EXORCISMES ET POSSESSIONS

EXORCISMES ET POSSESSIONS

Mission prêtre exorciste, article de Richard Tallet, La Charente libre Nov 2011. Libre

Mission prêtre exorciste

À la rentrée, le diocèse a nommé son nouveau prêtre exorciste. Le père Pierre-Marie Robert a occupé ce ministère pendant quatre ans. Il revient sur cette mission d'écoute de la souffrance.

 

 

Le père Pierre-Marie Robert a été pendant quatre ans le prêtre exorciste du diocèse, «un ministère accablant».Photo Renaud Joubert

Le père Pierre-Marie Robert a été pendant quatre ans le prêtre exorciste du diocèse, «un ministère accablant».Photo Renaud Joubert

La force du dogme contre les forces du mal. Pendant quatre ans, Pierre-Marie Robert n'avait que sa foi et son écoute à opposer. Jusqu'à ce mois de septembre, il avait la charge, aussi délicate que surprenante, de prêtre exorciste des diocèses d'Angoulême et La Rochelle. Son successeur veut garder une certaine discrétion pour travailler sereinement. Alors c'est le prêtre de Montmoreau qui lève un coin du mystère entourant cette fonction d'exorciste: on se dresse contre la souffrance «au nom du Christ».

On n'imagine pas cet homme calme et posé, à la voix apaisée, vitupérer contre les forces démoniaques. Ça tombe bien! En quatre ans, il n'a jamais dû recourir à l'exorcisme majeur. Celui que le cinéma a immortalisé. «Il n'y en a pas eu depuis plusieurs dizaines d'années», rassure Guy Rougerie, le premier vicaire du diocèse.

La mission du père Pierre-Marie Robert était beaucoup plus calme. «Je n'ai utilisé qu'une seule fois un ton péremptoire lors d'une prière de délivrance.» La femme qui lui faisait face versait dans l'ésotérisme, suivait les préceptes d'un gourou. Et quand le prêtre a proposé une prière, elle lui a répondu: «Vous voulez qu'on prie? Vous allez voir comme je prends bien la lumière.» «Ensuite, elle est entrée en transe. Ça m'a laissé mal à l'aise.» Pas suffisamment pour brandir le crucifix en exhortant le démon à sortir de ce corps.

«Nous rencontrons surtout des gens en grande détresse. Nous sommes souvent leur dernier recours.» Le «nous» englobe une équipe de laïcs et de religieux qui se soutient et qui filtre. «Il y a un répondeur. Les gens laissent des messages.» Une bonne centaine par an pour la Charente.

Ces appels au secours se résument parfois à des formules lapidaires. «Quelqu'un me veut du mal!» «J'entends des bruits la nuit.» «Je suis malade et le médecin ne trouve rien.» Comme le médecin à son Vidal, Pierre-Marie Robert a la Bible. Il y puisait les repères pour retrouver «la lumière du Christ»«Il m'est arrivé d'orienter ces personnes vers un psychologue. Mais tout ceci est si délicat. Nous sommes à la frange de la psychologie et du spirituel. Nous faisons face parfois à une réalité tellement mystérieuse, incompréhensible, qui échappe à toute maîtrise. Dans une société aussi rationnelle que la nôtre, est-ce raisonnable de parler d'exorcisme?»

Soulagé par son changement de mission

Le prêtre pose la question parce qu'il a sa réponse: «L'évangile parle d'exorcisme. Ça signifie libérer d'un mal.» Le mal comme opposé au bien. L'oeuvre du démon? «Qu'est-ce que le démon? C'est celui qui sème le trouble. Je pense qu'aucune des personnes que j'ai rencontrées n'était possédée. Mais il rôdait.» L'homme, touché par la foi dès son plus jeune âge, reconnaît que ce «démon» peut s'apparenter à de l'autopersuasion. «Les gens qui vont d'échec en échec peuvent finir par se convaincre du mal qui les habite.» Il souligne aussi le pouvoir libérateur de la confession. Comme on se sent guéri après avoir raconté tous ses maux à un médecin.

En bon soldat du Christ, ce fils de gendarme aurait poursuivi sa mission rédemptrice si l'évêque ne lui avait pas confié d'autres responsabilités. Il ne pouvait pas mener tous les combats en même temps. Et il admet que ce changement le soulage. «C'est un ministère accablant, un domaine à part qui a sa place dans notre société. L'Église a un rôle fondamental à jouer. La guérison peut être donnée par le Christ.»

Pierre-Marie Robert ne cherche pas à convaincre les sceptiques. Il comprend que la pratique peut susciter l'étonnement. L'important est surtout d'aider ces gens qui ont foi en lui, pour les sortir de la détresse. Et on perçoit aisément à travers ses propos que sa foi est si forte que les démons font moins les malins quand ils croisent la route du père Pierre-Marie Robert.

 

 


13/02/2012
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