Dans l’archidiocèse de Kinshasa, une paroisse sur quatre a son prêtre exorciseur. Selon l’horaire fixé par ce dernier, foule de gens prennent d’assaut sa résidence pour lui soumettre des problèmes spirituels et cas de possession démo­niaque. Cela à tour de rôle. Le matin et le soir. Dans la plupart des cas, la réponse et la guérison étaient au rendez-vous. Mais les séances d’exorcisme, en cas de possession démonia­que, n’étaient pas autorisées par l’ordre épiscopal. Mgr Monsengwo interdit ces séances. Les fidèles réagissent.

L’archevêque de Kinshasa, Mgr Laurent Monsengwo Pasinya, a décidé d’interdire la prière d’exorcisme faite par les prêtres (abbés et pères) de sa juridiction apostolique, en cas de possession démoniaque. Il l’a fait savoir dans sa communica­tion du 10 mai dernier aux agents pastoraux et fidèles de l’archevêché de Kinshasa.

Pour le prélat catholique, “ en dehors de la prière d’exorcisme prévue dans l’administration du baptême, le pouvoir d’exorcisme, en cas de possession démoniaque, est réservé à l’ordre épiscopal ”. Et d’ajouter : “ Les prêtres n’exercent ce ministère qu’en vertu d’une nomination expresse de l’Evêque ”. Une telle nomination, renseigne Mgr l’archevêque de Kinshasa, n’a pas encore été faite dans l’ar­chidiocèse.

Aussi, note-t-il, “ il ­est demandé aux prêtres de ne pas induire les fidèles en er­reur en cette matière très grave ”.

Des questions continuent à fuser de partout. Pourquoi Mgr Monsengwo a-t-il pris cette mesure ? Y a-t-il eu dérapa­ges ? Des enfants-sorciers et autres possédés ont-ils été dénoncés ? Cela aurait-il entraîné la dislocation des familles ? Les séances d’exorcisme étaient-elles monnayées ? Les prêtres exorciseurs auraient-ils créé des jaloux parmi leurs confrères ne possédant pas ce don de chas­ser les esprits démoniaques ? Pourquoi ses prédécesseurs n’ont-ils pas pris une telle mesure ? Autant de questions que se posent les fidèles, catholiques ou non, qui fréquentaient ces hommes de Dieu.

La décision de l’archevê­que de Kinshasa n’a pas rencontré l’assentiment de tous les fidèles, même si ce dernier a mis fin à une certaine anarchie dans le domaine d’exorcisme. En ef­fet, la plupart d’entre eux, abor­dés par Le Potentiel, sollicitent l’indulgence de Mgr. Monsengwo pour conférer l’exorcistat à ces prêtres. Cela après une enquête pour répertorier tous ceux qui ont réelle­ment ce don et qui ont effecti­vement sauvé des vies empri­sonnées par le Diable et ses démons.

Ces fidèles reconnaissent les effets bénéfiques des séan­ces de prière des exorcistes. Des “ malades ” ont finalement été guéris. Et cela à contribué à ramener la paix et la sérénité dans bien des familles. Comme en témoigne cette femme, qui a requis l’anonymat et dont le mari était possédé par les mauvais esprits.

“ Que Mgr l’archevêque revoit sa déci­sion ou procède carrément à la nomination des exorciseurs. Les résultats ob­tenus par ces derniers ont commencé à contribuer au retour au bercail des brebis qui sont allées chercher des guérisons spirituelles dans des sectes religieuses ou égli­ses dites de réveil ”.

Un homme, également sous le coup de l’anonymat, craint que cette mesure de l’archevêque de Kinshasa “ amène les gens à se rendre dans les diocèses des provinces du Bas-Congo et du Bandundu, proches de la capitale pour chercher la guérison que Mgr Monsengwo leur refuse ”. Avec tout ce que cela comporte comme coût et comme risque, a-t-il ajouté.

Olivier Dioso/Le Potentiel   souce: site "digital congo.net"