EXORCISMES ET POSSESSIONS

EXORCISMES ET POSSESSIONS

« L'Eglise doit parler du démon » (Cardinal Cottier, O.P. Théologien émérite de la Maison Pontificale)

Le démon n'est pas une créature mythique. Il existe bel et bien et son existence personnelle ne peut-être ramenée à l'imaginaire ou à l'inconscient collectif. C'est pourquoi l'attitude d'un vrai disciple du Christ envers Satan et ses anges doit se caractériser par la vigilance, non par l'indifférence. Aujourd'hui, la plus grande ruse du démon consiste à faire douter de son existence. Redisons-le, en soulignant l'existence de la réalité démonologique, l'Eglise n'entend ni nous reconduire aux hérésies dualistes et manichéennes d'autrefois, ni en proposer un succédané rationnellement acceptable. Elle veut seulement rester fidèle à l'Evangile et à ses exigences, et ainsi nous faire prendre conscience de l'adversité (Ephésiens VI) dans laquelle se trouvent aujourd'hui les âmes. Il est clair qu'elle n'a jamais permis à l'Homme d'évacuer sa responsabilité en attribuant ses fautes aux démons. Devant pareil échappatoire, l'Eglise n'hésite pas à s'élever en disant avec Saint Jean Chrysostome : « Ce n'est pas le diable, mais l'incurie propre des Hommes qui cause toutes leurs chutes et tous les malheurs dont ils se plaignent ». Il reste assurément que la réalité démonologique, attestée concrètement par ce que nous appelons le « Mystère du Mal », reste une énigme qui enveloppe la vie des hommes et femmes de notre temps. Quelle terrible, mystérieuse et redoutable réalité ! Saint Augustin le savait bien : « Je cherchais avec angoisse d'où venait le Mal et je ne trouvais pas d'explication » dira-t-il dans ses admirables Confessions.  La foi catholique nous apprend que la réalité du Mal peut-être écrasée et combattue par une âme, un corps et un cœur constamment tournés et configurés au Souverain Bien : Le Christ. La Sainte Vierge L'accueillant en son sein nous le prouve, et c’est pour cela qu’Elle nous invite encore une fois aujourd’hui, à faire partie de Sa légion de combat pour pouvoir comme Elle, écraser la tête du serpent infernal qui ne cesse de détruire notre liberté humaine :






L’Eglise doit parler du démon. En péchant, l’ange déchu n’a pas perdu tous les pouvoirs qu’il possédait, selon le plan de Dieu, pour gouverner le monde. Il utilise désormais ce pouvoir pour le mal. L’Evangile de Saint Jean l’appelle « le prince de ce monde » (Jean 12, 31) et dans la première Epître de Saint Jeanon peut lire : « Le monde entier gît au pouvoir du Mauvais » (Jean 5, 19). Saint Paul parle de notre combat contre les puissances spirituelles (Ephésiens 6, 10-17). Nous pouvons également renvoyer à l’Apocalypse.
 Nous devons combattre les forces du mal non seulement humaines mais surhumaines, dans leur origine et inspiration : il suffit de penser à Auschwitz, aux massacres de peuples entiers, à tous les crimes horribles qui sont commis, aux scandales dont sont victimes les petits et les innocents, au succès des idéologies de mort, etc.

Il convient de rappeler quelques principes. Le mal du péché est fait par une volonté libre. Dieu seul peut pénétrer au plus profond du cœur de la personne, le démon n’a pas le pouvoir d’entrer dans ce sanctuaire. Il n’agit qu’à l’extérieur, sur l’imagination et sur les sentiments à racines sensibles. Son action est par ailleurs limitée par la permission de Dieu tout-puissant.
 Le diable opère généralement à travers la tentation et la tromperie, c’est un menteur(cf. Jean 8, 44). Il peut tromper, induire en erreur, leurrer, et probablement, plus que susciter, il peut favoriser les vices et les germes de vices qui sont en nous. Dans les Evangiles synoptiques, la première apparition du démon est la tentation dans le désert, lorsqu’il soumet Jésus à plusieurs attaques soudaines (cf. Matthieu 4, 11 et Luc 4, 1-13). Ce fait est d’une grande importance. Jésus guérissait les maladies et les pathologies. Elles font dans leur ensemble référence au démon car tous les désordres qui affligent l’humanité peuvent être réduits au péché, fomenté par le démon. Parmi les miracles de Jésus figurent des libérations de possessions diaboliques, au sens précis du terme. Nous voyons en particulier dans Saint Luc que Jésus commande aux démons qui le reconnaissent comme le Messie. Le démon est beaucoup plus dangereux comme tentateur qu’à travers des signes extraordinaires ou des manifestations extérieures extraordinaires, car le mal le plus grave, c’est le péché. Ce n’est pas un hasard si dans la prière du Seigneur, nous demandons : « Ne nous laissez pas succomber à la tentation ». Le chrétien peut lutter victorieusement contre le péché par la prière, la prudence, dans l’humilité, connaissant la fragilité de la liberté humaine, le recours au sacrements, avant tout de la Réconciliation et de l’Eucharistie. Il doit aussi demander le don du discernement à l’Esprit Saint, sachant que l’on reçoit les dons de l’Esprit Saint avec la grâce du Baptême. Saint Thomas et Saint Jean de la Croixaffirment que nous avons trois tentateurs : le démon, le monde (nous le reconnaissons certainement dans notre société) et nous-mêmes, c’est-à-dire l’amour propre. Saint Jean de la Croix affirme que nous sommes nous-mêmes le tentateur le plus dangereux car nous nous leurrons tout seuls. Face au leurre, il faut souhaiter chez les fidèles catholiques une connaissance toujours plus profonde de la doctrine chrétienne. Il faut promouvoir l’apostolat pour le Compendium du Catéchisme de l’Eglise catholique, qui est d’une utilité extraordinaire pour combattre l’ignorance. Le démon est peut-être un partisan de cette ignorance : distraire l’homme de Dieu est une grande perte contre laquelle on peut lutter en encourageant un apostolat approprié dans les moyens de communication sociale, en particulier la télévision, considérant le temps que passent de nombreuses personnes à suivre les émissions de télévision, aux contenus souvent inconsistants ou immoraux. 

L’action du diable se déchaîne aussi contre les hommes d’Eglise : en 1972, le Souverain Pontife Paul VI a déclaré que la « fumée de Satan (était) entrée dans le temple de Dieu », faisant allusion aux péchés des chrétiens, à l’avilissement de la moralité des coutumes et à la décadence (pensons à l’histoire des Ordres et des Congrégations religieuses dans lesquels on a toujours ressenti l’exigence des réformes pour réagir à la décadence), au fait de céder aux tentations dans la recherche de la carrière, de l’argent et de la richesse, sous le coup desquels les membres du clergé lui-même peuvent tomber, en commettant des péchés qui provoquent des scandales.
 L’exorciste peut être un Bon Samaritain mais il n’est pas "LE" Bon Samaritain, car le péché est une réalité plus grave. Un pécheur qui reste attaché à son péché est plus misérable qu’une personne possédée. La conversion du cœur est la plus belle victoire sur l’influence de Satan, contre laquelle le sacrement de la réconciliation a une importance absolument fondamentale car dans le mystère de la Rédemption, Dieu nous a libérés du péché et nous donne, lorsque nous sommes tombés, de retrouver son amitié. Les sacrements ont en réalité une priorité par rapport aux sacramentaux, catégorie dans laquelle figurent les exorcismes, qui sont demandés par l’Eglise mais non pas de manière prioritaire. Si l’on ne respecte pas cette hiérarchie, le risque de troubler les fidèles persiste. On ne peut pas considérer l’exorcisme comme l’unique défense contre l’action du démon, mais un moyen spirituel nécessaire, là où l’on a constaté l’existence de cas spécifiques de possession diabolique.

 

 

Inspiré d'une préface de S.E le Cardinal Georges Cottier (d'un ouvrage de l'exorciste Amorth)
Illustration - Diable qui se trouve en l'église Sainte Marie-Madeleine, Rennes-le-Château

 



15/12/2014
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