EXORCISMES ET POSSESSIONS

Problème de santé mentale et violence:
persistance d’un mythe
Doris Provencher, directrice générale, Association des groupes d’intervention en
défense des droits en santé mentale du Québec (AGIDD-SMQ)
Les différentes facettes de la violence
L
e thème de la violence fait appel à plusieurs facettes de l’être humain. La violence peut venir de l’extérieur ou être générée de l’intérieur de la personne.
Regardons les définitions qu’en donne Le Petit Robert1:
Faire violence: agir sur quelqu’un ou le faire agir contre sa volonté, en employant la
force ou l’intimidation.
Faire violence à quelqu’un: le contraindre en le brutalisant ou en l’opprimant.
Se faire violence: s’imposer une attitude contraire à celle qu’on aurait spontanément.
58 Les Cahiers de PV, mars 2011
Le système psychiatrique
Dès le 17e siècle, on bâtit les hôpitaux
psychiatriques à l’extérieur des villes.
C’était des milieux fermés, isolés du reste
de la société, et les «malades», une fois
admis, avaient de fortes chances d’y passer le restant de leur vie. Ces établissements étaient pratiquement autosuffisants.
Par exemple, à la fin du 19e siècle,
«On entame la construction de l’asile
Saint-Jean-de-Dieu, sur l’île de Montréal.
Ce sera le plus grand édifice au
Canada. Il s’agit en fait, d’une véritable
ville fermée appelée Gamelin. La municipalité disposait de tous les services: police, caserne de pompiers, bureau de poste,
tramway et chapelle. Les patients sont mis à contribution pour divers travaux: jardinage, couture, etc.»2
La société pouvait dormir en paix, l’asile les protégeait de tous ces «fous dangereux»
et surtout, on la tenait dans l’ignorance de ce qui s’y passait. Le système psychiatrique avait
droit «de vie ou de mort» sur les personnes internées.
«(…) on sait moins qu’en France, environ 40 000 malades mentaux sont morts de faim
et de froid dans les asiles psychiatriques pendant la Seconde Guerre mondiale.»3
Heureusement, les choses ont changé. Depuis les années 1960, les sociétés occidentales ont pris conscience qu’elles devaient modifier leur façon d’intervenir auprès des personnes vivant un problème de santé mentale. Elles ont intégré la notion de réhabilitation pour
Lorsque l’on parle de violence, on
parle de pouvoir. Si je contrains une personne à agir contre sa volonté, c’est que
j’ai le pouvoir (physique, psychologique,
moral, parental, politique, etc.) de le faire. Il
arrive qu’une personne s’approprie ellemême le pouvoir, par exemple un dictateur
va s’octroyer tous les pouvoirs de l’État
afin de maintenir son autorité sur le peuple,
et pour ce faire, il usera de violence.
Également, toute société se dote de
différents systèmes afin de régulariser
son fonctionnement: on parle du système
d’éducation, de justice, économique, etc.
Ces systèmes comportent des codes et
des interdits. Généralement, les individus
formant cette société s’y conforment et
ainsi se préservent de l’anarchie qui pourrait résulter d’une absence de lignes de
conduite. Ce faisant, les personnes
acceptent tacitement les pouvoirs associés à ces différents systèmes.
Dans le domaine de la santé mentale,
la société s’en remet au système psychiatrique. L'étymologie du mot psychiatrie
provient du mot grec psyche, qui signifie
âme ou esprit, et iatros, qui signifie médecin. Un psychiatre est donc un «médecin
de l’âme». C’est un professionnel médical
qui s'intéresse à l'origine, au diagnostic, à
la prévention et au traitement des
troubles affectifs et mentaux. L’un de ses
rôles est de faire en sorte de protéger la
communauté des «débordements» des
personnes qui vivent un problème de
santé mentale. Car ces personnes sont
différentes et souvent elles font peur. Ces
idées ne datent pas d’hier.

SOURCE/WWW.ZAZOU.COM