EXORCISMES ET POSSESSIONS

EXORCISMES ET POSSESSIONS

La possession peut-elle etre réduite à un cas d'hystérie?


Il ne faut pas céder à la tentation d’assimiler la possession à un cas d'hystérie ou à un délire psychotique meme si  la possession se présente comme un état dissociatif tel qu’il est décrit dans les psychoses schizophréniques ; mais la réponse à y apporter n’est jamais unique et unilatérale et ne doit pas être dissociée du contexte culturel dans lequel elle apparait.

Ainsi l’histoire des possédées de Loudun ne peut être rapportée à une schizophrénie présentée par toutes les religieuses d’un même couvent ; il est bien évident que sur la durée il ne peut y avoir des cas de psychoses ou d'hystérie collectives simultanées.

Pour les théologiens catholiques, le diagnostic différentiel entre maladie mentale et possession diabolique s’est fondé pendant un certain temps sur l’existence de phénomènes paranormaux. L’Église catholique a très nettement révisé sa position. Par exemple, dans le Praktisches Bibellexicon: « Étant donnée la ressemblance frappante entre la possession et les phénomènes décrits par la psychologie, aujourd’hui s’impose la plus extrême réserve. Ce qui, auparavant était considéré comme le signe certain de l’authenticité d’une possession ne peut plus aujourd’hui passer pour tel sans plus ample examen. »

Pourtant, d’autres théologiens et prêtres insistent sur le caractère réel et profondément néfaste des influences sataniques de tous ordres (infestation, obsession, possession), en remarquant avec Charles Baudelaire que « la plus grande ruse du démon est de faire croire qu’il n’existe pas ». Dom Amorth s’était ainsi une fois plaint à Jean-Paul II que nombre d’évêques ne croyaient pas au démon, et donc ne nommaient pas les prêtres qu’il fallait comme exorcistes. Le Pape lui avait répondu : « Celui qui ne croit pas au démon ne croit pas à l’Évangile. »

Les états du possédé

On distingue un état de calme et un état de crise. L’état de crise se traduit par des contorsions, des éclats de rage, des paroles impies et blasphématoires. Pendant la période de calme, tout est généralement oublié et le comportement redevient bien adapté, voire très pieux. 

Les symptômes de la possession

Selon les théologiens, il existe des signes permettant de porter le diagnostic de possession. Le Rituel romain énonce trois symptômes essentiels parmi d’autres qui auraient une valeur analogue : malheureusement la traduction de ce rituel limite ces signes à trois alors que la version latine avance que ces signes "possunt" (peuvent être) entre autres ceux qui sont décrits mais cela n’est pas limitatif.

parler ou comprendre une langue inconnue (glossolalie) ;

découvrir les choses éloignées et secrètes (voyance) ;faire montre d’une force inexplicable par l’habitus physique de la personne considérée (psychokinèse).

Les gestes pieux mettent le possédé dans une rage folle et le conduisent à blasphémer horriblement. L’amnésie de la possession est fréquente, et souvent constante.

Les marques du diable, pour l’Église du Moyen Âge, ne se limitaient pas aux trois signes, aujourd’hui mentionnés par le rituel romain; on donnait même la préséance à d’autres symptômes tels que la lévitation et surtout des zones d’anesthésie, des points du corps anormalement insensibles .

Remèdes

Il est utile de considérer les « remèdes » proposés par l’Église. Les catholiques proposent pour venir à bout de la possession :

  • la confession générale (relative à l’ensemble de la vie passée)
  • le jeûne
  • la prière
  • la communion
  • Les objets bénis et surtout l’eau bénite (dont le rituel dit qu’elle « chasse le démon » mieux à son aise dans les flammes de l’enfer)
  • L’exorcisme qui consiste, au nom du Christ, à intimer au démon l’ordre d’avouer son nom, puis de quitter le possédé.
  •  Dans l’orthodoxie, cette phase passe par un long rituel et la répétition de prières spéciales impressionnantes, pratique comparables à celles du film L’Exorciste.
La possession en psychiatrie

En psychiatrie, la possession n’est pas envisagée comme un phénomène religieux mais comme une forme de délire au cours duquel le malade se croit habité par un être surnaturel qui parle par sa bouche, mobilise sa langue malgré lui et dirige ses mouvements (Henri Aubin, Manuel alphabétique de psychiatrie).

Cette forme de délire se retrouve dans différentes affections organiques (encéphalites, intoxication), ou non organiques : mélancolie, schizophrénie. Il semble se produire comme moyen d’expression occasionnel d’un désarroi organique ou culturel en Afrique et peut aussi révéler des phénomènes d’acculturation lors d’une émigration.

On définit le trouble "personnalité multiple par la coexistence, chez un même individu de deux ou plusieurs états de personnalités distincts qu’ils aient une mémoire propre, des modalités comportementales spécifiques et leurs propres styles de relation sociale ou qu’ils partagent une partie de ces différents items. Les deux esprits se combattent dans un même champ qui est le corps, et l’âme est comme partagée; selon une partie de soi, elle est le sujet des impressions diaboliques, et, selon l’autre, des mouvements qui lui sont propres et que Dieu lui donne". Ce type de trouble commence à s’installer dès l’enfance mais n’est, le plus souvent, remarqué par les cliniciens que beaucoup plus tard; il s’agit presque toujours de filles (60 à 90 %).

Le passage d’une personnalité à une autre est généralement brusque (quelques minutes). La transition est sous la dépendance du contexte relationnel. Les transitions peuvent survenir également lorsqu’il y a conflit entre les différentes personnalités ou lorsque ces dernières ont mis au point un plan commun. Les personnalités peuvent être diamétralement opposées dans leurs caractéristiques et différer même quant aux tests psychologiques et physiologiques: elles peuvent nécessiter par exemple des verres correcteurs différents, répondre de manière différente au même traitement et avoir des QI différents. On décrit l’existence de complications éventuelles, telles que suicide, automutilation, agression, viol, toxicomanie, etc.

La schizophrénie peut aboutir elle aussi au sentiment d’être possédé. Dans ce cas l’entourage discerne plus facilement qu’il s’agit d’un trouble de la personnalité et non d’un phénomène mystique.

Le Vatican et les cas de possession

Le Vatican invite les candidats à l’exorcisme à s’adresser à des psychiatres. Depuis que lapsychanalyse existe, on sait que le diable n’est plus forcément à l’origine des troubles psychiques qui peuvent affecter l’homme. Aux yeux de l’Église, celui qui se dit possédé ne l’est pas forcément, et a souvent plus besoin de l’aide d’un psychiatre que de celle d’un exorciste. Or, les prêtres-exorcistes n’avaient jusqu’à ce jour qu’un rituel vieux de près de quatre cents ans pour pratiquer leur ministère. Ils peuvent maintenant compter sur un nouveau rituel, qui intègre l’évolution de la médecine et de la psychiatrie. Ce document de 70 pages, entièrement en latin et conforme aux décrets du Concile Vatican II, remplace les formules et les prières du chapitre XII du Rituel romain.

Le texte met en garde contre l’imagination des hommes qui peut les porter à croire qu’ils sont la proie du démon. Dans tous les cas, il faut vérifier que celui qui se dit possédé par le démon le soit vraiment. Le texte recommande de distinguer entre une véritable intervention diabolique et la crédulité de certains fidèles qui pensent être l’objet de maléfices ou de malédictions. "Il ne faut pas leur refuser une aide spirituelle, mais il ne faut pas à tout prix pratiquer un exorcisme."

Le document poursuit : « L’exorciste décidera avec prudence de la nécessité d’utiliser le rite d’exorcisme après avoir procédé à une enquête diligente – dans le respect du secret confessionnel – et après avoir consulté, selon les possibilités, des experts en matière spirituelle, et, s’il est jugé opportun, des spécialistes en science médicale et psychiatrique, qui ont le sens des réalités spirituelles. » Tout en manifestant une grande prudence, l’Église n’exclut donc pas l’emprise du démon sur certaines personnes.

Elle distingue entre l’exorcisme mineur, fait de prières, et le grand exorcisme, qui consiste en une célébration liturgique. C’est le plus impressionnant, celui dont s’inspirent généralement les films d’épouvante. Le nouveau rituel l’a quelque peu simplifié. Ainsi, les prières s’adressant aux démons ont disparu. Le rite comprend entre autres une aspersion d’eau bénite, diverses prières, l’imposition des mains, la présentation d’un crucifix au possédé, et une formule impérative qui s’adresse directement au diable et lui ordonne de s’en aller. Ce rite spectaculaire s’avère rarement utilisé. Les autorités ecclésiastiques préfèrent souvent créer des structures d’écoute et offrir un soutien psychologique aux personnes en difficulté.

Les cas réels de possession sont dits rares, mais à notre époque où l’ésotéro-occultisme attire beaucoup, en particulier chez les jeunes, de nombreuses personnes témoignent avoir été délivrés par des exorcismes ou des prières de délivrance. L’exorciste de Rome, Dom Amorth, explique qu’en général, les personnes ne sont totalement délivrées qu’après deux à trois ans de prières de bénédiction (nom qu’il donne à la prière d’exorcisme) à raison d’une toutes les deux ou trois semaines, et dans la mesure où elles adoptent une vie de prière et un comportement éloigné des pratiques à risque.sources:wikipédia,Didier Paravel.

 



17/02/2012
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