(Mexico) Le premier congrès national d'exorcistes qui vient de se tenir au Mexique s'est clos sur un constat: même si le pays est toujours à la pointe dans ce domaine, trop peu de religieux mexicains embrassent aujourd'hui la vocation d'expulseur de démons. Ce sont plutôt les laïcs qui se passionnent pour la chasse au diable.

«Jésus a donné aux hommes la mission de chasser les démons», affirme le père Pedro Mendoza Pantoja, coordonnateur des exorcistes de l'archidiocèse de Mexico.

Il y a 10 jours, ce prêtre habitué à terrasser le diable a organisé le premier congrès national des exorcistes mexicains, qui comptait sur la présence du père Gabriele Nanni, le plus célèbre chasseur de démons du Vatican. Le congrès s'est ensuite prolongé, la semaine dernière, par un cours d'exorcisme ouvert tant aux religieux qu'aux laïcs.

Malgré le succès de ces réunions, le père Pantoja est déçu: «Peu de prêtres prennent cette mission au sérieux. Beaucoup de religieux mexicains ne croient même pas en l'existence du diable. Or, Satan est parmi nous, on sent son influence dans la vie de tous les jours!» dénonce ce pourfendeur de démons. Il affirme recevoir régulièrement des personnes autour desquelles le diable rôde, sans qu'il s'agisse forcément de cas de possession démoniaque authentiques.

Rien que pour la ville de Mexico, il y a huit exorcistes consacrés. Mais dans le reste du pays, c'est la pénurie. Plusieurs diocèses sont dénués d'exorciste attitré.

Les laïcs prennent la relève

Si l'exorcisme est une pratique délaissée par les religieux, la lutte contre le Malin suscite un intérêt croissant auprès des laïcs mexicains, dans une société fortement marquée par les superstitions.

Jeudi après-midi, 120 participants au cours d'exorcisme ont quitté le Séminaire de Mexico leur diplôme sous le bras. «Le diable s'est insinué dans notre société avec la désintégration familiale, poussant les jeunes à la drogue, à l'alcoolisme et à la violence», estime Elizabeth de Roman, une «auxiliaire de libération» dont le rôle est d'assister les exorcistes.

«Le rituel se réalise principalement par la prière» explique Omar Roman, séminariste et apprenti exorciste. «Durant le cours, on nous a expliqué comment détecter les signes de la présence du démon dans une personne, comme l'aversion du sacré, la force hors du commun, ou encore l'emploi de langues étrangères, comme le latin, lorsque le démon s'exprime à travers sa victime qui, elle, méconnaît ces langues».

D'après le père Pantoja, le manuel du parfait exorciste exige de pouvoir distinguer les cas véritables de possession démoniaque des personnes qui souffrent d'un trouble mental ou qui désirent simplement attirer l'attention.

«Pour cela, il y a une technique très simple, explique-t-il. Vous jetez de l'eau bénite sur la personne. Si elle se contorsionne, c'est un signe qu'elle peut être possédée par le diable. Mais si vous lui jetez de l'eau du robinet et qu'elle reproduit les mêmes spasmes, alors il s'agit d'un faux cas de possession.»

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