«Excellente journée pour un exorcisme». Depuis le célèbre et polémique film des années 70, la pratique de l'exorcisme est entourée de mythes et de craintes. Pourtant, bien souvent, les cas relèvent plus du trouble mental que de la possession démoniaque. Et «heureusement», d'après le service de l'Exorcisme du Diocèse de Paris.
La formation, outil indispensable dans la lutte contre le Malin. Face au phénomène, un cours de formation visant à apprendre aux prêtres à expulser les démons se tiendra à Rome entre le 16 et 21 avril sous l'égide de l'Athénée pontifical Regina Apostolorum, toujours d'après le site.
En France comme en Europe, la demande aurait aussi explosé. «Bien que nous ne tenions pas de statistiques, il y a dans les diocèses une tendance réelle à une augmentation des prises de contact de personnes en souffrance, qui s'adressent à un prêtre exorciste», confirme le P. Emmanuel Coquet, secrétaire général adjoint de la conférence épiscopale, interrogé par La Croix. En Île-de-France, le nombre d'exorcismes pratiqués serait passé de 15 par an à 50, d'après Le Figaro.
Le service de l'Exorcisme du Diocèse de Paris fait état d'appels «à un rythme soutenu», et de délai d'attente pouvant aller jusqu'à deux semaines et demie, après un travail approfondi de discernement. Car toutes les demandes n'aboutissent pas forcément sur un exorcisme: «Les gens ont besoin de prières, de bénédiction, de libération, de guérison, et pas forcément d'exorcisme, heureusement».
«C'est le mal-être des gens. Il n'y a plus de lieu d'écoute nulle part. Il y a moins de prêtres, donc moins de temps pour les écouter. Les médecins sont obligés, de par les réformes de la santé, de faire des consultations très rapprochées, et n'ont pas le temps d'écouter les gens», poursuit le diocèse.
Parfois galvanisés par «les émissions de télévisons sur le paranormal», qui font «un mal fou», certaines personnes pensent trouver une explication démoniaque à leur mal-être:
«On est responsable de ce qui nous arrive. Mais c'est tellement plus simple de trouver une cause extérieure: le diable. Ça nous dédouane.»
Et le malheur des uns fait le bonheur des autres…
D'après le site The Economist, la demande en exorcisme en France a augmenté, non pas auprès de prêtes nommés par l'Église catholique, mais auprès d'exorcistes autoproclamés. Sur internet, les sites qui proposent un désenvoûtement ou un exorcisme pullulent, moyennant une coquette somme d'argent. Le magazine britannique évoque même le salaire d'un «prêtre» autoproclamé, qui avoisine les 12.000 euros par mois «pour des journées de 15 heures, incluant les consultations par téléphone».
Le diocèse s'inquiète de ces pratiques «troubles»: « Nous avons des gens qui viennent et sont endettés, car ils ont contracté un prêt pour payer l'exorciste! Alors que dans l'Église catholique, c'est un service gratuit.»
«Les gens sont tellement en demande, tellement malheureux, et il y a tellement de voyants, de guérisseurs, que les gens vont les voir et dépensent des sommes folles.»
Le diocèse n'entend pas le même son de cloche:
«L'Église a pris ses responsabilités depuis longtemps! Elle ne les a jamais lâchées. L'Église a toujours tenu son rôle, même si ce n'est pas reconnu.»
Le diocèse souligne que le Vatican a reconnu officiellement, en 2014, l'Association internationale des exorcistes, qui regroupe 250 prêtres, répartis dans 30 pays, soutenant ainsi une pratique qui ne fait pas l'unanimité au sein même de sa communauté.