EXORCISMES ET POSSESSIONS

EXORCISMES ET POSSESSIONS

Les phénomènes diaboliques

Tome II-Partie -5- Chapitre 6 
Les phénomènes diabolique-1- 

Nom de l'auteur:
P. Garrigou-Lagrange.o.p.
Tome II-Partie -5- Chapitre 6 
Les phénomènes diaboliques-1- 

Les persécutions du démon comprennent tout ce qu'on peut avoir à souffrir de lui : les tentations, l'obsession, la possession. Il faut à ce sujet rappeler d'abord le principe théologique qui éclaire ces problèmes : l'action du démon ne dépasse point la partie sensible de l'âme et ne peut s'exercer immédiatement sur l'intelligence, ni sur la volonté.

Saint Thomas dit en substance (2) Comme tout agent agit pour une fin qui lui est proportionnée, l'ordre ou la subordination des agents correspond à l'ordre des fins ; or Dieu seul a pu ordonner notre intelligence au vrai universel et notre volonté au bien universel, finalement à Lui-même, Souverain Bien ; donc Lui seul peut agir immédiatement sur notre intelligence et notre volonté, selon leur inclination naturelle, qui vient de Lui, et qu'il conserve. » Salas Deus illabilur in anima.

Mais, avec la permission de Dieu, le démon peut notrenous attaquer en agissant sur notre imagination, sensibilité, sur les objets extérieurs et sur notre corps pour nous porter au mal (3).

Souvent il se borne à la tentation, par manière de suggestion et de mouvements plus ou moins impétueux; mais son action va quelquefois jusqu'à l'obsession et même en quelques cas jusqu'à la possession.

Il faut se garder ici de deux excès : attribuer au démon ce qui provient de la triple concupiscence ou de certains états morbides, ou au contraire ne vouloir admettre en aucun cas son intervention, malgré ce que nous en dit l'Écriture et la Tradition.

Nous résumerons ici l'enseignement traditionnel sur l'obsession et la possession. 

De l'obsession 

L'obsession est une suite de tentations plus violentes et plus prolongées que les tentations ordinaires. Il est rare que le démon n'agisse que sur les sens extérieurs ; il provoque le plus souvent par l'imagination de vives impressions de la sensibilité pour troubler l'âme.

Il arrive qu'il agisse sur la vue par des apparitions repoussantes ou au contraire séduisantes (4); sur l'ouïe, en faisant du tapage 5) ou en faisant entendre des paroles blasphématoires ou obscènes (6); sur le toucher, en infligeant des coups ou par des embrassements de nature à porter au mal (7). Il est des cas où ces apparitions ne sont pas corporelle, mais imaginaires ou produites, comme l'hallucination, par surexcitation nerveuse.

L'action directe du démon sur l'imagination, la mémoire, les passions, peut produire des images obsédantes, qui persistent malgré des efforts énergiques et qui portent à la colère, à de très vives antipathies ou à des tendresses dangereuses, ou encore au découragement avec angoisse. Ceux que l'ennemi du bien persécute ainsi éprouvent parfois que leur imagination est comme liée par des ténèbres épaisses, et ils sentent sur leur coeur une pesanteur qui les oppresse. C'est une impuissance toute différente de celle qui provient de l'action divine qui, en donnant la contemplation infuse, rend plus ou moins impraticable la méditation discursive. L'ennemi de Dieu jaloux d'imiter l'action divine cherche à faire dévier l'effet de celle- ci, de telle sorte que, dans les purifications passives, l'âme se trouve parfois entre l'action spéciale de Dieu qui la porte à une vie spirituelle plus dégagée des sens et une action inverse qui frappe d'impuissance à sa manière pour faire dévier l'effet de l'action divine et porter à tout confondre.

Si les tentations dont nous venons de parler sont sou-daines, violentes et persistantes, et qu'aucune maladie ne les explique, on peut y voir une influence spéciale du démon.

L'obsession peut être si forte qu'elle mérite le nom de siège diabolique. Comme le dit Scaramelli (8), « dans le siège diabolique, le démon se tient auprès de la personne qu'il assiège comme un capitaine se tient auprès d'une place qu'il serre de près avec ses troupes ; mais il n'a aucun pouvoir stable et permanent sur le corps de la personne obsédée (ce qui n'arrive que dans la possession);. et, le temps de la purification  terminé, le démon, sans exorcismes, sans injonction, lève lui-même le siège et s'en va ».

A quel signe peut-on reconnaître que l'obsession se rapporte à la purification passive des sens? — Il faut voir si la personne obsédée travaille sérieusement à sa perfection, en particulier si elle est humble, obéissante, cha­ritable et s'il y a les trois signes de la nuit des sens indiqués par saint Jean de la Croix. Il arrive, au contraire, que des personnes astucieuses, très fines, cherchent, pour des motifs intéressés, à se faire passer pour des victimes du démon, de façon surtout à excuser les fautes extérieures par trop compromettantes qu'elles commettent.

A l'égard des personnes obsédées, le directeur doit être prudent et bon ; il ne doit pas croire trop vite à une véritable obsession; il doit rappeler d'abord comment il faut résister à la tentation, en montrant qu'elle est une occasion d'acquérir de grands mérites par une réaction salutaire, très ferme, parfois héroïque et en nous tenant dans l'humilité. Il doit rappeler que les principaux remèdes sont la prière humble et confiante, le recours à la Vierge immaculée, à saint Michel, à notre ange gardien, l'usage confiant des sacrements et des sacramentaux, le mépris du démon, qui peut bien aboyer, mais qui ne peut mordre que ceux qui s'approchent de lui.

Le directeur doit rappeler aussi, si dans la violence de la tentation des désordres se produisent sans aucun consentement, qu'il n'y a pas là de péché. Dans le cas de doute, il jugera qu'il n'y a pas de faute grave quand il s'agit d'une personne qui est habituellement bien disposée.

S'il voit que l'obsession fait partie de la purification passive des sens ou de l'esprit, il donnera les conseils appropriés que nous avons rappelés plus haut à ce sujet (9).

Enfin si l'obsession diabolique est moralement certaine ou très probable, on peut employer, d'une façon privée, les exorcismes prescrits par le Rituel romain ou des formules abrégées. Pour éviter de troubler la personne ou de l'exalter, il vaut généralement mieux ne pas la préve­nir qu'on va prononcer sur elle les paroles de l'exorcisme privé, il suffit de lui dire qu'on va réciter sur elle une prière approuvée par l'Église. 

De la possession 

Qu'est-ce que la possession ? Par la possession, if démon demeure réellement dans le corps du patient, au lieu seulement de faire sentir son action du dehors, comme dans l'obsession. De plus, en agissant ainsi du dedans, non seulement il empêche le libre usage des facultés de l'homme, mais il parle et agit lui-même par les organes du possédé, sans que celui-ci puisse l'empêcher, et même généralement sans que celui-ci s'en aperçoive.

Quand on dit que le démon demeure dans le corps de la personne, ce n'est pas comme l'âme même qui informe le corps, mais comme un moteur qui, par le corps, agit sur l'âme; il agit directement sur les membres du corps, leur fait exécuter toutes sortes de mouvements, et il agit indirectement sur les facultés dans la mesure où elles dépendent du corps pour leurs opérations.

On distingue dans les possédés l'étal de crise, avec contorsions, éclats de rage, paroles blasphématoires et l'état de calme. Pendant la crise, le patient perd généralement, ce semble, le sentiment de ce qui se passe en lui, car ensuite il ne conserve aucun souvenir de ce que le démon a, dit-on, fait par lui. Cependant, il y a exceptionnellement des possédés qui gardent conscience de ce qui se passe en eux pendant la crise ; ce fut, semble-t-il, le cas du P. Surin, qui, en exorcisant les Ursulines de Loudun, devint lui-même possédé ou au moins obsédé. Il disait : « Il me reste alors très peu d'actions où je sois libre (10). »

Dans l'état de calme, on dirait que le démon s'est retiré, bien qu'il reste encore parfois des infirmités chroniques que les médecins ne parviennent pas à guérir.

Généralement, la possession est plutôt une punition qu'une épreuve purifiante. Cependant, il y a des excep­tions, comme dans le cas du P. Surin, dans celui de la Bse Eustochium de Padoue, béatifiée par Clément XIII, le 22 mars 1760 (11), dans celui de Marie des Vallées, fille spirituelle de saint Jean Eudes (12). Il faut aussi citer le cas plus récent de Soeur Marie de Jésus-Crucifié, carmélite arabe, morte en odeur de sainteté à Bethléem, en 1878, et dont la cause de béatification est introduite. Elle fut deux fois victime de la possession ou au moins d'une très forte obsession, d'abord au Carmel de Pau, puis à celui de Mangalore (13). Il y a eu d'autres cas semblables, où la possession était un phénomène concomitant de la purification passive des sens ou celle de l'esprit, chez des àmes qui se sont offertes en victimes pour les pécheurs.

Quels sont les signes de la véritable possession? Il faut être bien attentif pour la distinguer de certains cas de monomanie et d'aliénation mentale qui lui ressemblent. D'après le Rituel romain (De exorcizandis obsessis a dœmonio), il y a trois signes principaux : « Parler une langue inconnue en faisant usage de plusieurs mots de cette langue ou comprendre celui qui la parle ; découvrir les choses éloignées et occultes; manifester une force qui dépasse les forces naturelles du sujet vu son fige et son état. Ces signes et autres semblables, lorsqu'ils se trouvent réunis en grand nombre, sont les plus forts indices de la possession. » Ils sont particulièrement frappants, par exemple si une personne qui ignore à la fois le latin et la théologie ou n'en connaît que les rudiments parle en un latin correct et même élégant des problèmes les plus difficiles de la théologie, comme celui de la gratuité de la prédestination (14). On cite sans doute des cas d'exaltation morbide réveillant dans la mémoire des langues oubliées ou des fragments entendus, mais le Rituel demande ici beaucoup plus, nous venons de le voir. Comme phénomène préternaturel qui accompagne la possession, il y a parfois la lévitation, qui se présente avec des circonstances telles qu'on ne puisse l'attribuer à Dieu ni aux bons anges, mais qu'on doive l'attribuer au démon, comme il arriva, selon une tradition, pour Simon le magicien, qui, dit-on, fut élevé en l'air et tomba.

Un autre indice de la possession se trouve en ceci qu'au contact d'un objet saint ou à la récitation de certaines prières liturgiques, la personne qu'on croit possédée entre en fureur et blasphème horriblement. C'est plus significatif lorsque ceci se fait à l'insu de la personne, de telle sorte que la réaction ne soit pas produite par elle, par son mauvais vouloir ou pour simuler la possession.

On a remarqué, à propos de ces signes, que dans la grande hystérie il y a des phénomènes analogues (15). Analogue, oui, mais non pas spécifiquement semblables, jusqu'à disserter en une langue inconnue et de façon savante sur des problèmes que le sujet ne connaît point, comme la prédestination ou l'efficacité de la grâce. De plus, le démon peut produire soit des maladies nerveuses, soit des phénomènes extérieurs analogue: à ceux des névroses ; il peut aussi se servir d'une maladie existante et mettre le malade dans un état d'exaspération.

Quels sont les remèdes contre la possession.")Comme l'indique le Rituel :
1° Il faut faire pénitence et purifier sa conscience par une bonne confession.
2' Communier le plus souvent possible, d'après les conseils d'un confesseur prudent et éclairé. Plus on est pur et mortifié, moins le démon a prise sur nous, et la sainte communion met en nous l'Auteur de la grâce qui est le vainqueur de Satan. Cependant la sainte communion ne doit être donnée que dans les moments de calme. 3" 11 faut implorer souvent la miséricorde de Dieu par la prière et par le jeûne. 
4° On doit user avec grand esprit de foi des sacramentaux, en particulier du signe de la croix et de l'eau bénite (16) Il faut recourir avec confiance à l'invocation du Saint Nom de Jésus, de son humilité, de son immense amour. 
5' Enfin les exorcismes ont été institués pour la délivrance des possédés en vertu du pouvoir de chasser les démons que Jésus-Christ a laissé à l'Église. Mais l'exorcisne solennel ne peut être fait que par des prêtres choisis par l'évêque du lieu et avec l'autorisation spéciale de celui-ci.

Le Rituel donne aux exorcistes le conseil de se préparer à cette fonction difficile par la prière, le jeûne et par une humble et sincère confession, afin que le démon ne puisse leur reprocher à eux-mêmes leurs fautes. De plus, l'exorcisme solennel ne doit se faire, généralement du moins, que dans une église ou chapelle. L'exorciste doit être accompagné de témoins graves et pieux, assez robustes pour maîtriser le patient s'il est nécessaire. Enfin l'exorciste doit procéder aux interrogations avec autorité, en écartant tout ce qui est inutile. Il somme le démon ou les démons de déclarer le motif de la possession et de dire quand elle cessera. Pour y obliger l'ennemi de Dieu , il faut redoubler les adjurations qui semblent l'irriter davantage, les invocations des Saints Noms de Jésus et de Marie. Si l'esprit malin fait des réponses mordantes et risibles, il faut lui imposer silence avec autorité et dignité. Les témoins doivent être peu nombreux, ils ne doivent pas faire de questions, mais prier silencieusement. Il faut continuer les exorcismes plusieurs heures et même plusieurs jours, avec des intervalles de répit, jusqu'à la délivrance qui doit être suivie des prières d'action de grâces.

Bien des auteurs remarquent que les exorcismes ne sont pas toujours efficaces contre l'obsession ; ils ne déli­vrent pas complètement d'une obsession qui fait partie des purifications passives, car Dieu la permet pour un temps connu de lui, en vue des grands avantages que l'âme doit retirer *ie cette épreuve.

Un exemple frappant 

Après avoir particulièrement étudié les vexations diaboliques que dut subir Soeur Marie de Jésus-Crucifié au Car­mel de Pau, en 1868, puis à celui de Mangalore, en 1871, non seulement d'après la Vie écrite par le P. Estrate et celle plus courte composé par le P. Buzy, mais aussi d'après les témoignages recueillis par ses directeurs et ses supérieures, nous sommes convaincus qu'il y a eu là, à deux reprises, une possession ou au moins une forte obsession qui a enlevé à la servante de Dieu la respon­sabilité de certains actes extérieurs courte sortie de la clôture, qui n'était pas encore canoniquement établie) et de certaines paroles contraires à l'humilité et à l'obéissance, vertus qu'elle a héroïquement pratiquées, même en ces périodes obscures, dès qu'elle retrouvait l'usage de ses facultés (17).

Nous pensons qu'il y a eu dans ce cas non une punition, mais une épreuve et un très grand mérite. Comme le montre le P. Estrate, qui fut un des directeurs de cette vaillante carmélite (18), elle supporta ces vexations diaboliques avec une patience héroïque, un très grand esprit de foi, une confiance en Dieu admirable, un ardent amour de Dieu et des âmes; elle répondait des heures entières à toutes les suggestions du démon, tant qu'elle conservait la liberté de ses mouvements et l'usage de la parole. Le démon eut la permission de l'attaquer cent fois au Carmel de Pau, et il chercha par tous les moyens à lui faire pousser une plainte; « toujours vaincu, il demanda au Maître de ne plus continuer la lutte. Jésus l'obligea à poursuivre ». La servante de Dieu ne cessait de répondre à ses assauts par des paroles comme celles-ci : « J'offre mes souffrances pour les ennemis de Jésus, afin qu'ils l'aiment comme saint Jean. » Le démon était forcé de dire : « Savez-vous pourquoi la petite Arabe parle ainsi? Pourquoi elle est forte? Parce qu'elle marche à la suite du Maitre. '» Finalement au bout de quarante jours elle fut délivrée (19).

On voit dans cet exemple une des plus grandes épreuves qui puisse accompagner les purifications passives des sens ou de l'esprit. On saisit sur le vif la vérité de ce que dit à ce sujet saisit Jean de la Croix, Nuit obscure, 1. 11, ch. xxiii : « II s'agit d'une guerre ouverte entre deux esprits... Dieu, selon la mesure ou le mode, par lesquels il attire une âme, donne licence au démon et le laisse agir contre elle de semblable manière » (c'est-à-dire si Dieu accorde à l'âme des faveurs extraordinaires, il permet souvent au démon de combattre comme à armes égales, par des vexations extraordinaires)... « Quelquefois, continue saint Jean de la Croix, le démon terrifie l'âme, et aucun tourment de cette vie n'est comparable à celui-là. Cette communication d'horreur se fait d'esprit à esprit. » Tous les auteurs de théologie mystique parent de même, et il y a des faits semblables dans la vie de bien des saints canonisés.

L'exemple que nous venons de rapporter et d'autres plus ou moins semblables s'éclairent à la lumière de ce qu'enseigne saint Jean de la Croix dans le même ouvrage sur la nuit des sens et celle de l'esprit. Ce sont deux tunnels que doivent traverser les âmes généreuses appe­lées à une haute perfection, à la vraie sainteté. Si une âme sort du premier tunnel avec l'héroïcité des vertus, et si, à la sortie du second, l'hé'roïcité des vertus est plus manifeste encore, c'est un signe certain qu'elle n'a pas déraillé dans ces passages si obscurs et si difficiles, mais au contraire qu'elle y a gagné de très grands mérites; ces épreuves sont plus particulièrement douloureuses pour les âmes qui ont une vocation réparatrice et qui doivent, à l'exemple de Notre-Seigneur, souffrir pour le salut des pécheurs.

Il se peut qu'en ces nuits obscures si pénibles, il v ait parfois quelque fauté, mème grave, comme il arriva à l'apôtre saint Pierre pendant la nuit obscure de la Passion du Sauveur; mais si, comli.e lui, l'âme éprouvée se relève aussitôt avec un profond repentir, elle reçoit une augmentation notable de grâce et de charité, et elle continue son ascension là même où elle avait trébuché un instant. « Sic poenitens quandoque resurgit in majori gralia », dit saint Thomas, III', q. 89, a . 2 (20).

Il suit de là que ces périodes obscures dans la vie des serviteurs de Dieu, loin d'être un obstacle à leur béatification. montrent au contraire davantage l'héioïcité de leurs vertus. Ceux qui les ont traversées ont triomphé des plus difficiles épreuves que rencontrent ici-bas les saints, ceux surtout qui luttent plus directement contre le démon, ceux qui manifestent ainsi davantage la profondeur du règne de Dieu dans les âmes qui lui sont pleine­ment soumises. Ainsi se réalisent parfois de façon extraordinaires les paroles de saint Paul (I Cor., 1, 27) : « Ce que le monde lient pour insensé, c'est ce que Dieu à choisi pour confondre les forts; el ce qui dans le monde est sans considération et sans puissance, ce qui n'est rien, Dieu l'a choisi pour réduire à néant ce qui est. »

NOTE 

Comme il est dit dans le Dict. Théol. Catis., art. « Possession », col. 2643 : « En nos civilisations occidentales, on serait porté à dire que le diable a plutôt intérêt à dissimuler son action. Ne tient-il pas les hommes d'autant mieux que ceux-ci l'ignorent ou le nient? » Mais, comme le remarque le P. L. de Grandmaison (Jésus-Christ, t. Il, pp. 349 354) : « Dans les régions où l'Évangile pénètre pour la première fois avec intensité. il se heurte encore, comme aux jours anciens, à une sorte de pouvoir occulte, usurpé mais établi, qui rappelle tout à fait, par ses résistances et ses manifestations, les convulsions des méchants démons en face de Jésus. Il n'y a guère de missionnaire en ces contrées qui ne s'y soit heurté. »

Pourquoi Dieu permet-il ces manifestations diaboliques? Saint Bonaventure répond, In Il"- Sent.. dist. Vitt, part. Il, q. art. unie. : « C'est soit en vue de manifester sa gloire (en contraignant le démon, par la bouche du possédé, à confesser par exemple la divinité du Christ), soit pour la punition du péché, soit pour la correction du pécheur, soit pour notre instruction. »

Pratiquement, il ne faut admettre la possession que sur preuves ou indices solides, et ici le directeur de conscience doit s'aider de l'avis d'un médecin expérimenté. On lit dans la Vie de saint Philippe de Néri, par le cardinal Capecelatro, t. 1, p. 468: Quoique Philippe de Néri estimât que les personnes que l'on croit possédées du démon sont, pour la plupart. ou malades, ou mélancoliques, ou folles, néanmoins, jugeant vraiment possédée une certaine Catherine, noble dame d'Aver­ser, il la délivra de ce teerible mal. »

Sur la tentation en général et ses causes, nous conseillons de lire les excellents articles du Il. P. MASSON, O. P.. publiés dans La l'ie Spirituelle, de 1923 à 1926 : I. La tentation en général, sa nature, son universalité, sa nécessité (1923, p. 1o8). — Il. Ses sources : La chair, id., pp. 193, 333; le monde, p. 421; le démon, ibid., 1924, p. 270 (le tentateur, son oeuvre, p. 384; son mode de suggestion, par ruse, par violence, son opiniâtreté; les limites de son pouvoir; la résistance à la tentation). — III. Le processus de la tentation (ibid., 1926, p. 493). — IV. Fin de la tentation (ibid., 1926, p. 644) du côté du démon, du côté de Dieu : pourquoi permet-il les tentations? Justice et miséricorde. 

 

source: site "p.garrigou- lagrange-op"



27/05/2012
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