PRÊTRES EXORCISTES : LE DIABLE EST LEUR AFFAIRE
Prêtres exorcistes : le diable est leur affaire
L’exorcisme, ce n'est pas que dans les films. Cette pratique existe pour de vrai. Elle est même reconnue par la religion catholique.
16/03/2015 à 20:00 par Renaud Vilafranca
Quatre prêtres exorcistes exercent en Île-de-France. Deux sont affectés, notamment, au diocèse de Versailles : les pères Georges Berson et Jean-Pascal Duloisy. Ils interviennent auprès de fidèles qui se disent victimes de phénomènes inexpliqués.
Cela se traduit généralement par une «perte de contrôle de soi» chez les personnes sujettes à ces manifestations «diaboliques», comme l’explique le père Duloisy, entré dans les ordres il y a vingt-quatre ans et exorciste depuis un an : «Quelqu’un de possédé ressent avant tout un mal-être. Il est habité par un mal qui peut être meurtrier. Il n’est plus le même. Chez lui, la colère et la méchanceté prennent le dessus. Il ne peut pas maîtriser cela. Le démon, c’est le commercial du mal gratuit.»
«Il faut avoir la foi pour être exorcisé»
Ces prêtres, nommés par l’évêque, reçoivent gratuitement près de 2 500 personnes par an. Le plus souvent, elles sont envoyées là par d’autres hommes d’Église. «Avant tout, il faut avoir la foi pour être exorcisé», indique le père Duloisy.
Quand quelqu’un se présente à eux, ces chasseurs de mauvais esprits commencent par diagnostiquer le mal. «Nous écoutons les gens qui viennent nous voir pour identifier quel est vraiment leur problème, confie le père Berson. Est-ce du domaine culturel ? Mental ? Religieux ? Ou a-t-on vraiment affaire à un cas de possession satanique ?»
Dans leur tâche, ces prêtres sont épaulés par une quinzaine de religieuses ou de bénévoles laïques. Ils reçoivent les fidèles à la basilique Notre-Dame du Perpétuel-Secours, située à deux pas du cimetière du Père-Lachaise, à Paris (XIe).
Toujours menée en binôme, la séance d’exorcisme dure entre une demi-heure et une heure. Pour chasser le démon, les prêtres prient en suivant le rituel reconnu en 1999 par le Pape Jean-Paul II.
D’après eux, les scènes de possession spectaculaires du film «L’Exorciste» ne sont pas si éloignées de la réalité, même si cela ne représente que quelques cas par an et que, la plupart du temps, c’est tout de même beaucoup moins violent.
«J’ai vu un homme qui rugissait»
«Le démon qui se cache à l’intérieur des personnes possédées ne veut pas sortir. Il réagit, il ne veut pas qu’on le chasse», raconte le père Berson.
«Le malin nous parle, nous répond. Il nous provoque», poursuit son collègue. Prolixe en anecdotes, le père Berson évoque quelques souvenirs : «Une fois, j’ai vu un jeune homme qui ne parlait plus, il rugissait ! Avec ses mimiques, son visage ressemblait à une tête de lion. Il était dans un état de nervosité extrême.»
Il existerait un certain nombre de signaux permettant de repérer un individu habité par le diable. «La force décuplée, la haine du crucifix, de l’eau bénite, du prêtre et de tout ce qui a un lien avec l’Église catholique, ainsi que des connaissances inexpliquées sur l’intimité des gens», détaille le père Berson, 81 ans, nommé prêtre exorciste il y a huit ans.
Il arrive aussi que ces hommes d’église soient appelés dans un lieu pour y chasser les mauvaises ondes.
Mais alors comment le diable s’empare-t-il d’une personne ou d’un endroit ? «Il faut forcément qu’une porte lui ait été ouverte, assure le père Duloisy. Certains font un pacte avec le diable pour réussir dans la vie, d’autres ont invoqué les esprits, en participant à des séances de spiritisme notamment… Il y a aussi des personnes soumises à la malveillance extérieure.»
Pour se prémunir de tout cela, les deux prêtres préconisent de pratiquer la charité autour de soi, de se confesser et de prier régulièrement.
Une tradition chez les cathos
L’exorcisme est une tradition très ancienne dans l’Église catholique. L’Évangile raconte d’ailleurs que Jésus se bat contre des démons à travers des personnes possédées. La pratique s’est modernisée en 1999, date à laquelle le pape Jean-Paul II a approuvé un nouveau rituel, remplaçant celui promulgué en 1614 par Paul V.
Attention à l’arnaque !
Qu’on y croit ou pas, il n’y a rien à perdre à aller voir un prêtre exorciste reconnu par un diocèse : c’est gratuit. Le père Duloisy met en garde les personnes qui seraient tentées d’aller voir un quelconque exorciste ou autre marabout qui ferait payer sa prestation. «Ce sont des charlatans, prévient-il. De nombreuses personnes viennent nous voir après avoir dépensé des sommes folles avec ces escrocs.»
Témoignage : «Pendant l’exorcisme, j’étais comme absente»
Les exorcistes officiels du diocèse de Versailles n’ont pas souhaité nous mettre en contact avec des personnes exorcisées, invoquant le secret professionnel. Néanmoins, sur Internet, certains n’hésitent pas à raconter leur passage, si étonnant, devant des prêtres chasseurs de démons.
«J’étais sous l’emprise d’entités qui s’étaient accrochées à moi, raconte Marie Angelina, sur Forum.auféminin.com. Pourtant je n’ai rien fait pour les attirer. Je me suis juste trouvée dans un lieu infesté par ces esprits et ils se sont accrochés à moi.» Ce qui a provoqué chez elle une «fatigue spectaculaire». «Je dormais littéralement sur mon ordinateur au travail. J’étais incapable de décider quoi que ce soit, ni d’agir», relate-t-elle sur Internet. Cette étrange force démoniaque lui déclenchait aussi des «maux de tête», causait des «troubles de la vue», divers malaises ainsi qu’une sensation de «point dans la nuque».
«Durant l’exorcisme, j’étais comme absente et très calme, raconte-t-elle aussi. J’entendais le prêtre réciter le grand exorcisme de Rome comme s’il était loin de moi.» Cette femme affirme avoir retrouvé son «état normal» seulement quelques jours après sa rencontre avec le prêtre.
Des cris déchirants…
Parfois les séances d’exorcisme peuvent s’avérer éprouvantes pour ceux qui les subissent. En septembre 2013, L’Indépendant rapportait un fait divers pour le moins étonnant. À Limoux (Aude), des riverains avaient alerté les gendarmes après avoir entendu des cris déchirants dans leur quartier. Sur place, les militaires ont découvert que les hurlements provenaient d’une fidèle en train de se faire exorciser à l’église.
«Les cris de désenvoûtement ont fait croire au voisinage qu’un crime affreux se perpétuait tout près de chez eux, rapporte le journal. À l’arrivée des forces de gendarmerie, celle-ci remerciait le Seigneur de l’avoir délivrée du mal.»
source:"le courrier des Yvelines"
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