EXORCISMES ET POSSESSIONS

EXORCISMES ET POSSESSIONS

Entretien avec le Père Paul Marie, président de l'IAD

Prêtre de la Congrégation St Jean, exorciste, le Père Paul-Marie préside l’IAD (International Association for Deliverance) qui regroupe des exorcistes, des thérapeutes, des membres du renouveau charismatique, en vue de réfléchir théologiquement à ce ministère. Entretien.

Depuis quand l'existence du diable fait-elle partie des dogmes de la Foi catholique ?Le diable ne fait pas partie des dogmes de la foi catholique mais de la tradition de l’Église. Il y a un fondement scripturaire car saint Pierre parle du péché des anges. L’Écriture parle du démon comme d’un être personnel, d’un ange déchu. La valeur de la tradition n’est pas à négliger. Le Pape Paul VI le rappelait lors d’une audience générale du 15 novembre 1972 : « Ils s’écartent de l’enseignement de la Bible et de l’Église ceux qui refusent de reconnaître son existence ou qui en font un principe autonome, n’ayant pas lui aussi, comme toute créature, son origine en Dieu ; ou encore qui l’expliquent comme une pseudo-réalité, une invention de l’esprit pour personnifier les causes inconnues de nos maux ».

Quelles sont les causes de la possession diabolique ? Quels sont les signes ? Le démon comme tout ange est présent par mode d’action, car étant esprit de nature angélique, il n’est pas dans un lieu. Il possède une personne humaine lorsque son action sur cette personne est si forte que celle-ci n’a plus le “dominium” sur elle-même.

Cette action démoniaque ne se manifeste pas 24 heures sur 24 mais quand cela plaît au démon. Le premier signe de la possession est donc une perte de maîtrise de la personne sur elle-même qui ne relève pas d’une pathologie psychiatrique ou psychologique. Le démon, investissant la personne possédée, peut se manifester à travers elle par des pouvoirs qui ne relèvent pas de ceux de la nature humaine. Les causes de possession sont multiples mais requièrent de façon générale un acte volontaire personnel de soumission au démon par alliance avec lui (pacte satanique) ou un acte volontaire personnel motivé par l’illusion trompeuse de s’asservir les puissances angéliques (magie).

Un exorcisme peut-il échouer ? Un exorcisme peut apparemment échouer. L’échec apparent peut être dû à un mauvais discernement, ou à une astuce du démon qui peut faire croire à la possession ou à l’infestation, car il est le père du mensonge (Jean 8, 45). Une personne peut présenter des symptômes de possession ou d’infestation sans avoir ni l’un ni l’autre et sans relever non plus de pathologies psychiatriques ou psychologiques. C’est le cas par exemple du médium ou de celui qui a des tendances médiumniques. La médiumnité est un habitus de la vie sensible qui ouvre la porte au démon. On peut-être médium sans le savoir. La médiumnité n’appartient pas seulement à ceux qui touchent à l’occultisme mais aussi à tous ceux qui ont développé sans s’en rendre compte une hyper-sensibilité sans que la vie de l’esprit (intelligence et volonté) ne puisse assumer ce développement. Si l’on est chrétien avec une vraie vie sacramentelle, la porte ouverte de la médiumnité n’aura pas de conséquence fâcheuse car le Christ habite en celui qui pratique avec conviction les sacrements. Il existe d’autres portes ouvertes comme le poids de l’ascendance ou les blessures d’enfance (à ce sujet, on pourra consulter sur internet le site Gloria.tv en tapant PPM pour chercher les vidéos d’enseignements que j’ai mises).

Où en est la collaboration entre exorcistes et médecins requise depuis Benoît XIV au XVIIIe siècle ? L’épiscopat français organise une formation permanente des exorcistes avec le concours de thérapeutes (médecins, psychiatres, psychothérapeutes) qui consiste entres autres à éveiller le discernement sur ces questions délicates des symptômes que présentent ceux qui viennent consulter les exorcistes. D’autre part, il est recommandé aux exorcistes de travailler en lien avec ces thérapeutes.

La procédure établie à l'époque de ce pape a-t-elle changé ? Le rituel de l’exorcisme a été réformé comme la plupart des rituels après le Concile Vatican II. La liturgie demeure la même à peu de choses près, mais elle intègre des éléments plus bibliques comme de ne pas interroger le démon (on se souvient que c’est ainsi que l’humanité a fait son premier faux pas : Gen 3). Beaucoup s’interrogent sur ce nouveau rituel sans beaucoup de réflexion théologique pertinente car la force de l’exorcisme ne vient pas de la formule mais de l’autorité avec laquelle le démon est chassé. Cette autorité est celle de l’évêque, successeur des Apôtres. Tenir que la langue ou la formule de l’exorcisme fait la force de l’exorcisme, c’est s’approcher de la magie ou de la superstition.

Un exorciste peut-il lui aussi devenir possédé à ce contact ? En aucun cas l’exorciste n’a à demander la délivrance d’une personne au prix de la possession de sa propre personne puisqu’un exorcisme est toujours efficace. Ceci est une caricature démoniaque de la Croix où le Christ prend en charge le péché du monde et de chacun d’entre nous en en subissant les conséquences. Propos recueillis parSalsa Bertin

souce : site du journal web "valeurs actuelles"



04/04/2012
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