EXORCISMES ET POSSESSIONS

EXORCISMES ET POSSESSIONS

La notion de l'Enfer chez les Hébreux

Origine de la doctrine de l’enfer chez les Hébreux :                                                                  

            Les rationalistes ont essayé d’expliquer sans surnaturel l’eschatologie individuelle des Hébreux. Les premiers eurent recours à la théorie des emprunts faits aux Grecs à l’époque de la domination grecque ou aux Chaldéens pendant la captivité. Leurs successeurs reculèrent la date et rapportèrent l’emprunt aux Égyptiens. Les plus récents, mieux renseignés par les découvertes de Ninive, attribuèrent la doctrine empruntée aux Assyriens, aux ou aux Perses. Plusieurs enfin aujourd’hui préfèrent recourir aux simples lois générales de l’évolution religieuse. D’abord, les Hébreux partagent la conception primitive, comme à la race sémite, du culte des ancêtres lequel ne laisse aucune place aux idées de sanction morale. Puis le Jahvéisme importe une eschatologie exclusivement nationale, au point que Jahvé n’avait d’abord aucune juridiction dans le še'ôl. Ces deux conceptions de Jahvé et du še'ôl indépendant de lui, bien que contradictoires, ont coexisté dans l’esprit des israélites jusqu’au VIIIe siècle avant Jésus-Christ. Voir Ps. LXXXVIII, 5 ; XXXI, 22-23 ; Is., XXXVIII, 18. Les anciens Israélites n’étaient pas scandalisés ni du bonheur des méchants, ni du malheur des justes, Jahvé ne s’occupant pas des individus, mais de la nation seule. Il punissait les méchants ici-bas directement ou dans leur postérité, Exod., XX, 5 ; Jos., VIII, 24 ; I Sam., III, 13 ; ou dans la Gen., XII, 17 ; XX, 18 ; Exod., XII, 29. On considérait comme une miséricorde qu’il fit tomber le châtiment sur les enfants I (III) Reg., XI, 12 ; XXI, 29. Contre ces théories de fatalisme et de désespérance et parallèlement au développement du Jahvéisme en véritable monothéisme, Jérémie, après avoir adhéré aux vieilles idées, XV, 4, commença une réaction individualiste et spiritualiste, XXXI, 19, 31, 34, développée par Ézéchiel, XIV, 12-20 ; XVIII, 4-30, popularisée enfin par plusieurs psaumes et par les Proverbes. Et encore il ne s’agissait d’abord que de rétribution terrestre : tout juste est ici-bas heureux, tout pêcheur malheureux. Ces idées, se heurtant à une expérience contraire, donnent lieu à d’ardentes discussions. Les uns résolvent la difficulté en ajoutant la responsabilité nationale à la responsabilité individuelle terrestre. Eccli., XXIII, 25 ; XL, 15 ; XLI, 6 ; Dan., IX, 7 ; Jud., VII, 28 ; Tob., III, 3 ; Baruch, I, 18-21 II, 26 ; III, 8. Ézéchiel maintient que l’expérience de l’individu répond toujours à ses mérites. L’Ecclésiaste nie expressément toutes ces solutions : il n’y a pas de sanction, VII, 15 ; II, 14 ; IX, 2 ; VIII, 10 ; les passages contradictoires, III, 17 ; XI, 9, 6 ; XII, 14 ; VIII, 12, sont probablement interpolés. Après Job, deux courants : le matérialisme à la suite de l’Ecclésiaste qui aboutira au sadducéisme ; le postulat de la vie future par la foi, à cause des difficultés de la vie morale (l’immanence chez les juifs !…). Celui-ci se développe en la théorie de la résurrection qui synthétise l’eschatologie nationaliste : les justes ressusciteront pour le royaume messianique ; les méchants pour la punition. Dan., XII, 2 ; Is., LXVI, 24.

            La théorie rationaliste est d‘abord essentiellement basée sur un remaniement chronologique et une interprétation tendancielle des textes qu’on ne peut s’empêcher de trouver très arbitraire ; on connaît le procédé : bouleversement des textes, d’où contradictions, évolutions diverses de théories, au gré, ou à peu près, des critiques. Ces faits et ce développement ont (pour les croyants) une origine surnaturelle. Dès le principe, l’eschatologie infernale juive se montre de beaucoup supérieure à toutes les eschatologies païennes, et son évolution marche avec une telle assurance vers la pleine lumière, contrairement à ce qui se passe chez les païens, que là aussi l’intervention de Dieu est aussi évidente. En effet, premièrement dans la doctrine juive, de l’imperfection, mais pas d’erreur, pas de mythes, pas de panthéisme, ni de métempsycose, ni de descriptions fabuleuses du royaume infernal, etc., comme en Égypte, en Assyrie, dans les Indes, en Grèce ou même en Perse. De plus, telle religion, telle eschatologie et la religion juive diffère, on sait combien, de toutes les anciennes religions purement humaines. L’homme est créé par Dieu et pour Dieu (relation de service et même d’amitié intime avec la divinité) et Dieu-providence veille sans cesse ici-bas et dans l’au-delà, sur tout l’ouvrage de ses mains (justice, sanction, etc.).

            L’évolution de la doctrine infernale juive est une marche assurée vers la pleine lumière, sans jamais aucune chute dans l’erreur ; comme il n’y eut jamais de fantaisie mythologique ou de rêverie chimérique, ainsi il n’y eut jamais, dans l’enseignement des Livres saints, de courant matérialiste ou de courant négateur de sanctions ultra-terrestres. Peu à peu le problème de ces sanctions définitives se précisa devant la réflexion et las révélation, sort des justes et sort des méchants, jusqu’aux sublimes explications des deutérocanoniques, prélude de l’Évangile.

                                                                                                            

6. – Pour résumer on remarque le développement de la doctrine dans l’ancien testament en trois phases : 1. Des origines aux prophètes, ce sont concepts rationnels vagues sur les sanctions ultraterrestres, préservés de toute erreur par l’Esprit divin qui inspire de plus en plus aux auteurs sacrés un vif sentiment des jugements inéluctables de Dieu. – 2. Les prophètesont la vision nette des sanctions elles-mêmes avec leur durée éternelle : existence d’un enfer de damnation et de supplices positifs sans fin. – 3. Les deutérocanoniques, avec un exposé plus étendu de ces supplices et de leurs rapports avec les péchés qui les méritent, commencement à étudier l’importance vitale universelle de cette doctrine de l’au-delà et à s’élever ainsi de plus en plus au-dessus de ce monde qui passe.   



08/01/2012
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