EXORCISMES ET POSSESSIONS

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Le curé d'Ars et les infestations diaboliques

Vers la fin de 1823, le curé d'Ars commence à entendre des bruits anormaux dans le presbytère. Pensant qu'il s'agit de voleurs, il demande à un jeune homme, André Verchère, de monter la garde une nuit. Vers une heure du matin, celui-ci, se trouvant dans la chambre mise à sa disposition, entend secouer avec violence la poignée et le loquet de la porte de la cour et donner comme des coups de massue sur cette même porte. Il regarde par la fenêtre mais ne voit personne à l'extérieur près de la porte. Puis le bruit continue dans une autre partie du presbytère et toute la maison tremble. Le curé d'Ars vient trouver Verchère dans sa chambre et lui demande « Avez-vous entendu du bruit ? » (La question est au passé, ce qui suggère que le bruit a cessé quand Verchère a le curé sous les yeux.) Verchère répond qu'il a entendu du bruit mais n'a rien vu à l'extérieur. Le curé d'Ars dit à Verchère de se recoucher et Verchère n'entendra plus rien de la nuit. Le curé d'Ars lui demande de revenir le soir suivant, mais, trop effrayé, il refuse. Pendant trois semaines, d'autres hommes montent la garde. Le curé d'Ars dit toujours entendre les bruits anormaux, mais ceux qui lui tiennent compagnie n'entendent jamais rien. Le curé d'Ars se persuade que les bruits sont d'origine satanique. Jusqu'à la fin de sa vie, il dira être tourmenté par le diable, qu'il surnomme « le grappin ».

L'abbé Raymond, sceptique en cela comme en beaucoup de choses, pensait que la plupart des diableries d'Ars étaient « des effets naturels d'un cerveau fatigué ». Il admettait cependant que certains faits produits au presbytère de Saint-Trivier ne pouvaient s'expliquer de cette façon. Les faits de Saint-Trivier sont les suivants : pendant l'hiver 1826-1827, une mission est prêchée à Saint-Trivier-sur-Moignans et plusieurs prêtres, parmi lesquels le curé d'Ars, logent au presbytère ; une nuit, on entend un grand bruit et la cure tremble; on accourt à la chambre du curé d'Ars et on le trouve dans son lit, qui a été amené au milieu de la chambre; le curé d'Ars déclare que c'est le diable qui a déplacé le lit142.

Il arrivait même que les bruits diaboliques fussent entendus au presbytère en l'absence du curé d'Ars, si on en croit l'abbé Denis Chaland, qui, devenu adulte, raconte qu'avec d'autres enfants, chez qui la curiosité l'emportait sur la crainte, il alla souvent se mettre à l'écoute aux abords du presbytère à la nuit tombée et qu'il entendit une voix paraissant sortir de la cure qui criait « Vianney ! Vianney ! », ce qui se serait passé plus de vingt fois, aussi bien en l'absence qu'en la présence du curé. Mgr Fourrey fait cependant ce commentaire : « Évidemment, l'imagination des enfants pouvait aller bon train. »

Le même Denis Chaland, contrairement aux autres témoins de ces sortes de faits, dit avoir perçu les phénomènes diaboliques alors même qu'il avait le curé d'Ars sous les yeux. En effet, lors d'une confession au cours de laquelle le curé d'Ars lui confirma qu'il avait la vocation religieuse, le diable fit trembler la pièce.

On a vu que l'abbé Raymond considérait la plupart des phénomènes diaboliques qui tourmentaient le curé d'Ars comme les effets naturels d'un cerveau fatigué. Cette explication est rejetée par le Dr Saunier, qui fut le médecin du curé d'Ars, en raison du parfait équilibre psychologique du curé et de la sûreté de son jugement. Toutefois, un autre médecin qui examina le curé d'Ars mentionne dans son ordonnance « les affections nerveuses auxquelles il est sujet ». De même, la châtelaine d'Ars, grande admiratrice du curé, parle de « cette fièvre qui l'agitait sur son pauvre grabat ».

Les assauts nocturnes que le curé d'Ars subissait de la part du diable lui permettaient de complaire à la curiosité de Catherine Lassagne, qui « aimait les nouveautés ». Il lui racontait par exemple que, la nuit, sa discipline s'était mise à marcher comme un serpent, ou encore que le diable avait essayé de le tuer et chantait dans la cheminée comme un rossignol. Catherine Lassagne notait fidèlement ces confidences, mais Mgr Fourrey se demande si, quand le curé d'Ars faisait de tels récits, « l'accent plaisant du pasteur ne donnait pas à certaines de ses paroles une signification où l'humour avait sa place ».

 

sourec: wikipédia



23/05/2012
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