EXORCISMES ET POSSESSIONS

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LA MODE ÉVANGÉLIQUE DE LA «DÉMONOLOGIE» ET L’ENGOUEMENT POUR LES ANCIENS SORCIERS…

La mode évangélique de la «démonologie» et l’engouement pour les anciens sorciers…

 

Etre un ancien sorcier, sataniste, ou autre dérivé du monde des ténèbres… semble être devenu aujourd’hui une légitimité naturelle pour devenir un ministère à succès dans la nébuleuse évangélique.

 

Le monde évangélique, et notamment son aile pentecôtiste et charismatique, ne serait-il pas en train de commettre une grave erreur ? Que faut-il penser de cet engouement pour la démonologie ?

La sorcellerie ou tout autre pratique satanique, n’est pas un fait nouveau, puisque son origine remonte à l’Antiquité. Certains textes antiques parlent de ce genre de pratiques dans l’ancienne Egypte, en Mésopotamie ou encore à Babylone. A titre d’exemple, 1750 ans avant Jésus-Christ, le code de Hammurabi, qui est un texte juridique babylonien, évoquait déjà des règles à appliquer en cas d’accusation de sorcellerie. En outre, l’Ancien Testament évoque également la sorcellerie et la condamne fermement, comme en témoigne notamment ce passage du Deutéronome (18 v 10-11) : «Qu’on ne trouve chez toi personne (…) qui exerce le métier de devin, d’astrologue, d’augure, de magicien, d’enchanteur, personne qui consulte ceux qui évoquent les esprits ou disent la bonne aventure, personne qui interroge les morts».

Si notre époque ne diffère donc pas des autres dans l’attrait pour ce genre de pratiques condamnées par la Bible, sa nouveauté réside dans l’attrait exacerbée, au sein de l’Eglise évangélique – principalement dans les milieux pentecôtistes et charismatiques – pour les anciens sorciers et autres magiciens repentis. Cet attrait se justifie-t-il par la Bible ? Avoir connu le «monde des ténèbres» avant sa conversion est-il un atout pour servir Dieu ensuite ?

Le ministère de Jésus nous permet de retirer plusieurs enseignements intéressants. Tout d’abord, lorsqu’il choisit ses premiers disciples, son choix ne porte pas sur des gens qui auraient bien connu auparavant le «monde des ténèbres», pour l’avoir fréquenté. Et il ne choisit pas non plus des gens qui auraient vécu un «témoignage de conversion exceptionnelle», comme cela devient coutume au sein de l’Eglise évangélique. Jésus va choisir des gens simples, des gens qui avaient été enseignés pendant des années dans les synagogues comme tous les Juifs de l’époque, mais qui ne connaissaient rien au «ministère» et au «monde spirituel» tel que Jésus l’enseignait.

L’exemple du «fou de Gadara»

Par ailleurs, au cours de son ministère, Jésus va délivrer de nombreuses personnes et notamment un homme qui était une terrible proie de satan : le célèbre fou de Gadara. Cet homme, dont l’histoire est rapportée dans l’Evangile de Marc (5v1-20), «avait sa demeure dans les sépulcres, et personne ne pouvait plus le lier, même avec une chaîne. (…) Il avait eu les fers aux pieds et avait été lié de chaînes, mais il avait rompu les chaînes et brisé les fers, et personne n’avait la force de le dompter». Il était tellement démonisé, que Satan lui octroyait une force et une puissance surnaturelle.

Lorsque Jésus va délivrer cet homme et le libérer de sa «légion» de démons, cet ancien serviteur de Satan va souhaiter suivre Jésus. L’Evangile nous dit précisément : «Comme Jésus montait dans la barque, celui qui avait été démoniaque lui demanda la permission de rester avec lui. Jésus ne le lui permit pas, mais il lui dit : Va dans ta maison, vers les tiens, et raconte-leur tout ce que le Seigneur t’a fait, et comment il a eu pitié de toi».

Alors qu’aujourd’hui, nul doute que cet ancien serviteur de Satan ferait le tour du monde des églises et deviendrait un célèbre ministère, la réponse de Jésus a de quoi nous interpeller. Jésus n’a pas souhaité qu’il le suive. Jésus ne semble pas estimer que sa connaissance du «monde des ténèbres» est un atout pour faire de lui un ministère pour son Eglise. Jésus se contenta de faire de lui un simple «témoin», comme tout un chacun, l’encourageant à raconter ce qu’il avait vécu aux gens de «sa maison».

Cet ancien «fou» n’est pas un cas unique. Souvenez-vous que Jésus avait également chassé «7 démons» chez Marie de Magdala (Marc 16 v 9 ; Luc 8 v 2). L’histoire de Marie de Magdala est quelque peu différente, car cette grande «pécheresse», contrairement au «fou de Gadara», a pu suivre Jésus jusqu’à sa mort et sa résurrection. Ceci étant, ni Jésus ni les disciples n’ont cru bon d’exploiter son témoignage pour en faire un «grand ministère». De quoi nous inviter, là aussi, à méditer sur notre manière actuelle de concevoir ce qui légitime un «ministère».

La «démonologie», une nouvelle mode évangélique

Les anciens sorciers, occultes et satanistes en tout genre… ont amené un certain nombre d’églises et de chrétiens à adopter une nouvelle mode très tendance : la «démonologie», qui consiste à étudier la vie, l’histoire et le modus operandi des démons, tout en prenant soin de les classer de manière hiérarchique. Certaines églises/ministères revendiquent même d’être des spécialistes du «combat spirituel». Une pratique qui se traduit sur le terrain à pousser ses adeptes à voir le diable partout, à chasser des démons en permanence, généralement sans discernement ni intelligence.

En réalité, cette mode qui est devenue très tendance dans certaines églises évangéliques, n’est ni moderne, ni évangélique. La folie de la démonologie a connu sa genèse vers la fin du XIIIème siècle (1), avec le «traité sur le mal» de Thomas d’Aquin (1272). Dès lors, certains se sont amusés à les dénombrer (Richelmus de Schental, Alphonsus de Spina, Jean Wier, Pannethorne Hugues, Martin Barshaus, Jean Oswald…etc.), avec des chiffres totalement dénués d’intérêt, allant de plusieurs centaines de milliards à 14,4 millions… Par la suite, de nombreux ouvrages ont été publiés : «De la démonomanie des sorciers» (Jean Bodin, 1580) ; «La démonolâtrie» (Nicolas Rémy, 1582) et même un «dictionnaire infernal» (Jacques Auguste Simon, Simon Collin de Plancy, 1818), qui recense l’ensemble des connaissances de l’époque sur la vie des démons…

L’Eglise catholique a donc été la première à inventer «la démonologie», même si, de nos jours, cet engouement excessif et inquiétant concerne essentiellement les églises évangéliques – notamment pentecôtistes et charismatiques. Désormais, les ouvrages évangéliques fleurissent un peu partout. L’un de ces livres, qui proposent «2300 prières de délivrance» est un listing de prières à proclamer pour toutes situations. Allan Rich, qui se présente comme «un ancien sorcier de magie noire doté du pouvoir de supprimer des personnes à distance», propose d’étranges prières. Extraits :

«Je renonce et chasse tout esprit : d’ambition ; d’impulsivité ; de mépris ; de complexe de supériorité ; de complexe d’infériorité ; de racisme ; de xénophobie… au nom de Jésus-Christ (…) Esprit mauvais envoyé pour empêcher : mon expansion physique ; mon expansion psychologique ; mon expansion mentale ; mon expansion émotionnelle ; mon expansion financière ; mon expansion spirituelle ; mon expansion sociale ; mon expansion professionnelle ; mon expansion intellectuelle ; mon expansion physique… je te chasse au nom de Jésus-Christ. (…) Esprit mauvais envoyé pour : envoûter mes jours ; envoûter mes nuits ; envoûter mes rêves ; envoûter ma vie sociale ; envoûter ma vie financière ; envoûter mes capacités intellectuelles ; envoûter mes capacités sexuelles… je te chasse au nom de Jésus-Christ»

Jésus ou les premiers disciples ont-ils agit de la sorte ? Ont-ils enseigné l’importance de la démonologie et ont-ils proposé de tels listings de prière pour chasser toute emprise démoniaque dans la vie des uns et des autres ? Aucunement ! Le Nouveau Testament évoque bien sûr le diable et rapporte diverses scènes de délivrance, mais ni Jésus ni les premiers disciples nous enseignent qu’il est fondamental pour un chrétien d’étudier la vie des démons ou de réciter de telles incantations. L’Evangile des premiers chrétiens met l’emphase sur la connaissance de Dieu et sur la puissance de Dieu… plutôt que sur la vie trépidante des esprits impurs.

L’Evangile nous rapporte même une histoire intéressante où les disciples n’ont pas su chasser un démon chez une personne (Matthieu 17 v 19-21). Jésus aurait pu profiter de l’occasion pour leur servir un cours magistral de démonologie, ou leur reprocher leur manque de connaissance du «monde des ténèbres»… mais il n’en n’est rien ! Au lieu de cela, Jésus va simplement leur reprocher leur «incrédulité» et leur rappeler que dans le combat spirituel, il faut parfois «prier et jeûner». Jésus se contente de donner une clé ministérielle sans donner plus d’importance que cela à la démonologie. A méditer…

L’avertissement du pasteur David Wilkerson

Cet engouement excessif et inquiétant pour la démonologie, avait suscité une réaction intéressante du pasteur David Wilkerson (2). Extrait :

«Un certain nombre d’anciens sorciers convertis à Christ parcourent aujourd’hui le pays, en révélant que des satanistes et des sorciers pratiquants sont en train d’infiltrer l’Eglise, surtout les églises charismatiques. Certains de ces anciens sorciers ont même écrit des livres pour révéler l’existence d’un complot diabolique visant à faire infiltrer les églises chrétiennes par des agents de Satan qui se font passer pour des Chrétiens super spirituels. Leur objectif est de séduire et de détruire les pasteurs, et de conduire des multitudes de Chrétiens naïfs dans l’occultisme et la sorcellerie.

Ils disent aussi que beaucoup de ces agents de Satan sont déjà solidement établis dans de nombreuses églises, contrôlant le pasteur et l’assemblée, provoquant une grande confusion, des divorces et toutes sortes de pratiques mauvaises, et semant même la mort. Nous avons reçu de nombreuses lettres de Chrétiens qui nous disent que leur pasteur doit se trouver sous une influence démoniaque. Je crois que beaucoup de ces lettres sont tout à fait légitimes et fondées.

Chers saints de Dieu, ne permettons pas que la puissance du diable soit exaltée dans la maison de Dieu ! La puissance du Malin est limitée, et il ne peut en aucun cas passer au travers du mur de feu du Saint-Esprit ! Quand Jésus envoya Ses disciples avec la puissance de guérir les malades et de ressusciter les morts, ils revinrent et Lui dirent avec joie : « Seigneur, les démons mêmes nous sont soumis en ton nom ! » (Luc 10 :17).

Les seuls pasteurs qui peuvent tomber complètement sous le contrôle d’un sorcier ou d’une sorcière sont ceux qui vivent secrètement dans le péché, sans s’en repentir, ceux qui sont motivés par la convoitise ou le désir de la réussite, ou qui ont renié le Seigneur, par incrédulité ou négligence ! Mais un homme de Dieu qui est parvenu à mettre à mort les œuvres de la chair dans sa vie, et qui sait manier l’épée de l’Esprit, reconnaîtra aussitôt l’ennemi. Il discernera tous les pièges et saura résister au Malin, comme Paul le fit à Philippes avec la femme possédée d’un esprit de divination.

(…) Paul n’avait aucune crainte des puissances démoniaques. Il était conduit par le Saint-Esprit et rempli de la Parole de Dieu. Mais la Bible nous parle aussi d’un groupe de prétendus serviteurs de Dieu, qui furent littéralement attaqués, et terrassés, par un démon. Il s’agit des sept fils de Scéva. Un jour qu’ils s’efforçaient de chasser un démon d’un homme, en employant le nom de Jésus, l’esprit méchant se jeta sur eux, déchira leurs vêtements, et les fit fuir dans la rue, paniqués. Tout cela, parce qu’ils ne connaissaient pas Jésus. Ils n’étaient pas remplis de Christ !

(…) Les ministres de l’Evangile qui tombent profondément dans le péché ne peuvent pas prétendre que c’est parce qu’un démon a « sauté » un jour sur eux, ou parce qu’ils ont été séduits par une sorcière. Ils ont été entraînés par leurs propres convoitises et par les mauvais désirs de leur chair ! Ils ont quitté le lieu Très-Saint et ont commencé à parcourir le territoire du Malin !

Aucune assemblée qui marche dans la sainteté et dans la crainte de Dieu ne peut être séduite, ni contrôlée par un agent de Satan ou un démon. Seules les églises qui ne recherchent que leur plaisir, et qui ont rejeté la Bible et la sainteté, sont ouvertes à Satan, qui peut alors les infiltrer.

(…) Une assemblée qui baigne dans la présence de Jésus n’aura jamais besoin de hurler des ordres aux puissances des ténèbres. La simple présence de Jésus fera fuir tout ce qui est du Malin ! Satan et ses hordes de démons ne peuvent absolument pas tenir dans la présence manifestée de Jésus ! Le bon moyen de résister au diable, c’est d’être rempli de Jésus, en vivant dans Sa présence et dans la louange qui Lui est due !»

Et si on arrêtait de chasser des démons chez les mêmes chrétiens tous les dimanches ? Et si on arrêtait de nous intéresser à la démonologie plus qu’à Dieu ? Et si on se concentrait sur Dieu et sur sa puissance ?

Paul OHLOTT

source: actualitechretienne.wordpress.com

 



12/01/2017
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