EXORCISMES ET POSSESSIONS

EXORCISMES ET POSSESSIONS

L'Eglise catholique américaine cherche à former des exorcistes

Le P. Jeffrey Grob ne cache pas sa surprise. L'exorciste du diocèse de Chicago n'aurait jamais imaginé que le séminaire qu'il vient d'animer susciterait pareil intérêt : pas moins de 56 évêques américains et 66 prêtres ont suivi les deux jours de formation dispensés mi-novembre sur la pratique pastorale et liturgique de l'exorcisme.

« C'est le signe d'un profond changement dans les mentalités, affirme le P. Grob. Depuis une quarantaine d'années, beaucoup de prêtres ne voulaient plus entendre parler de Satan, du mal personnifié, et même, pour certains, du péché. Nous avons eu plusieurs générations d'évêques pour qui tout cela relevait de la seule psychiatrie. Aujourd'hui, le clergé se rend compte qu'il a besoin d'être formé sur ces questions. »

De fait, à ce jour, aucune formation n'est donnée dans les séminaires, et seuls cinq ou six prêtres portent le titre officiel d'exorciste aux États-Unis, là où la France en compte un par diocèse.

RARES SONT LES CAS AVÉRÉS DE POSSESSION DÉMONIAQUE

Curé à Saratoga (Californie), le P. Gary Thomas, 55 ans, est l'un d'eux. Lorsque son évêque (à San José) lui a demandé d'endosser ce nouveau ministère en 2005, il a dû aller se former à Rome, à l'université Regina Apostolorum des Légionnaires du Christ.

« Les évêques commencent à comprendre l'ampleur du problème pastoral », assure aujourd'hui l'exorciste californien qui a écrit l'an dernier aux évêques et recteurs de séminaires américains pour les presser de former d'autres prêtres : « Avec la perte du sens de Dieu, avec le paganisme, le New Age et l'idolâtrie en tout genre, les gens sont de plus en plus perdus et comblent le vide comme ils peuvent. Lorsque la foi diminue, la superstition augmente. »

Superstition ou réelles influences sataniques ? De l'avis des prêtres interrogés, rares sont les cas avérés de possession démoniaque, mais les diocèses américains reçoivent de plus en plus de personnes qui se plaignent de problèmes physiques ou spirituels apparemment inexpliqués.

«L'EXORCISTE DOIT ÊTRE FORMÉ POUR ÊTRE UN SCEPTIQUE»

« La majorité des cas relève de la psychologie, reconnaît le P. Grob. Mais l'Église a le devoir d'accueillir ces personnes en souffrance et de les orienter au mieux. Pour cela, il faut avoir des clés pour discerner. » Et aussi, précise-t-il, un juste équilibre entre des attitudes extrêmes : voir le diable partout ou, à l'inverse, nier totalement son existence.

Une chose est sûre aux yeux du P. Jeffrey Grob : « Le mal n'est pas abstrait, il fait partie de l'existence de tout chrétien. Le Christ lui-même a libéré les personnes qu'il rencontrait de liens démoniaques et d'esprits mauvais. »

Au cours du séminaire de formation de Chicago, ce prêtre, qui a consacré sa thèse de droit canonique au rite de l'exorcisme (révisé en 1999), a donc proposé aux participants une sorte de « protocole » pour les aider à évaluer les situations. « Nous partons toujours du principe qu'il existe une explication rationnelle. L'exorciste, en quelque sorte, doit être formé pour être un sceptique. »

«SANS INFESTER L'INTÉRIEUR DE LA PERSONNE, LE DÉMON PEUT L'AFFECTER DE L'EXTÉRIEUR»

Si ce travail doit passer par une collaboration étroite avec des psychologues, il convient néanmoins de ne pas remplacer le spirituel par la psychologie, préconise le formateur. « Ce n'est pas l'un ou l'autre : il faut tenir les deux, car tout homme est psychique et spirituel. »

D'après son expérience, les deux réalités se conjuguent même souvent dans la genèse des problèmes de ses « patients » : « La personne souffre de blessures psychologiques liées à son histoire personnelle, et le mal s'est servi de cette faille pour s'engouffrer et la fragiliser. »

Autre point d'attention sur lequel le P. Grob insiste : entre la simple tentation, lot commun de tout homme, et les cas de possession démoniaque, il existe, selon lui, des degrés différents d'« influences du démon » : « Sans infester l'intérieur de la personne, le démon peut l'affecter de l'extérieur, dans sa vie quotidienne, par exemple en cherchant à la détourner de la prière, en agissant sur ses sens…

article tiré du site du journal La Croix

 

 

Céline HOYEAU



12/03/2012
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