Alors que, dans
les années 60, une petite dizaine de prêtres, en France, exerçait le
ministère d'exorciste, ils sont aujourd'hui plus de 100, pour répondre à
une demande croissante (environ 25.000 cas par an). Si une petite
poignée pratique le "grand exorcisme", selon le rituel en latin mis en
place par l'Eglise en 1614, la grande majorité, à l'instar du P.
Caffart, conçoit son ministère comme une mission d'accueil, en insistant
sur l'aspect psychologique.
La
plupart des exorcistes, qui travaillent souvent en équipe, ont vu
arriver avec joie le nouveau rituel de l'Eglise, dévoilé en janvier
1999. Il n'est pas encore entré en vigueur, mais tous savent qu'il
dépoussière près de cinq siècles de pratiques.
Précisons
que l'Eglise ne s'est jamais montrée très prolixe sur le diable.
L'existence de Satan n'est pas un dogme. La liturgie ne le mentionne que
pour le chasser. Dans le nouveau rituel, les formules d'exorcisme ne
s'adressent plus à Satan, mais à Dieu. L'accent est mis sur le
discernement, obligatoire et préalable au "grand exorcisme", qui ne sera
pratiqué qu'exceptionnellement. Par ailleurs, jusqu'alors, trois signes
permettaient de distinguer l'intervention diabolique : "Le fait de
parler des langues inconnues, de dévoiler des choses cachées ou
éloignées et de faire preuve d'une force incompatible avec l'âge et
l'état de santé".
Le nouveau
rituel rend les cas de possession encore plus rares en ajoutant un
quatrième signe : l'expression d'une "viscérale aversion envers Dieu, le
nom très saint de Jésus, la bienheureuse Vierge Marie et les saints,
l'Eglise, la Parole de Dieu, les rites, en particulier les sacrements,
et les images sacrées".
Les cas de possession véritable très rares
Rares,
d'ailleurs, sont les prêtres qui affirment avoir rencontré des cas de
possession. Le P. Caffart, pas plus que son collègue de Rennes, le P.
Isidore Froc, n'en ont connu. Le P. Froc, 81 ans dont vingt ans
d'exorcisme, auteur d'un livre sur le sujet*, avoue même ne pas croire
en la possession : "Comment Satan peut-il posséder une personne ? Et
puis, si possession il y avait, l'homme ne serait plus responsable de
ses actes. Je dis souvent aux gens : "Vous n'êtes peut-être pas
totalement responsables, mais vous gardez une part de responsabilité"".
Sur
les 3.000 personnes qui sont venues les voir depuis ses débuts, seules
une vingtaine ont prononcé le nom de Satan et lui attribuent ce qui leur
arrive. Cet ancien aumônier en hôpital psychiatrique a mis au point,
avec différents théologiens, un rituel pour venir en aide aux prêtres
exorcistes. Après avoir accueilli la personne, l'avoir laissée parler et
avoir instauré une ambiance sereine, il entame son rituel, souple, mais
proche de la première partie de la messe : mise en présence de Dieu,
demande de pardon, lectures bibliques et prières. "L'idée est de
proposer Jésus-Christ vivant aux personnes qui viennent nous voir",
explique le P. Maurice Bellot, exorciste du centre Saint-Irénée, à
Paris. Le P. Froc reconnaît utiliser les apports de la psychiatrie dans
la relation qu'il établit avec ceux qu'il reçoit. Quant au P. Caffart,
comme nombre d'autres exorcistes, il a suivi pendant deux ans une
formation de psychologie et de psychiatrie.
Certaines
personnes viennent d'ailleurs le voir en accord avec leur psy. Selon
lui, la moitié de ceux qui frappent à sa porte relèvent de la
psychiatrie, l'autre venant chercher une solution à une accumulation de
problèmes. Un psychiatre est d'ailleurs souvent présent lors des
réunions où les équipes constituées autour des prêtres exorcistes -
c'est le cas dans 20 diocèses - débattent des cas qui leur sont soumis.
En fin de compte, ce que proposent les prêtres exorcistes s'apparente,
comme le dit le P. Dominique Cerbelaud, à un rituel de réconciliation,
durant lequel ils se réconcilient avec eux-mêmes, avec autrui, et
également avec Dieu.
*Les exorcistes, du P. Isidore Froc, Ed. Plon/Mame, 226 p., 13,57.
source: "croire.com"