Mais si redoutable que soit son pouvoir sur les fidèles, le démon n’en est pas moins un ennemi déja vaincu. (Cf. Ci-dessous.) Seul, le chrétien ne peut que succomber, mais par le Christ, il participe déja à sa victoire. Cf. Le pater : la délivrance du Malin. En un sens, le chrétien a déja remporté la victoire, dans son combat, car il est sûr du Seigneur. (1 Jn.2,13.)
3) La tentation dans l’homme.
Ne pas voir dans toute tentation un action du démon. Il serait facile de mettre sur le démon l’attirance vers le mal et de dégager ainsi notre propre responsabilité et notre situation de pécheurs.
Cf. Mc.7,1-23. Controverse de Jésus avec les pharisiens au sujet des traditions humaines. Rien de ce qui est extérieur ne peut rendre l’homme impur", c’est-à-dire ne peut séparer réellement de Dieu. Ne pas voir dans tout objet ou activité humaine extérieur à nous, une présence et action du démon. Aucun objet n’est de soi pur ou impur (gros problème dans la primitive église entre judéo et pagano-chrétiens) Cf. Pierre chez Corneil. Les gens et les objets extérieurs ne peuvent rendre l’homme impur, c’est-à-dire opposé à la rencontre avec Dieu.
Mais c’est ce qui est intérieur à l’homme, ce qui vient de l’intérieur de l’homme. C’est ce qui vient de nos désirs, de nos habitudes, de ntre attachement au mal qui est la grande source de tentations pour nous. Nécessité d’une véritable conversion de l’intérieur.
4) Synthèse du rôle du démon dans l’histoire du salut : Apocalypse Ch.12.
Point culmùinant de la Révélation. Synthèse d’une extraordinaire richesse. La vision comporte trois phases décrites en tableaux successifs se recouvrant partiellement l’un l’autre.
1) Première phase,Sur la terre : La lutte se concentre entre Satan et le Christ. Un grand dragon, aux sept têtes couronnées de sept diadèmes, s’apprète à dévorer l’enfant mâle d’une femme mystérieuse, vétue de soleil et couronnée de douze étoiles.
2) Seconde phase, parallèle dans le temps à la première ou même antérieure, en donne l’explication. Le dragon, l’antique serpent, celui qu’on appelle Diable et Satan est un révolté. Le contexte suggère que le motif de cette révolte est l’enfant mâle, objet de la haine du Dragon.
3) Troisième phase : vaincu par Michel et par le Christ, il se met à poursuivre la femme et fait la guerre au reste de sa dezscendance. (12,17) Cette phase s’achève par la défaite finale du Diable. C’est sur cete victoire définitive de Dieu et de son Christ que s’achève la Révélation de la Bible sur le Démon. Cf.VI. ci-dessous.
2) PENSEE DE L’EGLISE.
1- PRIMITIVE EGLISE
Cf. La Didaché.
Influence de la communauté de Qumran dont on a retrouvé les textes fondamentaux : le Manuel de disciplinequi contient tout un traité des "deux Esprits" qui est le prototype de ce que nous trouvons dans l’ancien christianisme. Le manuel de discipline. (Fort accent de dualisme.)
Il y a deux Esprits, l’un bon, le prince des lumières, et l’autre mauvais, l’ange des ténêbres.. Chacun préside à une armée d’anges inférieurs. Ces deux Esprits ont été établis par Dieu. Sur eux Dieu a fondé toute son oeuvre. Les voies de ces deux Esprits sont opposées Les armées des deux Esprits ont été constituées par Dieu en part égales. Tous les hommes reçoivent l’un et l’autre Esprit. Mais cette répartition n’est pas en parts égales. Selon que l’un ou l’autre domine, les hommes marchent dans la voie du bien ou dans celle du mal. Chaque homme connait le Bien et le Mal. Nul n’échappa à la tentation. Affirmation de l’existence d’un prince des ténêbres et de ses anges. ? Attribution à ceux-ci de la suggestion de tous les péchés. Le point difficile est l’affirmation que cet ordre de choses vient de Dieu. Ceci semble attribuer à Dieu l’origine du péché. et impliquer une sorte de déterminisme, néceesité, qui est bien dans la ligne essénienne. Cete doctrine comprend des éléments bibliques, mais implique aussi d’autres éléments à orientation dualiste. C’est un effort d’explication du problème de la liberté, du choix entre le bien et le mal. Mais l’existence même de la liberté comme possibilité de pécher, fait problème. La question n’est plus celle de l’idolatrie, mais celle de la tentation. : quelle est l’origine de la sollicitation au mal dans le coeur de l’homme ?
La doctrine des deux Esprits est une réponse à ce problème, avec cependant une certaine ambiguïté. Cette sollicitation au mal est parfois présentée comme procédant de l’homme lui-même, des dispositions de son coeur, et non pas seulement du démon. Mais alors nouvelle question : Quelle est l’origine de ces dispositions de l’homme vers le mal ? Est-ce Dieu qui les a créé ou viennent-elles d’une autre cause ? L’origine de la propension au mal ne peut-être attribué à Dieu. Parfois, cette sollicitation est présentée comme provoquée par un esprit personnel, le démon. C’est une nouvelle approche de la démonologie chrétienne ancienne. Toutefois, les deux aspects de la tentation, psychologique oudémoniaque sont inséparables.
Le Pasteur d’Hermas. La doctrine des deux Esprits est vraiment développée.
C’est là qu’apparait pour la première fois la doctrine du discernement des esprits. C’est au judaïsme (Qumran) qu’Hermas emprunte sa démonologie. Grande dépendance. Aux deux voies, président deux anges, l’ange de la justice et l’ange du mal. Mais la doctrine du "Manuel de discipline" de Qumran s’est approfondee. Elle devient psychologie spirituelle. Les vices sont présentés par Hermas comme des démons. : "La médisance est un démon...La colère est un esprit très méchant...La convoitise est fille du Diable...La tristesse est le plus malfaisant de tous les sesprits". Il s’agit d’une véritable possession par les démons. Les vices sont nettement des esprits mauvais pêrsonnels. Liste des douze vices (12 femmes vêtues de noir qui sont les vices") : L’incrédulité, l’intempérance, la désobéissance, l’imposture, la tristesse, la méchanceté, la débauche, la colère, la fausseté, la folie, la médisance, la haine". Les démons des vices s’introduisent dans l’âme et y font leur habitation. Notion de l’âme comme habitacle des démons. Conception réaliste des l’action des démons, considérée comme une véritable possession.
La doctrine des deux Esprits se trouve ailleurs dans le judaïsme du temps du Christ. Le livre apocryphe des "Testaments" présentent des applications morales de la doctrine des deux Esprits. Un siècle 1/2 plus tard, le livre apocryphe, le 4ème Esdras présente le sommet de la réflexion du judaïsme sur le mystère de la tentation et du péché. La question reste posée : pourquoi Dieu ne nous a-t-il pas donné un coeur qui comprenne seulement le bien ?
2- DANS LA PLUS ANCIENNE LITTERATURE MONASTIQUE
1) Les vies des moines du 4ème siècle. La vie ascétique au désert est surtout envisagée comme une lutte avec les démons et avec leur chef, Satan, le Diable, l’ennemi par excellence. Cf. Les vies des solitaires du désert. Surtout "la vie d’Antoine", de Saint Athanase.
1- Le démon attaque surtout les anachorètes.
Dans son combat pour assurer le salut et parvenir à la perfection, c’est sutour contre les démons que le moine doit lutter. C’est la vie des anachorètes, des solitaires, qui est beaucoup plus riche en "diableries" que la vie de ceux qui vient en communauté (cénobites). Le démon est l’ennemi juré de ceux qui vivent dans la solitude. Comme dans la vie terrestre de Jésus qui, elle aussi, est rapportée comme une lutte avec le "prince de ce monde". C’est au désert que , pour le moine, se fait avec le Diable l’affrontement décisif. Plus que la proximité de Dieu, le moine y éprouve la présence des démons.
2- Tactique du démon.
Les mauvaises pensées. Le démon intervient volontiers de manière détournée. Ces tentations par les "pensées" sont les tentations habituelles du débutant. Certaines de ces pensées sont bonnes en apparences et ce sont les plus redoutables. Place particulière pour les pensées de luxure. Le moine surmonte ces pensées par la prière, par un redoublement d’ascèse et surtout en s’appliquant à garder son coeur des mauvaises pensées. (Origine de la "garde du coeur".)
Visions et hallucinations.
Le démon cherche à ébranler le moins en lui apparaissant : visions, hallucinations, cauchemers lde la nuit. Il propose à l’imagination un objet qui a toutes les apparences de la réalité. Le plus souvent ces visions ont pour but d’exciter la "porneia". Le diable fait apparaître des femmes nues. Le diable vient voir le moine sous la forme d’une femme. D’autres visions sont forgées par le diable, pour inspirer à l’ascète la peur, voire la terreur. Le démon apparait à Antoine sous les traits d’un enfant noir, signe de sa baiblesse et de sa noirceur spirituelle. Les démons peuvent aussi épouvanter l’ascète en produisant un vacarme infernal dans la cellule.. Il utilisez aussi la moquerie.. Le diable cherche à attirer l’attention sur lui, pour que le moine se relâche dans sa prière.
Anges de lumière.
Les démons prennent aussi l’aspect de pieux personnages, et même d’anges. Le but est de faire renoncer à l’ascèse. D’autres fois, de façon plus "diabolique" encore, le démon feint d’encourager le moins à l’ascèse, le pousse à des jepûnes et à des prières excessifs. Les démons savent tenir de pieux propos. Ils font même des prédictions, au cours de visions nocturnes. On a cherché des explications diverses à ces prédictions diaboliques.
2) Evagre le Pontique.
1- Moyens d’action des démons. 1) Les huit logismoi.
Evagre se base sur l’observation psychologique pour exposer les moyens d’action des démons sur l’homme et l’étrendue de leurs pouvoirs. Luttant contre les anachorètes, les démons combattent nus. La lutte se fait par les pensées. Le logismos n’est pas le démon, mais l’arme dont dse sert le démon pour la tentation. Ce sont les suggestions du démon et qui correspondent aux huit péchés capitaux, avec souvent l’appârence de bonnes pensées.
2) Action sur l’esprit.
L’action des démons sur l’intellect est indirecte. Les démons intoduisent en nous des images, des souvenirs pour arriver indirectement à impressionner et agir. Plujs encore que le séculier, l’e solitaire parle, agit, pèche "en pensée". P ar là les démons entrainent les parties passionnées de l’âme dans un mouvement "contre nature".
3) Action sur les passions.
Les démons agissent sur les pensées par les passions, et sur celles-ci par les sens ou par la chair. un logismos n’est efficace que s’il est passionné.
4) Action sur le corps.
Quand le démon a échoué du côté des pensées, il s’en prend au corps. Il se met à palper les membres du corps. Il y a un caractère physiologique du phénomène.
3 PERES DE L’EGLISE.
1) Tertullien. (174-182) Se situant dans la perspective du conflit du paganisme contre l’Eglise, il est comme le continuateur des Apologistes. C’estr principalement à l’activité des démons et des mauvais anges qu’il s’attache. Cette activité consiste à perdre l’homme et s’exerce à la fois sur le monde matériel et sur l’âme humaine. Tertullien énumère de faux prestiges des démons : annonce des phénomènes météorologique, guérisons, explication des oracles, nécomancie. Les paiens prennent ces démons pour des dieux. Il n’y a pratiquement pas de différences entre les soi-disant dieux des paiens et les démons. Au sujet de l’action des démons, accent mis sur deux points : l’immoralité et l’idolatrie. Place aussi pour la coquetterie et l’art de la beauté féminine. Les démons font dela pour se venger des femmes qui étaient cause de leur péché. Pour Tertullien, c’est toute la vie publique de la cité paienne qui est pénétrée par les démons. Présence particulière au théatre. Les arts ont été inventés par les démons. Les spectacles suscitent des passions et viennent du démon. L’Etat lui-même est considéré comme contaminé par le démon. Le monde est à Dieu, mais la mondanité est au diable. Toutes ces choses ont été institués par la diable et sont la pompa diaboli. Celui qui communie au diable en assistant aux spectacles se sépare du Seigneur.
2) Origène. 182.) Il est plus tourné vers la vie spirituelle. Il prolongera l’action des moralistes qui avaient commencé à étudier l’action des esprits dans l’âme. Le combat spirituel chez Origène. L’action des démons sur les baptisés. Les démons continuent d’exercer leur action jusqu’à la Parousie. Pour Origène, l’histoire présente du monde apparait comme un conflit où le Christ, aidé des bons anges, s’efforce d’arracher aux démons les hommes qui leur étaitent soumis. A côté des anges de la nature, il y a les anges des nations et les anges des personnes. Tous les hommes sont assistés de deux anges, le mauvais qui pousse au mal et le bon qui pousse au bien. (Rejoint le Pasteur d’Hermas.) Et les deux anges produisent des effets contraires. Outre la tentation, Origène reconnait un autre mode d’action qui est la "possession". Le baptisé est passé de la puissance du démon à celle de son Ange. Il y a une rupture avec l’idolatrie considérée comme culte du démon. Cf. Ci-dessous.) Les démons se rendent compte qu’en faisant des martyrs, ils ne font que contribuer au triomphe du christianisme.
La tentation. Les démons disposent d’une autre arme que les persécutions : la tentation par laquelle ils s’efforcent d’ébranler les chrétiens de l’intérieur. Origène distingue ce qui vient de la corruption de l’homme et ce qui relève de l’action du démon. Les instinct ne sont pas dans l’homme l’oeuvre du démon. " Certains parmi les simples, disent que si le Diable n’éxistait pas , il n’y aurait pas de péché. Nous, en examinant les choses de plus près, nous pensons qu’il n’en est pas ainsi, en voyant ce qui résulte de l’ordre naturel des choses. Pas plus que le Diable n’est cause de la faim, il ne l’est du désir sexuel. C’est pourquopi je pense qu’il y a des péchés que nous commpettons sabs l’intervention des puissances mauvaises." (De principiis. III ;2,1. Toutefoisl’usage mauvais des instincts peut venir de la sollicitation du démon. Toute tentation présente donc à la fois un aspect psychologique et un aspect démoniaque. "Auprès de presque tous les hommes, il y a des esprits qui suscitent en eux les divers genre de péchés.Chaque vice procède d’un démon particulier. Origène a une puissante vision du combat spirituel dominant toute l’histoire. Il y a une place de la tentation (et donc du démon) à toutes les étapes de l’ascension de l’âme.
3) Du 4ème au 7ème siècle. Caractères assez stables qui se retrouvent dans la suite.
L’empire du démon. Témoignage patristiques nombreux qui présentent la vie entière chrétienne comme une lutte contre le démon. L’idée de base est que l’homme, par suite du péché originel, demeure en quelque manière, sous l’empire du démon. Dans le cas d’augustin, lien avec sa conception du péché originel transmis par la génération. Parfois, idée d’une sorte d’abandon du monde au démon par Dieu, à la suite du péché. (St. Bernard et par la suite. St. Thomas . 1a,q.63-64.) C’est par cette doctrine que doivent se comprendre les expressions du Rituale romanum, dont les exorcismes et les bénédictions ordinaires supposent régulièrement une présence active du démon dans la création détériorée par la chute. Cf. L’ancien rituel du baptême avec les exorcismes répétés et une renonciation à "Satan, à ses oeuvres et à ses pompes". Ces formules de renonciation remontent, dans leur esprit, à l’époque patristique. Cf. aussi les textes très suggestifs des prières pour les agonisants. Tout le rituel du Moyen-Age suppose que l’harmonie du monde est détruite par le péché. Y compris les êtres matériels comme l’eau. (Cf. Exorcisme de l’eau.) N.B. La mentalité chrétienne antérieure, au début du 3ème siècle, ne considérait pas l’univers matrériel comme détériorée en soi par le péché originel, mais seulement par l’action mauvaise de l’homme sur lui. D’où l’inutilité d’exorciser l’eau avant de s’en servir pour le baptême.
L’action du démon sur les hommes.
1) Affirmation constante de la Tradition : les anges déchus peuvent nuire aux hommes. Mais cette action semble s’exercer d’abord sur le corps. 2) Le tentateur, s’il afdresse au corps, cherche à toucher l’âme. En particulier, le démon s’efforce de détourner de la prière. Les tentations impures lui sont très fréquemment attribuées. St. GRégoire le Grand reste cependant conscient que la tentation tient à des causes que nous appellerions volontier aujourd’hui naturelles. Souvent la tentation vient de nous et non du démon. 3) Les artifices par lesquels les démons surprennent les hommes sont des plus subtiles. Ils présntent le mal sous les apparences du bien. Un discernement doit donc s’opérer. 4) Mais le chrétien n’a pas à craindre. Impuissance relative du démon, grâce au Christ., en particulier par la croix. Puissance du signe de la croix.
4) Du 8ème au 12ème siècle, jusqu’à St. Thomas d’Aquin. il n’y a guère de caractères nouveaux.
1- Démonologie populaire.
Il y a peu d’écrits théologiques. sur le sujet.
Par contre, prépondérance induscutable de la démonologie populaire. La peur du diable est un des traits de la mentalité médiévale.. Grand développement de tout ce que l’imagination était capable de raconter sur les ravages du Malin. Il est partout dans les représentations de l’époque. "Représentation des démons de façon terrifiante. Le diable grimace aux chapiteaux des églises, participe avec ses terribles cohortes aux jugement dernier des linteaux, surgit dans les fresques et les miniatures comme dans les représentations théatrales".(Daniel Rops.) La superstition entraine des conséquence pénibles. On tient pour vraie la sorcellerie, en en répandant la peur. Sur ce point la croyance aux démons s’unit aux plus anciennes traditions se magie, que l’Eglise n’a jamais pu déraciner. Cela va même plutôt augmenter Grande place pour la sorcière, la femme maléfique, l’empoisonneuse, la magicienne. "On assure qu’on peut utiliser les forces infernales contre un ennemi, en fabriquant une statuette de cire à son effigie et en le perçant d’un poignard : c’est l’envoutement. On raconte que des hommes peuvent se changer en bêtes, et courir la campagne pour commettre mille crimes : ce sont les loups garous. On prétend que des femmes possédées s’envolent, de nuit, pour aller participer au sabbat de Satan. Contre ces folies, l’Eglise s’élève avec force", mais en vain. (Daniel Rops. L’Eglise de la cathédrale et de la croisade. Paris 1952. p.53(55.)
2- La spiritualité. St. Bernard.
Les auteurs spirituels disent tout ce qu’on lit chez les Pères : l’action du démon ne dépasse guère ce que les écrit patristiques avaient déja enseigné. Originalité : St. Anselme admet une action directe du démon sur la volonté et pas seulement par l’intermédiaire de l’imagination.
St.Bernard. (+1153) est le représentant le plus éminent de la spiritualité du 12 ème siècle. Reflet précieux des conceptions de son siècle. Cependant sa démonologie ne semble pas avoir pris une place de premier plan. L’action mauvaise du démon commença au paradis. D’où résulte son empire sur l’humanité. Son empire toutefois est limité par la permission de Dieu. Il n’est donc pas à craindre. Bernard a un sens averti de la psychologie de la tentation. Tendance pessimiste. L’empire du démon a comme source normale le péché volontaire, dont la conséquence fréquente est une servitude habituelle. Les hommes sont sous la pujissance du prince des ténèbres de trois manières différentes :
A cause de la faute originelle.
Par le fait de la volonté des hommes.
par les liens de l’habitude du péché. C’est la situation de l’enfant prodigue.
4- THEOLOGIENS.
Parallélement aux conceptions populaires et spirituelles ci-dessus, les 12ème et 13ème siècles se distinguent par une élaboration théologique inégalée jusqu’alors, de la doctrine des anges déchus. Théologie qui n’a pas été dépassée.
Activité dans la nature.
Activité dans le culte des idoles.
Influence sur les hommes.
Leur action sur les hommes est subordonnée à une permission divine. Cf. Le livre de Job. Leur action ne dépasse pas ce que peuvent supporter les forces de résistance des hommes. Cf. 1 Cor.10,13. Nul n’est tenté au dessus de ses forces (en y comprenant l’aide de la grâce qui est toujours suffisante). Discernement nécessaire concernant la nature de la tentation. Faire appel à une intervention diabolique est une faute grave.
Le merveilleux diabolique. (Depuis le 14ème siècle.) Depuis le 14ème siècle, une caractéristique deviendra l’attention accordée aux manifestations du merveilleux diabolique : manifestations dans la magie, la sorcellerie, les pactes avec le démon. Les tribunaux de l’inquisiton exercèrent une répression sévère de ces impiétés.
5- L’EXPERIENCE DES SPIRITUELS
Thérèse d’Avila. (+1582).
Elle reproduit volontiers les descriptions grotesque du moyen-Age, mais pour elle, ce n’est qu’une imagerie à laquelle elle "n’a jamais attibué plus de réalité qu’il ne fallait. Thérèse s’étend davantage sur le triste "portrait moral" du démon, sans prétentions mataphysiques. le démon est simplement l’ennemi de Dieu , donc de l’âme. Dans les voies de l’oraison, le démon s’efforce de jeter l’âme dans la sècheresse, l’inquiétude et les facultés sensibles.
Saint Jean de la Croix. (+1591) Très discret sur les descriptions du démon. L’action du démon, pour le saint, tend à enlever à l’âme la foi et l’humilité. Le démon n’atteint l’âme que par les puissances inférieures : la sensibilité et la mémoire. Les remèdes sont donc très simples : la foi, l’humilité et l’obéissance.
6- MAGISTERE.
1) Les démons ne sont pas créateurs.
Concile de Braga. de 561. Conséquence du dogme de la création de l’univers entier par Dieu.
"Si quelqu’un croit que le diable a fait quelques créatures dans le monde et qu’il a produit le tonnerre, les éclairs, les tempêtes et les sècheresses par sa propre puissance, comme Priscillien l ’a dit, qu’il soit anathème." (FC.237.)
"Si quelqu’un dit que la formation du corps humain est l’oeuvre du diable et que la conception dans le sein maternel est le travail des démons, et si, pour ce motif, il ne croit pas à la résurrection de la chair, comme Mani et Priscillien l’onr dit, qu’il soit anathème". (FC.239.)
"Si quelqu’un dit que la création de toute chair n’est pas l’oeuvre de Dieu, mais des mauvais anges, comme Priscillien l’a dit, qu’il soit anathème". (FC.240.)
2) Les démons ont porté l’homme au péché.
4ème concile du Latran. 1215. C. 1. Dz.428. "Le diable et les autres démons ont été créés par Dieu naturellement bon, mais se sont par eux-mêmes rendus mauvais. L’homme, lui, a péché à l’instigation du démon". (FC.29.)
3) Ls démons exercent depuis le moment du péché, une certaine domination sur l’humanité.
Concile de Trente.Sess.V.C.1. Dz.788. En 1546. Après la faute d’Adam : "Si quelqu’un ne confesse pas par suite de la colère de Dieu, "avec la mort,, la servitude sous le pouvoir de celui "qui depuis possède l’empire de la mort" (Hebr.2,14), c’est-à-dire du diable"...Qu’il soit anathème. (FC.275.)
4)Un des actes principaux de la répression fut la bulle Summis desiderantes d’Innocent VIII, du 5 décembre 1484. Il ordonne aux ecclésiastiques et aux laïcs de laisser aux inquisiteurs toute liberté d’action. Ceci, à la différence de la sage direction d’Alexandre IV, prescrivant, en 1257 aux inquisiteurs de ne pas trop s’occuper de sorcellerie. Le bulle d’Innocent VIII fut suivie en 1487, par la publication du "Malleus maléficarum", oeuvre de deux dominicains, Henri Institoris et Jacques Sprenger, qui avaient été à l’origine de l’information du Pape. Cette oeuvre a été très influente et a compté 29 éditions, jusqu’en 1669. Cette oeuvre donneles règles à suivre dans les procès. qui seront la sources d’injustices. La répression déclenchée par innocent VIII engendra une véritable contagion de la sorcellerie, qui ne s’apaisa qu’à la fin du 17ème siècle, les mesures de répression engendrant en quelque sorte une psychose de la sorcellerie. C’est au 16ème siècle que le "satanisme" donnera le plus de traces dans l’art. Cf. les oeuvres de Jérôme Bosch, Dürer, Breughel l’Ancien. Place aussi de l’anti-féminisme : la fesse étantsupposée servir d’intermédiaire entre l’homme et Satan.
La répression, inaugurée par Innocent VIIIau long du 16ème et au début du 17ème siècle, s’est exercée aussi dans la Réforme.
Grosse influence aussi du "merveilleux diabolique" en pays de mission à partir du 16ème siècle. (Cela n’explique-t-il pas certaines tendances à la Réunion ?)
5- SYNTHESE THEOLOGIQUE.
1) Leur action sur les hommes est subordonnée à une permission divine. Cf. Job.) Elle ne dépasse pas ce que peuvent supporter les forces de résistances des hommes. Cf.1 Cor.10,13.
2) Cette action s’étend sur une gamme qui va des maux ordinaires (? ?) à la tentation.
Les maux ordinaires sont explicables par l’action normale des causes naturelles, mais certains effets nocifs servent les desseins du démon.
La TENTATION. Au moins dans le cas d’Adam. Par la suite, indirectement par la détérioration introduite dans la nature humaine, et même directement par la "suggestion" qui atteint l’âme. Mais cette "suggestion" n’atteint la volonté que médiatement, par le biais de l’imagination, la sensibilité, la mémoire, l’obsession. etc...
3) Cette action présente des analogies avec certains troubles nerveux. Il faut donc distinguer soigneusement :
Le "démon théologique", personnel, identifié, et le "démon psychologique", difficile à identifier.
Le cas de "possession proprement dite" et l’influence diabolique en général.
Le "démoniaque" visible, palpable, sensationnel, et le" démoniaque" invisible, mystérieux, caché., qui tient à la théologie du péché et de la Rédemption. Ambiguité de la présence du démon. D’où les conseils de prudence de l’Eglise de ne pas voir le démon partout.
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