Dieu détient-il la clef de tous les mystères du paranormal ? En tous cas, une chose est sûre : le diable en aurait fait des copies...
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En ce temps de Pâques, Maison-Hantee.com ouvre un dossier exceptionnel sur l'Eglise face au paranormal : pouvoirs surnaturels de l’homme, spiritisme, astrologie, Nouvel Age, démons et fantômes,… Comment l’église catholique juge-t-elle ces phénomènes à l’aube du 21ème siècle ? Déjà intimidée par le succès mondial du Da Vinci Code, qui a réussi à captiver des millions de lecteurs en prenant des libertés avec l’histoire du christianisme, l’Eglise se doit, plus que jamais, d’adopter une position claire et engagée vis-à-vis de l’étrange et du mystère. L’intrusion fréquente du fantastique dans notre vie quotidienne pousse aujourd’hui les prêtres à répondre à de nombreuses questions sur les possessions, les hantises et la communication avec les morts. Jésus a-t-il été le premier exorciste ? Puisque l’âme survit à la mort du corps, les esprits peuvent-il revenir nous hanter ? Peut-on ouvrir les portes de l’au-delà ? Quels sont les dangers du paranormal pour la foi chrétienne ? Pour notre vie humaine, tout simplement ?
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Pour débattre de ces sujets sensibles, Maison-Hantee.com a poussé la porte d’une paroisse parisienne à la rencontre du Père Olivier Rolland, vicaire de l’Eglise Saint-Léon, dans le 15ème arrondissement. Une rencontre bouleversante !
Propos recueillis par Olivier Valentin
L’Eglise, lieu de prière et de croyance, ne peut pas nier la réalité de phénomènes dits paranormaux, autrement dit dont la science officielle, dans l’état actuel de son progrès, ne peut expliquer la cause : télépathie, spiritisme, sorcellerie, voyance, lévitation, fantômes,… La Bible regorge de récits extraordinaires qui nous émerveillent jusqu’à ébranler nos convictions rationalistes (guérisons, exorcismes, songes, résurrections, apparitions…). Une mission pastorale de l’Eglise catholique consiste donc à parler du paranormal et à étudier son influence sur les hommes, avides de pouvoirs "magiques" et de domination sur les autres. Comment l’Eglise fait-elle face à l’engouement du public, et en particulier des jeunes, pour les mystères de la nature ?
Maison-Hantee.com : En tant que prêtre, quelle est votre définition personnelle d’un phénomène paranormal ?
Père Rolland : Ce domaine est une véritable nébuleuse ! On pourrait définir le paranormal comme quelque chose qui échappe aux règles habituelles de la perception ou de la science. Ce qui est au-delà de la norme, du raisonnement scientifique. Cela comprend des phénomènes très variés, de l’occultisme à la parapsychologie, même si ce sont des territoires très distincts. En outre, la plupart des gens font entrer dans l’univers du paranormal des sujets traités par l’Eglise comme l’exorcisme, le diable ou les esprits.
Maison-Hantee.com : Ces phénomènes vous font-ils peur ?
Père Rolland : Pas du tout ! Ce qui est important, c’est d’avoir un discernement sur ces sujets qui ne peuvent pas être traités de la même manière. Certains scientifiques s’intéressent à la parapsychologie et essaient de répondre à des questions. Mais lorsqu’il s’agit de pratiques avec invocation d’entités supérieures, l’Eglise recommande une grande prudence.
Maison-Hantee.com : Pourquoi ?
Père Rolland : Précisément parce qu’on ne sait pas ce qu’on invoque ! On touche à un domaine qui est inconnu, même dans la Révélation et dans la Bible. Autrement dit, nous sommes invités à prendre garde de ne pas invoquer des puissances malfaisantes, c’est-à-dire des êtres spirituels, ou des démons que nous ne pourrions pas contrôler, ni en définir l’identité. Nous ne savons pas ce que nous faisons lorsque nous invoquons des entités supérieures.
Maison-Hantee.com : Quand vous parlez d’invocation, pensez-vous à des pratiques en particulier ?
Père Rolland : L’évocation des esprits, le spiritisme, le dialogue avec les morts, les mantras,…
Maison-Hantee.com : Ce ne sont pas des jouets de notre imagination ? Ils ont une réalité propre ?
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Père Rolland : Ce sont des êtres spirituels mais qui ne sont pas clairement identifiés.
Maison-Hantee.com : Avoir une approche très prudente face à ces phénomènes peut parfois conduire jusqu’à la négation. Autrement dit, il est plus facile pour l’homme de nier ce qui nous échappe plutôt que d’avouer son incapacité à l’étudier. Existe-t-il une mission, scientifique ou religieuse, à faire la lumière sur les phénomènes paranormaux ?
Père Rolland : Pour l’Eglise, la mission est évidente car toutes sortes de personnes ont recours à des techniques ou des pratiques particulières qui ne sont pas sans danger. La prudence à laquelle nous invitons oblige l’Eglise à donner des éléments de discernement pour éviter que les gens ne tombent dans des situations dangereuses ou pour les aider à en sortir. Nous sommes donc obligés de nous y intéresser pour aider les gens.
Maison-Hantee.com : N’importe quel membre du clergé est-il habilité à répondre à ces questions ou bien existe-t-il des personnes ou des organismes plus spécialisés dans le décryptage des phénomènes paranormaux ?
Père Rolland : Il existe dans l’Eglise des prêtres qui ne sont pas du tout au courant de ces phénomènes ! Ils disent simplement « n’y touchez pas ! ». Ce n’est pas suffisamment précis pour aider les gens, c’est simplement une recommandation de prudence. Il faut ensuite s’adresser à ceux qui s’y intéressent de plus près.
Maison-Hantee.com : Personnellement, avez-vous déjà été sollicité pour résoudre le problème d’un paroissien ?
Père Rolland : Il m’arrive assez souvent maintenant d’être consulté par des gens qui pensent être attaqués par des démons et qui sollicitent la prière de l’Eglise pour être délivrés.
Maison-Hantee.com : Vous n’avez jamais été appelé pour exorciser une maison hantée ?
Père Rolland : Je suis allé bénir ou exorciser des maisons mais pas des maisons hantées. Je vérifiais la réalité de phénomènes anormaux et leurs incidences sur les gens. On bénissait ainsi la maison pour la protéger de l’influence du démon. Il m’est aussi arrivé de participer à des prières de délivrance sur les personnes et à des prières d’exorcisme avec des exorcistes officiels.
Maison-Hantee.com : Nous reviendrons sur ces questions d’exorcisme. Au chapitre 6 de l’Evangile de Jean, les disciples demandent à Jésus : « Que faut-il faire pour travailler aux œuvres de Dieu ? » Jésus leur répondit : « L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyez en celui qu’il a envoyé. » Ils lui dirent alors : « Quel signe vas-tu accomplir pour que nous puissions le voir, et te croire ? Quelle œuvre vas-tu faire ? » (28-31) A l’instar des apôtres devant Jésus, l’homme n’a-t-il pas toujours eu besoin de signes pour croire à l’incroyable ? Les phénomènes paranormaux peuvent-ils faire partie de signes divins que l’homme doit apprendre à discerner ?
Père Rolland : Ce sont beaucoup de questions en une seule (rires) ! Le propre du signe est de mettre du sens dans des choses qui n’en ont pas à priori. Dans la mesure où il cherche du sens, l’homme va percevoir les choses plus ou moins comme des signes. Dans les Evangiles, vous citiez Saint Jean, Jésus fait des œuvres de puissance qui sont des signes. Des signes de ce qu’il est, de sa puissance, de ce qu’il vient faire, etc. Quand il guérit un aveugle, il veut faire comprendre aux gens qu’il est la lumière du monde. Quand on s’approche de lui, on peut être illuminé sur des réalités qu’on ne perçoit pas autrement. S’il guérit un sourd, c’est pour faire comprendre qu’il est celui qui fait résonner la vérité et donc que nos oreilles ont besoin d’être ouvertes. Les signes que Jésus pose sont là pour manifester qui il est et ce qu’il vient faire.
Maison-Hantee.com : Ces signes ont-ils besoin d’être extraordinaires pour faire mouche ?
Père Rolland : Extraordinaires mais pas contraires à la raison. Jésus ne fera jamais quelque chose qui est absurde, sans sens. Un exemple : Jésus ne peut pas faire un miracle pour qu’un paralytique marche sur la tête. Ce qui est contraire à la raison et à l’univers tel qu’il a été créé et voulu par Dieu. Le Christ ne va pas intervenir dans les lois de l’univers de manière absurde.
Maison-Hantee.com : Est-ce que les phénomènes paranormaux peuvent-être attribués à des pouvoirs semblables à ceux que le Christ a manifestés dans les Evangiles pour délivrer des messages ?
Père Rolland : Oui, certains. Mais le Christ manifeste toujours ses pouvoirs en dépendance de Dieu. Il ne fait pas les choses de lui-même, ni pour avoir un pouvoir sur les autres. Dans ce qu’il accomplit, il veut manifester la puissance de Dieu sur l’univers.
Maison-Hantee.com : Ceux qui, depuis le Christ, ont manifesté ces pouvoirs, à l’exemple de grands saints, ont-ils été "autorisés" à la faire ?
Père Rolland : Oui. Mais en dépendance de Dieu !
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Maison-Hantee.com : L’histoire de la création des anges offre un éclairage intéressant sur la cause de certains phénomènes paranormaux. Lorsqu’ils ont été créés, avec la liberté d’aimer ou de rejeter Dieu, certains ont fait le choix de se séparer de leur créateur. C’est le cas de Lucifer, l’ange rebelle qui a refusé l’ordre de Dieu de se mettre au service de l’homme. Quand l’archange Michel s’est rendu compte que Lucifer ne luttait pas pour Dieu mais pour lui-même, une crise a eu lieu au sein du monde angélique et une hiérarchie démoniaque est née. Dès lors, les démons n’ont eu de cesse de vouloir détruire l’homme en le faisant tomber par la tentation pour prouver à Dieu la faiblesse de sa créature et la stupidité de son plan d’amour.
La plupart des phénomènes paranormaux ne viennent-ils donc pas de l’action exercée sur l’homme par les anges, bons ou mauvais ?
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Père Rolland : Cela dépend ce que l’on appelle paranormal ! Dans la parapsychologie, une capacité psychique, plus présente chez certains individus, de sentir des choses ou d’avoir une action à distance sur les choses, sans l’intervention d’entités spirituelles, ne fait nullement intervenir les anges. Au contraire, pour tout ce qui fait intervenir des entités spirituelles supérieures, il y a toujours, dit l’Eglise, présence d’anges qui peuvent être bons ou mauvais. Or, le propre des anges bons est d’intervenir uniquement dans un cadre fixé par Dieu pour mener les hommes au bien, à la vérité ou l’amour authentique des autres. Certainement pas pour conférer aux hommes un pouvoir de domination sur les autres ou une capacité à prédire l’avenir. En l’absence d’anges bons, ce sont forcément les anges mauvais qui ne manifestent. Et ils se cachent ! Ce que vous n’avez pas dit dans votre synthèse sur les anges, c’est que le propre des mauvais esprits est de mentir et de se révéler en êtres bienfaisants alors qu’ils sont malfaisants ! Du coup, lorsque l’on invoque des entités spirituelles, on ne sait jamais sur qui on tombe…
Maison-Hantee.com : Avez-vous un exemple de phénomène paranormal qui pourrait être attribué à la manifestation d’un ange bon ?
Père Rolland : Certains phénomènes de télépathie peuvent avoir pour origine un ange bon. Je n’ai aucune raison de penser à ma grand-mère à tel moment et, tout d’un coup, alors que je fais autre chose, je pense à elle. Cela peut être l’intervention d’un ange gardien qui me dit de prier pour elle, tout simplement…
Maison-Hantee.com : Cela peut être aussi le fruit du hasard : j’ai touché ou fait quelque chose qui m’a rappelé ma grand-mère, tout simplement…
Père Rolland : Bien sûr. Je ne dis pas que c’est toujours l’intervention d’un ange gardien. Je dis qu’une réminiscence peut avoir comme origine un ange bon. C’est un être spirituel qui s’adresse à un esprit. C’est son mode d’action privilégié. Mais il n’en n’est pas toujours ainsi. C’est bien là la difficulté du discernement.
Maison-Hantee.com : On parlait de Jésus guérisseur. Certains magnétiseurs prétendent avoir un pouvoir de guérison sur les gens. Cette capacité pourrait-elle leur être accordée par la manifestation d’un ange gardien ?
Père Rolland : C’est plus douteux. Les anges sont à notre service pour nous rapprocher de Dieu.
On ne peut donc pas les utiliser à notre profit, ni même pour le bien des autres. Sauf si Dieu donne, dans certaines circonstances comme la prière, pour le bien d’une communauté et de manière temporaire, ce que l’Eglise appelle un charisme.
Maison-Hantee.com : A contrario, avez-vous un exemple de phénomène lié à un ange mal intentionné ?
Père Rolland : Des formules magiques, des sortilèges en vue d’obtenir un mal. Des incantations où l’on cherche à capter une force liée à la récitation d’une formule et, par conséquent, à obtenir un ascendant sur les autres. Cela fait intervenir la superstition. C’est alors la porte ouverte à des entités spirituelles dont le but est de faire du mal aux autres.
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Maison-Hantee.com : A vous entendre, ce n’est pas la réalité des phénomènes paranormaux qui est discutable mais leur valeur liée à une intention humaine, bonne ou mauvaise. Autrement dit, l’homme peut être détenteur d’un pouvoir paranormal, tout dépend de ce qu’il veut en faire. Est-ce vrai ?
Père Rolland : Ce n’est pas uniquement l’intention qui est en cause. C’est l’objet même de la pratique ! S’il s’agit de nuire à quelqu’un, ça ne peut pas être bon. Ensuite, dans le cas où l’intention est bonne, la méthode est mauvaise. Car on ne peut pas chercher à obtenir un bien en faisant un mal. Pour l’Eglise, c’est une règle élémentaire de discernement moral. Vouloir obtenir un mariage, donc capter la liberté de quelqu’un à son profit, par un philtre d’amour par exemple, c’est un mal car on ne peut pas retirer à quelqu’un sa liberté. Ce qui est mal, c’est l’utilisation à de mauvaises fins de pouvoirs qui sont, de fait, dans la nature.
Maison-Hantee.com : Des philtres d’amour ? Je croyais que c’était réservé aux contes de fées ?
Père Rolland : Pas du tout. Ça peut marcher ! C’est l’envers des sorts qui eux visent le mal.
Maison-Hantee.com : C’est de la magie ?
Père Rolland : Oui. Ce sont des liens qui peuvent être tissés par des entités mauvaises.
Maison-Hantee.com : Une autre histoire peut aussi accréditer la réalité des phénomènes paranormaux : le péché originel. D’après la théologie catholique, lorsque Dieu a créé Adam et Eve, il leur a donné des dons préternaturels (qui ne peuvent s’exercer pleinement sans l’aide de Dieu comme l’immortalité ou l’harmonie avec l’univers) et des dons surnaturels (capacité de vivre en action de grâce avec Dieu, de sentir sa présence). Nous sommes d’accord ?
Père Rolland : Préternaturel veut dire "qui dépasse les forces de la nature". Il y a trois catégories de dons : naturels (ce qui appartient aux capacités humaines), préternaturels (ce qui dépasse les capacités humaines) et surnaturels (ce qui vient de Dieu).
Maison-Hantee.com : Ceci étant dit, Adam et Eve étaient au courant de la révolte des anges et de l’existence du mal. Or, ils ont cédé au discours de Satan qui présenta l’amour comme une forme de dépendance. D’après lui, la liberté de l’homme devait s’exercer par la connaissance de soi, l’amour de son intelligence et la maîtrise de sa propre vie, indépendamment de Dieu.
Père Rolland : C’est surtout cela qui est important : "indépendamment de Dieu" ! La stratégie de Satan pour briser le lien de confiance spontanée d’Adam et Eve avec Dieu est d’introduire un soupçon ou un mensonge dans la relation de l’homme avec Dieu. Ce qui a pour but de rendre l’homme indépendant de Dieu.
Maison-Hantee.com : Le projet du mal a donc réussi puisque Dieu laissa l’homme libre de se diriger seul, sur terre, mais il leur fit perdre leurs dons préternaturels et surnaturels :
« Par un seul homme, le péché est entré dans le monde et par le péché la mort, et ainsi la mort a passé en tous les hommes du fait que tous ont péché. » (Romains 5. 12). Adam et Eve font perdre à l’humanité leurs dons préternaturels et surnaturels pour ne finalement garder que les capacités humaines, à exercer sur terre dans les limites de la nature. Les phénomènes paranormaux ne peuvent-ils pas être des vestiges de ces dons déchus ?
Père Rolland : Certains phénomènes paranormaux sont préternaturels. Ils dépassent les capacités humaines mais ils font intervenir, non pas ce qu’Adam a perdu, mais ce que les anges ont conservé : une puissance sur la matière ou sur les esprits, limitée et invisible, donc imperceptible au commun des mortels. Perceptible dans ses effets mais pas dans ses causes.
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Maison-Hantee.com : Certaines personnes seraient-elles douées pour voir l’invisible ?
Père Rolland : Ces perceptions peuvent survenir grâce à des liens créés entre certaines personnes sensibles et des entités supérieures qui sont censées les guider et leur donner des pouvoirs. Les pactes avec les esprits sont des réalités. Je peux vous dire que ce sont des choses qu’on rencontre dans le cadre des exorcismes, par exemple.
Maison-Hantee.com : Que leur donne concrètement ce pacte ? Une forme de sagesse qui inspire les autres ou une véritable influence matérielle ?
Père Rolland : Cela peut être des capacités de connaissance, de révélations de choses cachées, concernant le passé ou l’avenir proche, des pouvoirs miraculeux. Dans certaines médecines, dites naturelles, des entités supérieures sont sollicitées pour obtenir un bien, des guérisons. J’ai l’exemple d’une personne qui est allée voir un ostéopathe. Pendant la consultation, le praticien a voulu imposer les mains sur la personne en récitant des formules. Ce qui a provoqué la stupéfaction et le refus du patient.
Maison-Hantee.com : Ces guérisseurs sont-ils conscients d’être détenteurs de pouvoirs qui les dépassent et qui dépassent le simple effet placebo sur les malades ?
Père Rolland : Oui. Ils ont conscience d’acquérir des pouvoirs et un certain nombre d’entre eux les recherchent.
Maison-Hantee.com : Comment cela les prend-t-il ?
Père Rolland : La plupart du temps, ces pouvoirs se sont développés dans une recherche ésotérique ou occulte. Fréquentant des écoles ésotériques, ils se sont initiés à une autre approche médicale et thérapeutique.
Maison-Hantee.com : Certaines facultés, dites parapsychologiques, comme la télépathie, le magnétisme ou la télékinésie peuvent être intrinsèques à l’homme, même si ce dernier n’en maîtrise pas encore toute l’approche scientifique. Pourraient-elles être des traces résiduelles de l’harmonie primitive entre l’homme et la nature ?
Père Rolland : Tous les scientifiques s’accordent à dire que l’homme n’utilise qu’une toute petite partie de son cerveau. Certainement, indépendamment des dons préternaturels, Adam avait naturellement une maîtrise de son corps et sur les choses bien plus grande que les hommes d’aujourd’hui.
Maison-Hantee.com : Cela passe forcément par des entités ?
Père Rolland : Pas dans le cadre des dons naturels !
Maison-Hantee.com : Même nos capacités physiques ne nous ont pas tout dit ?
Père Rolland : Physiques ou… psychologiques ! Oui.
Maison-Hantee.com : Arrêtons-nous quelques instants sur les arts divinatoires qui bénéficient de nos jours d’un véritable engouement populaire. Si on en croit notre horoscope, le ciel aurait une influence sur notre comportement. Les astres nous permettraient même de prédire l’avenir. Or, Dieu seul connaît l’avenir. Or, si Dieu connaît notre futur, où est l’initiative de l’homme ?
Père Rolland : Dieu connaît l’avenir puisqu’il est en dehors du temps. Il nous connaît tel que nous étions, tel que nous sommes et tel que nous serons, simultanément puisqu’il a, sous un seul regard, l’ensemble de l’univers et de l’histoire humaine. Cela fait beaucoup d’écrans à surveiller ! Et donne une idée de l’infini de Dieu. Lorsque l’on parle de Dieu, il faut faire une transposition de notre vocabulaire, adapté aux choses d’ici-bas. La question de la liberté de l’homme face à Dieu qui connaît son avenir fait référence aux futurs contingents. De toute éternité, Dieu connaît ce qui se passera de manière contingente, c’est-à-dire non nécessaire, dans toute l’histoire de la création. Le fait que Dieu connaisse le futur de l’homme ne modifie pas la liberté de ce dernier. Prenons l’exemple de Saint Thomas. Si je suis sur un champ de bataille, je suis engagé dans la lutte à un endroit donné. Je peux prévoir que l’escadron qui approche va m’atteindre rapidement. Je vais donc m’y préparer. Je vois un futur contingent car le fait que je les sache en train de s’approcher ne va pas modifier leur capacité à venir. Mais je ne vois que des choses assez proches. Si je monte sur une montagne près du champ de bataille, ma vision sera plus vaste et lointaine sur ce qui va se passer. J’aperçois une escouade qui n’est pas vue des autres. Le savoir ne modifie pas la liberté de ceux qui sont engagés.
Maison-Hantee.com : Il faut donc prendre de la hauteur pour mieux voir ?
Père Rolland : Bien sûr. Si on transpose cela au plan divin, par analogie, Dieu connaît ce qui se déroulera librement dans l’ensemble de l’histoire humaine, sans pour autant interférer dans la liberté de chacun.
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Maison-Hantee.com : « Autrefois, en Israël, on avait coutume de dire quand on allait consulter Dieu : Venez, allons trouver le voyant. Car le prophète d’aujourd’hui, on l’appelait autrefois le voyant. » (Samuel 9. 9). La voyance est un marché en pleine expansion. L’homme (jusque dans les hautes sphères du pouvoir) ressent un irrésistible besoin de connaître son avenir pour prendre les bonnes décisions. Or, le voyant utilise différents procédés pour pratiquer son art divinatoire (tarots, boule de cristal, numérologie, médiumnité, rêves prémonitoires,…). L’avenir peut-il nous être révélé, notamment par des intermédiaires ? La voyance d’aujourd’hui n’est-elle pas l’héritière de la prophétie ou du songe d’autrefois ?
Père Rolland : L’avenir n’est pas connu de l’homme car il est engagé dans le temps, contrairement à Dieu.
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Bons ou mauvais, les anges ne connaissent pas l’avenir autrement que dans la mesure permise par Dieu. Lorsque des voyants prétendent pouvoir lire l’avenir dans différents supports, ils peuvent anticiper des choses prévisibles, c’est-à-dire accessibles à une déduction, un raisonnement. En faisant intervenir des entités supérieures, ils peuvent obtenir d’elles une certaine connaissance de choses prévisibles car elles ont une vue plus perçante que la nôtre. Mais cela se limite à un futur proche.
Maison-Hantee.com : Erick Fearson avec qui j’anime ce site fait des lectures de tarot. Peut-on lui demander de nous révéler notre avenir ?
Père Rolland : Personne ne peut connaître l’avenir, quel que soit la méthode. On peut deviner, avoir une intuition mais prédire l’avenir est hors de portée de l’humanité. J’ai été frappé par le discours d’un professeur d’université qui parlait des "prévisionnistes". D’après lui, si on avait fait intervenir des prévisionnistes au début du 20ème siècle, aucun d’entre eux n’aurait prévu les deux guerres mondiales…
Maison-Hantee.com : Des prévisionnistes comme Nostradamus ou Paco Rabane ?
Père Rolland : (Rires) Non, non, des gens qui analysent la société contemporaine, les tendances, et qui prédisent le futur, rationnellement, en fonction des événements, qui font des projections. Une remarque sur l’astrologie. Saint Thomas nous dit que les astres ont une influence sur les corps, sur la matière. Il s’appuie sur une physique aristotélicienne, qualitative et non quantitative comme la nôtre. Mais les astres ne peuvent avoir aucune influence sur les esprits. Saint Thomas invalide ainsi toutes prévisions astrologiques.
Maison-Hantee.com : Les horoscopes, c’est donc du bidon !
Père Rolland : Les horoscopes sont une manière imaginaire de parler de caractérologie, de transmettre une sagesse mais ils ne disent jamais l’avenir.
Maison-Hantee.com : Même chose pour les signes zodiacaux ?
Père Rolland : Les signes zodiacaux sont quand même liés à une perception des différents types de caractère. Une manière symbolique de parler de caractérologie. Pourquoi pas ! Mon père médecin m’a toujours dit que les enfants d’hiver ne sont pas les mêmes que les enfants d’été, biologiquement. Qu’ils n’ont pas le même type de pathologies, de résistance, etc. On comprend très bien qu’on puisse attribuer aux signes zodiacaux des tempéraments. Mais cela ne va pas plus loin. Le calendrier zodiacal entre en coïncidence avec les saisons. D’ailleurs, on dit que l’ascendant, qui prend plusieurs astres en ligne de compte, a plus d’importance que le signe zodiacal car il constituerait une analyse plus fine du caractère.
Maison-Hantee.com : Je voudrais vous faire réagir sur une prophétie, celle de Sainte Malachie (liste de devises que chaque pape se voit attribuer selon la succession de leur règne), d’après laquelle le 111ème pape est le dernier de la liste. Or, il s’agit de Benoit XVI (De Gloria Olivae, la gloire de l’olivier) ! Et la prophétie se conclue ainsi : « la cité aux sept collines [Rome] sera détruite et le juge terrible jugera le peuple ». Que doit-on en conclure : la fin du monde, la fin de l’Eglise, le retour de Jésus dans sa gloire, la venue de l’Antéchrist ou… rien du tout ?
Père Rolland : Le propre de ces prophéties, comme celle de Malachie, est qu’elles sont susceptibles de milliers d’interprétations. Comme souvent dans la Bible, les prophéties sont écrites et compréhensibles à postériori (rires). Que pourrait-il être envisagé dans la prophétie de Malachie ? La destruction de la Rome païenne, c’est-à-dire l’éradication du monde qui s’est éloigné de Dieu, qui préparerait le retour du Christ en gloire…
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Maison-Hantee.com : Une seconde arche de Noé ?
Père Rolland : Non, plutôt qu’une catastrophe, le renouveau du Christ avant la fin du monde. Ce qu’on appelle la fin des temps aujourd’hui. Car une distinction est faite entre la fin du monde où Dieu interviendrait pour juger l’ensemble de l’histoire humaine et faire entrer le monde sauvé dans la résurrection avec la fin des temps, autrement dit du péché et l’influence du diable, ainsi enchaîné de manière définitive.
Maison-Hantee.com : Quand on lit « le juge terrible jugera le peuple », on pense plutôt à une fin du monde et non des temps. Le Vatican serait-il en train de faire ses valises ?
Père Rolland : Le Vatican ne s’est jamais prononcé sur cette prophétie de Malachie. Même si nous sommes à une période de l’histoire de l’humanité et de l’histoire de l’Eglise tout à fait particulière. Mais c’est une autre histoire…
Maison-Hantee.com : D’autres phénomènes nous emmènent aux frontières du surnaturel. Prenons l’exemple de l’expérience de mort approchée (ou N.D.E. – Near-Death Experience – en anglais) où un individu, dans le coma à la suite d’un accident, a l’impression de sortir de son corps (décorporation), de s’engager dans un tunnel noir vers un être de lumière et de voir des proches décédés avant de revenir à l’éveil. Ce phénomène pris très au sérieux par certains scientifiques repose sur l’étude de propriétés psychiques (ou extrasensorielles) de notre corps. Or, l’Eglise ne se prononce pas sur ces N.D.E. Pourquoi ? La N.D.E. pourrait-elle être une vision de l’humanité sainte de Jésus puis des âmes du purgatoire ? Une grâce d’origine divine accordée par Dieu ?
Père Rolland : Ce qui pose problème à l’Eglise, c’est que la lumière qu’on approche dans cette expérience est impersonnelle. Or, la révélation biblique est celle d’un Dieu personnel, c’est-à-dire qui nous engage dans un dialogue entre le "je" et le "tu". C’est une vision propre au judéo-christianisme qui s’oppose à de nombreuses perspectives ésotériques, voire des cultures actuelles comme le Nouvel Age, où on veut bien croire à une entité supérieure mais qui n’a ni nom, ni visage. Une énergie impersonnelle. C’est contraire à l’enseignement de l’Eglise qui reconnaît Dieu comme un être personnel qui fait exister les êtres comme des personnes. Personnel et personnalisant, donc ! Ceux qui, dans l’Eglise, s’intéressent à cette question pensent que l’expérience de mort approchée ne peut rien dire de la mort. Parce que précisément, ce n’est pas encore la mort !
Maison-Hantee.com : Notre corps pourrait donc nous jouer des tours. Quand on parle de voyage astral, on évoque le dédoublement, la bilocation ou le don d’ubiquité dont bénéficiaient certains saints (Padré Pio). D’après les bouddhistes, l’homme aurait un corps astral (siège des facultés psychiques) relié au corps physique par une force, l’âme. Or, d’après eux, une certaine pratique du yoga pourrait séparer ces deux corps le temps d’un voyage dans un monde spirituel. L’homme serait-il capable de rendre visite aux anges ?
Père Rolland : Ce sont plutôt des pratiques inspirées du bouddhisme ou de l’hindouisme dans lesquelles des maîtres spirituels font ces expériences de bilocation. On sait que cela existe. Mais ils n’utilisent pas de forces naturelles, ni de forces surnaturelles. Nous sommes dans le domaine du préternaturel. L’Eglise met donc en garde car ces pratiques font intervenir des entités spirituelles mauvaises. Dieu ne nous demande pas ce genre de choses ! Et même si Dieu le demande, il en donne la grâce à des saints qui ne l’ont pas recherchée, comme Padré Pio, pour qu’ils viennent en aide à certaines personnes dans des circonstances bien précises. Jamais ces saints-là n’ont eu l’idée qu’ils avaient le pouvoir de faire des choses extraordinaires.
Maison-Hantee.com : « Jésus gravit la montagne pour y prier. Or, tandis qu’il priait, l’aspect de son visage changea et ses vêtements devinrent d’une blancheur fulgurante. Pierre et ses compagnons virent sa gloire. » (Luc 9. 28). Ont-ils été témoins de l’aura du Christ, un phénomène que certains spécialistes prétendent voir ou prendre en photo ?
Père Rolland : La question intervient dans un débat entre l’Orient et l’Occident. Les Chrétiens orientaux disent que ce n’est pas le Christ qui a été transfiguré mais les apôtres qui ont reçu de Dieu, comme grâce, la capacité de voir qui était le Christ en tant qu’homme et Dieu. La gloire de la divinité s’est traduite par une lumière qui n’a pas ébloui les disciples parce qu’elle a été obombrée par l’humanité de Jésus. Ils ont ainsi pu participer à cette révélation de la double nature du Christ. Quelques saints rayonnent réellement. Qu’on parle d’un corps astral, pourquoi pas. Que des gens aient la capacité de le percevoir, c’est possible. Mais de là à prendre la sainteté en photo ! (Rires) Ces auras sont sans doute perceptibles par des psychismes humains purifiés. Dans le Christianisme, plus on est saint et purifié, plus on perçoit de choses…
Maison-Hantee.com : Dieu ne juge, ni ne damne personne. Ce sont nos actes qui nous jugent. Dans la théologie catholique, au moment de la mort, l’homme voit le Christ glorieux, accompagné des saints et des anges qui lui propose deux voies : l’amour de soi ou l’amour de Dieu. Chaque homme qui a ce choix a droit à son repentir, même le pire des criminels. Y a-t-il donc un seul être humain en enfer ?
Père Rolland : Dieu ne damne pas dans le sens où il ne peut vouloir envoyer quelqu’un en enfer. C’est plutôt la personne mauvaise, en situation de jugement, qui ne peut approcher Dieu car sa vision lui est insupportable. Elle va donc se précipiter d’elle-même en enfer, c’est-à-dire dans la séparation éternelle avec Dieu. J’ai été frappé dans le récit de certains exorcistes qui ont dialogué avec le démon en lui demandant « si c’était à refaire, ferais-tu les mêmes choix ? ». Et le démon a répondu « oui » ! Comme quoi, dans le choix du mal, il y a quelque chose à quoi on peut s’attacher. On peut s’entêter dans le choix du mal ! Si l’Eglise invite sans cesse à se convertir, c’est pour éviter de devenir esclave du péché en commettant le péché. Le choix de Dieu est un arrachement délibéré au mal que l’homme fait sans intervention divine. Ainsi, supposer qu’on aura tout le temps de se convertir après sa mort, en présence de Dieu, c’est supposer que l’homme aura facilement la volonté de renier le mal. Ce qui est présomptueux. Il ne faut pas jouer son avenir éternel comme à la roulette russe ! L’Eglise nous invite donc à profiter de notre vie terrestre pour se dégager du mal qui ne fait aucun bien.
Maison-Hantee.com : On pense à cette parabole de Jésus sur Lazare et le riche.
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Un homme riche ignore un pauvre, couché devant sa porte et couvert de plaies. Un jour, les deux hommes meurent. Le pauvre Lazare monte au ciel rejoindre Abraham. Le riche est en proie aux tortures de l’enfer. Il demande à Abraham de lui envoyer Lazare pour étancher sa soif. Mais Abraham lui refuse : « Tu as reçu le bonheur pendant ta vie, et Lazare, le malheur. Maintenant il trouve ici la consolation, et toi, c’est ton tour de souffrir. De plus, un grand abîme a été mis entre vous et nous, pour que ceux qui voudraient aller vers vous ne le puissent pas, et que, de là-bas non plus, on ne vienne pas vers nous. » (Luc 16. 25-27) Le choix de nier Dieu et ses lois de son vivant, ce qui a pour conséquence de vous conduire en enfer, est-il irréversible ?
Père Rolland : Oui. Le temps de l’exercice de la liberté, comme pouvoir de dire oui ou non à Dieu, est le temps d’ici-bas, notre vie terrestre.
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Une fois que nous sommes au-delà de cette vie, nous sommes dans une autre temporalité. Il n’y a donc plus la capacité à se dire « je voudrais me repentir ». Il existe un point de non-retour… C’est une question qui a été posée dans l’Antiquité chrétienne, notamment par Origène. D’après lui, Dieu est tellement bon que, même ceux qu’ils l’ont refusé et sont actuellement en enfer, seront ultimement sauvés. L’Eglise y a reconnu une hérésie, non-conforme à l’enseignement du Christ. Il n’y a pas de repentir après la mort pour ceux qui se sont damnés.
Maison-Hantee.com : Même face à Dieu au moment du jugement dernier ?
Père Rolland : On joue sur les mots. A quel moment sommes-nous présentés à Dieu ? Quel est exactement le moment de la mort ? J’en parlais récemment avec des personnes qui vivaient un deuil. Le défunt a été maintenu artificiellement en vie. Les proches me demandaient alors le moment de la mort. Traditionnellement, c’était plutôt le fait de ne plus respirer. Or, les médecins avancent aujourd’hui l’état de mort cérébrale comme définition plus courante de la mort. Le moment précis de la mort reste incertain. Mais, à nouveau, je répète que c’est jouer à la roulette russe avec son éternité que de choisir Dieu au dernier moment.
Maison-Hantee.com : Pascal a donc raison de faire le pari de Dieu ! Faisons le bien sur terre en vue de la vie éternelle. Si elle existe, on aura tout gagné. S’il n’y a rien après la mort, on n’aura rien perdu.
Père Rolland : Dans cette perspective, les actes humains sont sérieux. Il y a une gravité dans le choix du bien et le choix du mal. Quand Jésus dit « tout homme qui commet le péché est esclave du péché » (Jean 8. 34), il insiste sur l’esclavage dans le mal. Quelqu’un qui cherche à devenir pleinement libre comprend petit à petit qu’il n’y a de vraie liberté que dans le choix du bien. C’est aussi le propre de la sagesse. Le choix du mal est un défaut de liberté. Il détruit l’homme au lieu de le construire. Construire sa vie sur le choix du bien, c’est construire une belle vie humaine. Ce n’est donc pas uniquement une pétition de principe de Pascal qui dit : vous n’aurez pas perdu grand-chose même si vous n’avez pas gagné grand-chose !
Maison-Hantee.com : Marthe Robin parle aussi de "roulette russe" quand elle dit : « il faut prier pour ceux qui viennent de mourir. Ils sont en train de jouer leur avenir éternel. ». Qu’est-ce que le Purgatoire ? Dieu connaît le monde des esprits puisqu’il l’a créé. Où vont nos morts ? Peuvent-ils intervenir auprès de nous ?
Père Rolland : Vous disiez précédemment que Dieu ne juge personne. A la mort, il y a un jugement. Or, le jugement de Dieu ne cherche pas à condamner mais à sauver. Dans ce cas, Dieu va prendre son scalpel et essayer de supprimer le mal de la personne. Si la personne s’attache à son mal, elle va s’exclure d’elle-même du salut. Au contraire, si elle veut être sauvée, elle va s’exposer au scalpel qui la libère du mal. Le purgatoire, c’est une purification de la personne.
Maison-Hantee.com : C’est un bloc opératoire !
Père Rolland : Oui mais sans anesthésie ! (Rires)
Maison-Hantee.com : Les morts peuvent-ils communiquer avec nous pendant ce temps de purification ?
Père Rolland : Les âmes du Purgatoire prient. Elles sont dans la proximité de Dieu même si elles ne sont pas encore admises dans la plénitude de Dieu. Dieu est amour incandescent. Tant que les âmes ne peuvent pas être un charbon ardent, elles doivent être purifiées, dans l’attente d’être admises dans la vision pleine de Dieu à laquelle elles aspirent. Elles sont dans un état de prière. Elles prient Dieu pour nous. Pas pour elles-mêmes ! Quant à nous, nous pouvons les soulager par nos prières pour les faire entrer plus rapidement au paradis. Il y a donc un lien de communication entre nos morts et nous : la prière !
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Maison-Hantee.com : Devant Jésus marchant sur l’eau, l’Evangéliste Marc rapporte l’attitude des disciples : « Ils crurent que c’était un fantôme et poussèrent des cris » (Marc 6. 49). Après la résurrection de Jésus, ils ne reconnaissent pas leur maître : « Frappés de stupeur et de crainte, ils croyaient voir un esprit. » (Luc 24. 37). Les disciples du Christ croyaient aux fantômes ? Comment l’Eglise réagit-elle aux histoires de fantômes et de maisons hantées ?
Père Rolland : Pour l’Eglise, le fantôme est un esprit.
Maison-Hantee.com : Il existe aussi la théorie de la mémoire de la matière. Le fantôme serait alors une force d’énergie résiduelle laissée par une personne en situation de crise dans un lieu et qui se manifesterait sous certaines conditions à d’autres personnes.
Père Rolland : Pour nous, soit c’est un esprit, soit il y a une explication naturelle ou parapsychologique. Toutes les théories sur des substances résiduelles qui prendraient forme dans des maisons dites hantées ne sont pas acceptées par l’Eglise.
Maison-Hantee.com : La distinction étant faite, je reviens à ma question : les disciples du Christ croyaient-ils en la manifestation des esprits ?
Père Rolland : Dans la tradition judéo-chrétienne, il est clairement dit qu’on ne doit pas avoir affaire aux esprits. Les disciples ont peur et veulent se protéger du Christ qu’ils croient être un esprit et non leur maître ressuscité. Ils n’ont pas d’attrait pour un esprit qui se manifesterait à eux. Ils se refusent donc à le voir. Déjà, dans le Livre de Samuel, il est clairement dit qu’on n’a pas le droit d’invoquer les esprits des morts.
Maison-Hantee.com : Maison-Hantee.com réalise des reportages sur la France hantée en enquêtant sur des lieux de mystères et de légendes, notamment à la découverte d’histoires de fantômes. On découvre donc de nombreux récits d’apparitions, comme les dames blanches, que la tradition associe à l’esprit d’un mort qui revient hanter le lieu de son vivant. Quel est votre opinion sur ces phénomènes de hantise ?
Père Rolland : Pour les théologiens, les esprits des morts ne reviennent pas. Si quelque chose ou quelqu’un se manifeste à la manière d’un esprit, pour l’Eglise, c’est un ange mauvais.
Maison-Hantee.com : Par exemple, la dame blanche de l’Abbaye de Mortemer, en Normandie, serait donc une entité démoniaque ?
Père Rolland : Absolument. Dans les Actes des Apôtres, Saint Paul est confronté à une Pythonisse, « une jeune servante qui avait en elle un esprit de voyance », qui le poursuit de ses cris. Saint Paul se retourne vers elle et dit à l’esprit « Au nom de Jésus Christ, je te l’ordonne : va-t’en de cette femme ! » (Ac 16. 18). La femme est libérée de l’esprit. Et ceux qui convoitaient les prédictions de la pythonisse sont furieux. Ils veulent mettre à mort Saint-Paul car ils estiment qu’à cause de lui, elle a perdu ses pouvoirs. Cet épisode illustre bien le fait que l’homme a besoin de croire en ces phénomènes.
Maison-Hantee.com : Avez-vous déjà poussé la porte d’un lieu dit hanté ?
Père Rolland : Non. Je suis déjà entré dans des maisons où les occupants parlaient de phénomènes inexpliqués comme des bruits étranges ou des portes qui claquent mais pas spécifiquement hantées. J’aide des gens qui, en prière chez eux, entendent des esprits qui s’approchent d’eux, veulent leur faire peur et se manifestent comme des courant d’air. Ce sont des esprits mauvais que je suis amené à repousser en bénissant une maison.
Maison-Hantee.com : « Qu’on ne trouve parmi vous personne qui s’adonne à la divination ou à la magie et qui interroge les morts. Toutes ces choses sont en abomination à Yahvé ». (Dt 18. 10-12). Pourquoi l’Eglise condamne-t-elle la pratique du spiritisme ?
Père Rolland : Précisément parce que dans le spiritisme, on fait intervenir des entités qu’on ne peut pas contrôler et dont on va devenir dépendant. Dans les phénomènes qui touchent aux démons, on trouve ce que l’on appelle des "portes d’entrée". L’homme est fragile. Il peut ouvrir des portes à ces entités spirituelles mauvaises qui vont entrer dans sa vie, son corps ou son psychisme jusqu’à l’aliéner. Le spiritisme est une forme d’invocation qui attire le mal.
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Maison-Hantee.com : Pourtant, le spiritisme est presque devenu un divertissement, notamment auprès des jeunes qui recherchent le grand frisson ou cèdent tout simplement à la curiosité. Personnellement, j’ai déjà participé, adolescent, à une séance de table tournante dans une maison de famille où nous pensions communiquer avec l’esprit de mon grand-père. Le résultat, quand il n’est pas truqué par les participants, est époustouflant et fait toujours son petit effet. Un soir, avec mon frère, j’ai pris peur et ai arrêté définitivement. Mais je peux comprendre la fascination qu’exerce une telle pratique parce qu’elle fonctionne. Après la première guerre mondiale, des parents ayant perdu un fils au combat se sont tournés vers le spiritisme pour soulager leur peine. Récemment, une émission de télévision présentait un couple de parents qui avaient perdu un enfant dans un accident de voiture.
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Ils croyaient pouvoir communiquer avec son esprit par l’intermédiaire d’un poste de radio. Le spiritisme ne servirait-il pas l’Eglise et son message d’espérance en prouvant la survie après la mort ?
Père Rolland : Beaucoup de jeunes qui ont pratiqué le spiritisme abondamment ont été profondément atteints dans leur psychisme. Cette pratique est fascinante mais destructrice. L’Eglise l’explique de manière très simple. Lorsqu’on invoque les morts, on entre en contact avec des esprits mauvais qui prennent la place de nos morts et s’immiscent dans notre psychisme. C’est un terrain privilégié pour les mauvais anges, menteurs. On ne sait jamais qui on fait venir. En outre, nous n’avons pas besoin du spiritisme ! La foi chrétienne nous dit que les morts ne reviennent pas.
Maison-Hantee.com : D’où tenez-vous cette certitude ? D’une croyance ? D’une intuition ? D’une loi divine ?
Père Rolland : Dans la parabole du riche et de Lazare que vous évoquiez toute à l’heure (Luc 16. 19-31), le riche demande à Abraham, depuis l’enfer : « Eh bien ! Père, je te prie d’envoyer Lazare dans la maison de mon père. J’ai cinq frères : qu’il les avertisse pour qu’ils ne viennent pas, eux aussi, dans ce lieu de torture ! ». Le riche réclame clairement le retour d’un mort sur terre. Ce à quoi Abraham répond : « Ils ont Moïse et les prophètes : qu’ils les écoutent ! ». Le riche insiste : « Si quelqu’un de chez les morts vient les trouver, ils se convertiront ». Mais Abraham est catégorique : « S’ils n’écoutent pas Moïse ni les prophètes, quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts : ils ne seront pas convaincus. » Nous sommes donc renvoyés à la foi et à l’exercice de ce qui est raisonnable. Pourquoi demander à de supposées âmes errantes ou esprits de nos ancêtres des lumières que nous pouvons avoir ailleurs ? Si c’est pour être rassuré sur la mort, il vaut mieux privilégier la confiance en Dieu. Mener sa vie droitement est une meilleure méthode que d’invoquer des entités pour tout savoir sur l’au-delà.
Maison-Hantee.com : Un théologien a dit que, « pour faire grandir une personne, Dieu lui-même peut envoyer le démon » ! Est-ce le cas ?
Père Rolland : Il ne va pas l’envoyer lui-même ! Des certaines circonstances, assez exceptionnelles, il va lui permettre de tourmenter quelqu’un pour le bien de la personne. Sans aller jusqu’à la destruction de la personne ! La question est grave : pourquoi Dieu permet-il le mal ? La réponse de l’Eglise est simple : Parce que Dieu est assez puissant pour tirer le bien du mal même…
Maison-Hantee.com : Dans le Nouveau Testament, Jésus pratique, à plusieurs reprises, des exorcismes contre les démons. De nos jours, le recours à l’exorcisme et ses rituels, donnant lieu à des manifestations impressionnantes, n’est-il pas exagéré ?
Père Rolland : Les personnes qui ont recours à l’exorcisme ont déjà un parcours du combattant chargé. Ils ont repéré dans leur vie des atteintes à leur santé, leur psychisme, leur profession, leur bien ou à leur famille. Ils ont cherché des explications rationnelles et sont allés consulter toutes sortes de médecins qui ne voient rien. Dans ce parcours du combattant qui peut durer des années, on leur conseille d’aller voir un exorciste en dernier recours. L’exorciste pose des questions précises pour faire un diagnostic et éliminer les causes naturelles. Ceci fait, il cherche des causes surnaturelles ou préternaturelles. Le premier moyen, c’est la prière, le rituel le plus simple. Et il surveille si quelque chose se manifeste pendant ce temps-là. Mais, lorsque le démon est entré dans une vie, dans un corps humain, il s’y sent bien et refuse d’en être chassé. Il va donc se montrer très discret. Au cours de la prière, des signes se manifestent. A quoi sont-ils attribués ?
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A une maladie psychique induite, à une grande émotivité de la personne ou au démon lui-même ? Pour le vérifier, l’exorciste utilise par exemple de l’eau bénite. Un des symptômes de l’action du démon s’appelle la hiérognosie ou la reconnaissance des choses bénites. Une personne atteinte par le démon saura faire la distinction entre de l’eau bénite, qui aura alors un goût affreux, et de l’eau non bénite. Une fois assurée la présence du démon, la lutte s’engage pour le chasser, avec l’aide de la prière et de sacramentaux (eau bénite, imposition des mains,…).
Maison-Hantee.com : Avez-vous déjà assisté à un exorcisme ? Qu’en avez-vous retiré ?
Père Rolland : Une grande joie et une grande force spirituelle. Car, dans ce combat, nous manifestons la puissance du Christ. Même si la libération n’est pas complète, nous voyons la puissance du Christ à l’œuvre. Et il faut souvent plusieurs séances d’exorcisme, qui sont des séances de prière, pour parvenir à nos fins, c’est-à-dire rendre insupportable au démon la présence de Dieu. Parfois, l’exorciste peut s’adresser directement au démon en lui ordonnant de quitter le corps de la personne, au nom de Dieu.
Maison-Hantee.com : La présence d’un prêtre est-elle nécessaire ?
Père Rolland : Pas nécessairement. Dans un exorcisme, la participation de la victime est indispensable. Plus elle s’engage dans cette lutte, plus la délivrance aura lieu rapidement. Mais un pratiquant qui prie, respecte les sacrements ou se confesse, et essaie de vivre droitement, est à l’abri des attaques du démon. Pas des tentations mais des attaques spécifiques du démon comme les possessions, les obsessions, etc. Sauf permission divine pour le bien de la personne. Je suis frappé de voir le processus de sanctification qui accompagne la libération d’un possédé.
Maison-Hantee.com : Que pensez-vous du film L’Exorciste de William Friedkin dont on raconte qu’il aurait généré à l’époque de sa sortie en salles (1974) une vague de conversion ?
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Père Rolland : Il est très juste ! Mais caricatural ! Car toutes les manifestations possibles du démon sont réunies en un seul cas. Le trait est forcé. Les manifestations les plus courantes sont les cris ou les convulsions. Je connais même des phénomènes plus impressionnants que ceux du film. Don Amorth, exorciste de Rome, s’est rendu chez un psychologue qui ne croyait pas au démon et attribuait les maux d’un patient à des troubles psychiques. Au cours de l’entretien, le bras du possédé s’est allongé pour aller gratter le nez du psychologue à deux mètres de distance. Vous imaginez la réaction du médecin ! Ce sont des singeries que le démon est capable de faire sans difficulté. Avec l’expérience, le prêtre ne se laisse pas distraire par ces artifices. Car le démon compte sur son pouvoir de distraction pour lasser l’exorciste. C’est pourquoi le prêtre est tout entier concentré dans la prière et tourné vers Dieu.
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Une dernière chose : l’exorcisme n’est pas une pratique magique mais un moment de prière. La libération dépend de la foi du possédé. Et, à défaut de coopération, il y a des personnes qu’on ne peut jamais libérer…
Maison-Hantee.com : Charismes, sacrements, miracles, phénomènes mystiques extraordinaires (stigmates, lévitation, émanation de parfums, transfigurations,…) : Par ses hommes ou ses reliques sacrées, la religion catholique ne manque pas de mystères ni de facultés inexplicables, hérités de Dieu et de la foi chrétienne. Il est donc difficile de dire aux jeunes de la génération Harry Potter que les phénomènes surnaturels d’aujourd’hui sont tous des supercheries ou des divertissements dangereux. Pour conclure cet entretien, quel conseil pouvez-vous donner à ceux qui se cherchent une spiritualité et cèdent à la tentation du paranormal ?
Père Rolland : Premier conseil : nous avons un pouvoir sur notre vie, de la rendre belle, juste, droite et de s’insérer dans la société pour faire du bien aux autres. La recherche des pouvoirs, sous-jacente à la tentation du paranormal, est une dérive du pouvoir que nous avons sur notre vie. Il faut d’abord rechercher ce qui est constructif pour soi et pour les autres. Ce besoin de domination sur les autres ou sur l’univers est souvent une fuite. Second conseil : la recherche du pouvoir est toujours très ambiguë. L’Eglise sait que le surnaturel existe, que Dieu existe et que l’homme avance dans sa vie vers une destinée éternelle mais elle sait aussi que la convoitise du pouvoir est dangereuse. Elle propose ainsi une voie raisonnable indépendamment de ce qui est mystérieux. Ce qui est extraordinaire dans l’Eglise, c’est de pouvoir connaître en vérité Dieu, pouvoir aimer un créateur tout puissant, pouvoir entrer en dialogue avec lui, pouvoir être appelé pour entrer en communion de vie avec lui. Voilà des choses extraordinaires qui sont en jeu dans les petites choses de notre quotidien… La tentation de l’extraordinaire nous arrache à notre vie. Or, pour l’Eglise, ce qui est ordinaire peut devenir extraordinaire !
Maison-Hantee.com : Père, merci.
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Pour en savoir plus :
>> Un site web de théologie catholique consacré aux phénomènes paranormaux. On y trouve notamment, en consultation ou en téléchargement gratuit (format Word), des dossiers sur l'Eglise et le paranormal, le spiritisme, le purgatoire, la fin du monde,... Il est possible d'écrire à l'auteur, qui enseigne la théologie catholique en Belgique, pour lui faire part d'un témoignage, demander un discernement, poser des questions,...
>> Le site web du Père Joseph-Marie Verlinde à qui a été confiée en 2002 par le cardinal de l'époque, Mgr. Jean-Marie Lustiger, la mission ecclésiale de répondre aux questions des croyants et des adeptes du Nouvel Age sur l'ésotérisme, l'occultisme, le spiritisme, le phénomène Da Vinci Code, la démonologie,... A lire absolument : l'entretien du Père Verlinde avec un témoin de phénomène de maison hantée.
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© Photos : Philippe Prost, Olivier Valentin et Julien Valentin (Eglise Saint-Léon, Cimetière du Père Lachaise et Abbaye de Mortemer)
Source; maisonhantee.com
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