EXORCISMES ET POSSESSIONS

EXORCISMES ET POSSESSIONS

FACE A LA FASCINATION QU'EPROUVENT CERTAINS POUR LE DIABLE, une institution reconnue par le Vatican donne des cours sur le satanisme et l'exorcisme

FACE A LA FASCINATION QU'EPROUVENT CERTAINS POUR LE DIABLE, une institution reconnue par le Vatican donne des cours sur le satanisme et l'exorcisme

Par Angela Doland (AP)

ROME (AP) - Dans une salle de classe, au cœur des collines romaines couvertes de pins, 100 prêtres sont plongés, solennels, dans la prière. Ils font leur signe de croix, puis retournent à la vraie raison de leur présence en ce lieu : un cours sur le satanisme, la possession démoniaque et l'exorcisme.
Préoccupée par les meurtres rituels en Italie et par les angoisses des adolescents, une université reconnue par le Vatican a ouvert ce jeudi un cours pour aider les prêtres et les séminaristes à comprendre ce qui pousse les gens à se tourner vers l'occulte. C'est le premier cours de ce genre ; son contenu est d'une ampleur inégalée et les intervenants sont des exorcistes, des psychologues et un criminologue de la police.
L'Académie Pontificale « Regina Apostolorum » souhaite clarifier ce que sont les exorcismes - des rites que ne pratiquent pas la plupart des prêtres.
Giuseppe Ferrari, secrétaire général du Groupe de Recherche et d'Information Religieuses, l'un des soutiens financiers du cours, raconte : « Un exorciste m'a dit une fois qu'il avait demandé conseil à son évêque, et que celui-ci lui avait répondu « de se faire une idée par lui-même » . »
Le conférencier présent ce jeudi, le père Gabriele Nanni, met en garde contre les pièges qui peuvent survenir en tentant de chasser le démon du corps de quelqu'un.
« Les prêtres ne doivent jamais tirer orgueil de leur capacité, et se souvenir qu'ils sont avant tout les intermédiaires du Christ. Ils ne doivent pas accomplir d'exorcisme sur des gens qui ne seraient atteints que de problèmes psychologiques. Et ils ne doivent pas se laisser entraîner ni inventer des gestes mystiques.
« Tout doit être effectué avec une extrême sobriété », avertit Nanni, lui-même exorciste. Parmi les rares outils autorisés figurent le crucifix et la prière.
Lors des discussions à la fin du cours, un prêtre admet que pendant les dizaines d'années où il a accompli des exorcismes, il n'a pas toujours été certain d'agir comme il le fallait. Il se demande si, par exemple, les séances peuvent rendre les gens traités vulnérables à des problèmes psychologiques.
« Tout contact avec l'occulte et l'ésotérique est extrêmement dangereux », explique Nanni à l'assemblée de prêtres en veste noire et col blanc.
Le cours débute au moment même où un tribunal italien se prépare à juger huit personnes soupçonnées d'appartenir à une secte satanique pour leur participation présumée à trois meurtres rituels. Des membres de la secte font partie d'un groupe de heavy metal appelé « Beasts of Satan ».
L'une des victimes était une jeune femme de 19 ans tuée à coups de couteau en 1998. Elle aurait été choisie pour cible par ses meurtriers parce qu'ils pensaient qu'elle était une incarnation de la Vierge Marie, c'est du moins ce que suppose le Ministère public. Une autre victime a été assassinée l'année dernière, enterrée vivante.
Au-delà de la violence, les officiels italiens sont préoccupés par les jeunes adultes et adolescents qui développent leurs propres formes de satanisme, en dehors des sectes étroitement surveillées par la police. Ils se renseignent souvent sur le démon par Internet...
« C'est un phénomène plus spontané et plus diffus, un problème de solitude et d'isolement, une sensation de vide intérieur comblée par les valeurs faciles et extrêmement négatives, explique Carlo Climati, un auteur intervenant dans le cours pour parler de l'attirance qu'éprouvent les jeunes pour le démon.
Les cours de l'Académie, dirigée par les Légionnaires du Christ, un ordre conservateur, ont attiré des Italiens aussi bien que des étrangers. Le père Christopher Barak, venu de Lincoln, dans le Nebraska, aux Etats-Unis, à la demande de son évêque, a le sentiment que le démon préoccupe de plus en plus les catholiques.
« Dans les années 60 et 70, les gens s'éloignaient de tout ça, dit-il, même les théologiens considéraient le diable comme un simple mythe. »
Le cours s'achèvera en avril par la très attendue conférence « Témoignage d'un exorciste ». Deux des 400 exorcistes d'Italie viendront raconter leur histoire.
Les signes attestant d'une probable possession - dont certains ont été décrits dans le film de 1973 L'Exorciste - comprennent le fait de parler dans des langues inconnues et de faire preuve d'une force physique bien au-delà des capacités naturelles du sujet. En 1999, lorsque le Vatican a publié sa réactualisation des pratiques à accomplir pour chasser le démon - la première depuis 1614 -, ce guide enjoignait aux prêtres de prendre en compte la psychiatrie moderne pour décider qui exorciser...
Le rite d'exorcisme réactualisé, décrit dans un petit livre relié de cuir rouge, reflète les efforts du pape Jean-Paul II pour convaincre les sceptiques que le démon est très présent dans le monde. Parallèlement, il donne une série d'homélies qui dénoncent le démon comme « un menteur et un assassin cosmique ».
Un ancien assistant du pape, feu le cardinal Jacques Martin, a écrit dans ses mémoires que Jean-Paul II a accompli le rite d'exorcisme en 1982, sur une Italienne qui hurlait et se contorsionnait.

Intertitre : « Les prêtres ne doivent pas accomplir d'exorcisme sur des gens qui ne souffriraient que de problèmes psychologiques. »

Associated Press, New York, 17 février 2005 
Copyright Associated Press
Liza Keidan, correspondante d'Associated Press à Rome, a contribué à cet article



28/03/2012
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