EXORCISMES ET POSSESSIONS

EXORCISMES ET POSSESSIONS

Extraits des Règles du discernement des esprits de Saint Ignace de Loyola

LE DISCERNEMENT DES

ESPRITS

 

Par le R.P. L.M. Barrielle, C.P.CR-V.

Extraits des Règles du discernement des esprits de Saint Ignace de Loyola 

"  …Saint Ignace apprit de la Mère de Dieu, elle-même, comment il devait combattre les combats spirituels du Seigneur.

  Ce fut comme de ses mains qu’il reçut ce code si parfait… dont tout soldat du Christ doit faire usage… "Pie XI.

"  …Saint Ignace apprit de la Mère de Dieu, elle-même, comment il devait combattre les combats spirituels du Seigneur.

  Ce fut comme de ses mains qu’il reçut ce code si parfait… dont tout soldat du Christ doit faire usage… " Pie XI.

RÈGLES DU DISCERNEMENT DES ESPRITS DE LA PREMIÈRE SEMAINE

Ou Règles élémentaires du discernement des esprits

"     La vie de l’homme est un combat sur la terre ", a dit Job. Il faut s’attendre à lutter continuellement toute la vie. La difficulté, c’est que dans ces combats pour défendre notre âme des attaques du démon, on ne voit point l’ennemi (pas plus d’ailleurs que les yeux de notre corps ne voient les Esprits célestes que Dieu nous envoie pour nous aider). Que l’on se souvienne de la scène racontée par le deuxième Livre des Rois, chapitre VI, versets 15 et 17 : La ville où se trouvait le prophète Elisée avait été entourée par les chars du roi de Syrie pour prendre vivant le prophète et l’amener au roi ; le serviteur du prophète s’écria : " Comment ferons-nous, Père ? ". Elisée lui répondit : " Ceux qui sont avec nous sont plus nombreux que ceux qui sont avec eux !  Et il pria le Seigneur. Yahweh ouvrit les yeux du serviteur, et il vit la montagne pleine de chevaux et de chars de feu autour d’Elisée… " De même nous avons à lutter, nous ne voyons pas ceux qui nous attaquent, car les démons sont des purs esprits. Mais le Seigneur nous a confiés à ses anges que nous ne voyons pas non plus, et sachons qu’ils sont plus nombreux et plus puissants.

    Saint Paul écrivait dans le dernier chapitre de sa lettre aux Ephésiens : " Revêtez-vous de l’armure de Dieu afin de pouvoir résister aux embûches du diable. Car nous n’avons pas à lutter contre la chair et le sang mais contre les principautés, contre les puissances, contre les dominations de ce monde de ténèbres, contre les esprits mauvais répandus dans l’air. C’est pourquoi prenez l’armure de Dieu afin de pouvoir résister aux jours mauvais ".

    Le démon fait tout son possible pour que l’on ne croie pas, ne pense pas à lui. Il peut alors agir en toute liberté. Voilà pourquoi ces essais de négation sur l’existence des anges que l’on entend répéter parfois jusque dans les sacristies ; car s’il n’y avait pas d’anges il n’y aurait pas de démons. Et pourtant des anges, tant des bons que des mauvais, il en est question depuis le premier jusqu’au dernier chapitre de la Bible. Mais il ne suffit pas de croire qu’il y a des anges et des démons. Il faut se rendre compte à qui l’on a affaire. Un proverbe espagnol dit : " Quand quelqu’un frappe à la porte, il faut non seulement entendre que l’on frappe à la porte, mais aussi se rendre compte de celui qui frappe ".

    Beaucoup de gens ne se rendent pas compte de l’esprit qui les influence.

  • Mon Père, j’ai le cafard !
  • Non, monsieur, vous n’avez pas le cafard. Cela n’existe pas. Vous avez le démon qui vous tourne autour.
  • Mais non, mon Père, vous voyez le diable partout. J’ai le cafard parce qu’il n’y a pas de soleil, aujourd’hui ; et quand le temps est gris, je suis triste, voilà tout ! Ce n’est pas affaire du diable.

    — C’est exact ! Mais sachez que le démon utilisera tout pour venir vous tenter. Il profitera d’un temps, tout comme d’une indisposition. Mais sachez que si vous vous sentez triste, le démon vous tourne autour. Méfiez-vous !

    Voici un jeune homme triste. Je ne dis pas qu’il a péché. Je dis : " Le démon tourne autour de lui ". Attention ! Comment savoir tout cela ?… Il y a des règles, apportées par la Très Sainte Vierge Marie à saint Ignace de Loyola.

    Et d’abord bien distinguer ce qui est de Dieu, disons du Bon Esprit. Soit que Dieu agisse directement, soit par l’intermédiaire d’un bon ange, d’un prédicateur, d’un bon exemple, etc. Il y a ce qui vient du démon ; disons mauvais esprit. Soit qu’il s’agisse d’un démon lui-même, soit d’un de ses suppôts, mauvais conseil ou exemple, etc. Enfin, il y a des actes qui procèdent de notre intelligence et notre volonté ; les seuls dont nous soyons responsables.

    Que de jeunes gens se troublent parce qu’ils ont de mauvaises pensées ! Le fait d’avoir des mauvaises pensées n’est pas un péché. C’est du cinéma que le démon projette dans nos facultés sensibles, imagination, mémoire, etc.

    — Mais ce sont des images très vilaines !

    — Ce n’est pas vous qui êtes vilains, c’est le démon. Si vous y consentez et prenez plaisir à ces mauvaises délectations alors vous pêchez, car votre consentement est de vous. Vous êtes responsable. Si au contraire, vous priez et essayez de chasser ces tentations, non seulement vous n’avez pas pêché, mais vous avez gagné des mérites. Cela est de vous. Le cinéma était du démon.

    Une sainte religieuse, la Sœur Rejatella, écrivait de Barcelone à saint Ignace à Rome :

    — Mon Père, j’ai de mauvaises pensées !

    Saint Ignace qui la connaissait bien lui répondait :

    — Je ne me troublerai pas plus des mauvaises pensées que m’envoie le démon et que je n’accepte pas, que je m’en orgueillirai des bonnes pensées que m’envoie mon bon ange et qui ne sont pas de moi.

    Et le saint ajoutait :

— Saint Pierre et saint Paul aussi ont eu de mauvaises pensées, mais ils n’ont pas péché.

    Saint Paul nous le dit dans le chapitre XII de sa 2eme lettre aux Corinthiens : " …Il m’a été donné le " stimulus carnis " (l’aiguillon de la chair). Trois fois j’ai prié le Seigneur de m’en délivrer… " Et Dieu sait si le sacré Cœur aimait saint Paul ! Que lui a-t-il répondu ? " Non, je ne t’en délivre pas, ma grâce te suffit ; la vertu se fortifie dans la faiblesse ". Alors si saint Pierre et saint Paul ont eu des mauvaises pensées, nous aussi nous pouvons en avoir. Le tout est de savoir se comporter dans les tentations. Tel est le but des règles du discernement des esprits.

    Voici donc le sous-titre N° 313 du Livre des Exercices. Le sous-titre contient à lui seul un grand principe général à retenir.

    313 — RÈGLES PROPRES A FAIRE DISCERNER ET SENTIR, EN QUELQUE MANIÈRE ( il y aura donc des nuances à remarquer), LES DIVERS MOUVEMENTS EXCITÉS DANS L’ÂME (par exemple, j’ai envie de partir en mission, de changer mes résolutions, etc. Attention avant d’agir ! Est-ce de Dieu ou du démon ?) …SOIT PAR LE BON ESPRIT ? AFIN DE LE RECEVOIR (à noter que si l’on est sûr que cela vient de Dieu il ne faudra pas hésiter à le faire. La difficulté sera d’être bien sûr que cela vient de Dieu ; il est d’ailleurs plus difficile à savoir que c’est de Dieu), SOIT PAR LE MAUVAIS ESPRIT POUR LE REPOUSSER.

    Nous avons là une règle générale capitale. Dès que l’on sait que cela vient du démon, il faut le repousser sans discuter. Mon maître des novices, le Père Terradas, disait : " On ne joue pas avec le démon ". Il appelait " Jouer avec le démon " le fait de caresser une pensée que l’on sait ne pas être bien et donc être du démon, tout en se rassurant sur la volonté ferme dans laquelle on se trouve de n’y pas consentir on se permet de la tourner, de la retourner, de voir ce qu’il y a de bon ou d’agréable en elle, tout en étant bien décidé à ne pas y consentir Malheur à celui qui accepte le dialogue avec le démon, qui est bien plus fin que nous. Eve a succombé parce qu’elle a " joué " avec le démon. Après lui avoir dit que Dieu l’avait défendu, le démon a poursuivi avec de nouvelles raisons. Au lieu de couper court, elle a commencé à discuter :

    — Si nous en mangeons, nous mourrons.

    — Non, vous ne mourrez pas, vous serez comme des dieux, sachant le Bien et le Mal !

    Elle discuta, et le démon finit par la faire succomber.

    Voici un homme marié :

— Non, mon Père, j’aime trop ma femme. C’est seulement pour m’amuser. Je rêve… un rêve seulement… Si je quittais ma femme ; une telle ferait si bien !… Non, non, mon Père, c’est pour rire ! Rassurez-vous.

— Monsieur, vous jouez avec le démon. Même si cela ne devait jamais arriver, et l’on a vu des choses impossibles arriver, le démon n’arriverait-il qu’à provoquer chez vous un désir d’adultère ! Quelle victoire pour lui !… Même s’il arrivait seulement à diminuer votre union… quelle défaite pour vous !

Autre exemple : un novice, un séminariste… Il rêve d’une jolie fille blonde, militante d’un mouvement catholique… un beau chalet ! On aurait une nombreuse famille, beaucoup d’enfants. On ferait de l’action catholique…, etc.

  • Attention ! Vous jouez avec le démon.
  • Mais mon Père, c’est une distraction. Vous le savez, j’aime ma vocation !
  • Cher ami, c’est du cinéma du démon. Si vous acceptez de revenir à ce rêve agréable, votre vocation est perdue d’avance. Ne vous amusez pas à ce jeu !
  • Saint Bernard a écrit : Nemo repente fit pessimus. " Personne ne devient tout d’un coup très mauvais ". On apprend parfois des chutes de prêtres, de grands chrétiens exemplaires, etc. Sachez que ce n’est pas arrivé tout d’un coup. Depuis longtemps, ils jouaient avec le démon

Règles du discernement des esprits de la première semaine

    (c’est-à-dire pour tous, pécheurs débutants ou avancés dans les voies de la vie intérieurs).

    Comment savoir donc si tel mouvement que je ressens vient de Dieu ou du démon ? Il y a des règles. Ces règles ne sont pas pareilles, s’il s’agit des gens qui vivent actuellement dans le péché ou s’il s’agit d’âmes qui progressent dans la vertu.

    Première règle, N° 314

    314 — A l’égard des personnes qui vont de péché mortel en péché mortel, la conduite ordinaire de l’ennemi est de leur proposer des plaisirs apparents, leur occupant l’imagination de jouissances et de voluptés sensuelles, afin de les retenir et de les plonger plus avant dans leurs vices et dans leurs péchés. Le Bon Esprit, au contraire, agit en elles d’une manière opposée, il excite dans leur conscience le trouble et le remords, en leur faisant sentir les reproches de la raison.

    Ainsi donc, avec les gens qui vivent dans le péché mortel, le mauvais esprit rassure le pêcheur et le pousse de plus en plus dans son péché. Il lui représente de plus vifs plaisirs, des délectations sensibles. Il lui représente ces objets de péché comme le plus grand bonheur, pour qu’il s’y plonge de plus en plus avec sécurité et joie, comme quelque chose de normal, indispensable. " Tout le monde le fait ".

    Le bon Ange, au contraire, lui envoie un dard, un aiguillon qui le heurte, l’empêche d’être tranquille : celui des reproches de la raison. Il lui montre les conséquences du péché. Le pécheur est en état de damnation. Que l’aile de sa voiture heurte un poteau ou une borne, il risque de passer de son volant au jugement de Dieu et en enfer. C’est clair… indiscutable. Le démon, lui, fait rejeter ces pensées qui ont converti tant d’âmes !

    — Mais non ! Ne t’inquiète pas, le Bon Dieu est bon ! Tout le monde fait ça. Regarde autour de toi, il n’y a que les imbéciles qui se gênent. Ce n’est pas la peine d’en parler à ton confesseur. Ça ne le regarde pas. Tu t’en confesseras à ton lit de mort. Tu as toujours le temps ! Tu es jeune, etc.

    Vous avez un ami qui se dit incroyant, n’allez pas le rassurer : " Tu es un chic type ! Je suis sûr que tu seras sauvé ! Tu donnes 2000 fr. à la Kermesse des sapeurs-pompiers, tu es intelligent, loyal, serviable, etc. Non ! Dites-lui la vérité !

    — Avec toute l’intelligence que Dieu t’a donnée, tu es le plus bête de la commune. Tu vas te débrouiller de te damner… Tu te dis loyal ? Pas tant que ça ! Si tu étais vraiment loyal, tu irais faire une retraite… Tu te dis bienfaiteur de l’humanité ? Tu es un scandale public ! Les enfants perdent la foi rien qu’en te regardant ; prépare-toi à rendre des comptes terribles à Dieu qui t’a comblé de dons et t’en demandera compte…, etc.

    Et donc celui qui rassure le pécheur dans son péché fait le jeu du démon. J’ai connu des personnes qui ont été sauvées parce qu’un jour elles sont tombées sur un confesseur qui leur a dit : " Si je vous donne l’absolution à vous qui n’êtes pas décidée à couper avec le péché (onanismes ou infanticide, etc.), vous faites un sacrilège et moi aussi … alors convertissez-vous ! " — " Si je meurs, je vais en enfer ? " — " Si vous restez dans cet état, oui ! " — " Alors, mon Père, je reviendrai ! "

    La personne en question s’est renseignée et elle a fait ses pâques, non le jour de Pâques, mais pour la Pentecôte. Elle avait quatre enfants, elle en a onze. Elle avait été sauvée par un confesseur qui appuyait le jeu du Bon Ange.

    J’ai connu une paroisse qui fut convertie parce que le curé avait annoncé au début du Carême, que tous ceux qui auraient manqué la messe le dimanche en carême, se verraient refuser l’absolution à Pâques. C’était un village très chrétien, soi-disant, où tous les hommes faisaient leurs Pâques et venaient à la messe quatre fois par an, pas plus. Après cet avis en chair, rien ne fut changé. Mais le jour de Pâques, aucun homme ne put faire ses Pâques ! Vous voyez le bruit que cela a fait au village ! Mais… la moitié vint les faire pour la Pentecôte, n’ayant plus manqué leur messe et ils continuèrent à y venir. Un bon nombre des autres revinrent peu à peu, à l’occasion des missions ou de maladies. C’est le démon qui rassure le pécheur dans le péché ! Attention !

    Le Bon Ange, lui, donne " les reproches de la raison ". Il dit nettement ce qu’il en est. Si vous voulez convertir quelqu’un, ne lui dites pas des raisons à côtés, par exemple : " Va au prieuré faire une retraite, on y mange bien ". Dites-lui : " : Si tu mourrais à l’instant, serais-tu en état de paraître devant Dieu ? Et donc, va vite faire une bonne retraite au prieuré, malheureux ! Cela t’est indispensable et très urgent ! "

    Un Père dit que cette première règle s’applique aussi à ceux qui, sans être en état de péché mortel, sont installés dans la tiédeur. Par exemple ces chrétiens, ces religieux bien décidés à ne pas se corriger de leurs péchés véniels ! Le démon les rassure dans leur tiédeur, très dangereuse pour leur salut. Le Bon Ange leur envoie de graves avertissements. Malheur à eux s’ils n’en profitent pas ! C’est ainsi que le relâchement s’introduit dans beaucoup de couvents ou même de familles chrétiennes.

Deuxième règle, N° 315

    Comment le mauvais esprit s’y prend-il ? Et comment se comporte le Bon Esprit avec ceux qui travaillent courageusement à se corriger de leurs péchés ?

    Les démons, comme les Bons Anges, sont de purs esprits, on ne les voit pas. Mais le bon Dieu n’a pas voulu que les démons, nos ennemis, viennent nous attaquer sans que nous n’ayons comme un " radar " pour les détecter. D’où l’importance des examens de conscience. " Vigilate et orate " a dit et répété Jésus dans l’Evangile : " Veillez et priez ". Malheur au chrétien qui n’est pas sur ces garde ! Le démon trafiquera dans son âme tant qu’il voudra ; l’homme ne s’apercevra de rien s’il n’est pas sur le qui-vive. Pourtant il ne suffit pas de veiller : A quel signe vais-je reconnaître que je suis en face du Bon ou du mauvais esprit ?

    Saint Ignace nous donne six signes pour reconnaître le mauvais esprit cherchant à surprendre ceux qui vont de mieux en mieux.

    315 — Dans les personnes qui travaillent courageusement à se purifier de leurs péchés et vont de bien en mieux dans le service de Dieu, Notre-Seigneur, le Bon et mauvais esprit opèrent en sens inverse de la règle précédente. Car c’est le propre du mauvais esprit de leur causer de la tristesse et des tourments de conscience, d’élever devant elles des obstacles, de les troubler par des raisonnements faux, afin d’arrêter leurs progrès dans le chemin de la vertu…

    Nous avons donc comme six caractéristiques, comme six odeur pour trahir le mauvais esprit :

1. La tristesse.

" Un saint triste est un triste saint " disait saint François de Sales. Le démon est l’éternellement triste… Il ne peut pas se débarrasser de sa tristesse. Dès qu’il s’approche de vous, il vous communique sa tristesse sans le vouloir. C’est tellement fort que dans les règles du discernement des esprits de la deuxième semaine, quand le démon s’efforcera de tenter une âme fervente, sous l’apparence du bien, un des signes pour le reconnaître sera cette tristesse dont on se sent envahir. Un tel était sorti content du confessionnal, puis tout d’un coup il se sent triste. Reconnaissez celui qui s’approche de lui avec sa tristesse ! Voilà un jeune homme triste. Je ne dit pas qu’il a péché, mais je sais que le démon rôde autour de lui. Attention à ces rêveries mélancoliques ! On ne sais pourquoi… Le démon n’est pas loin !

    2. Tourments de conscience.

    Le Père Louis Lallemant, le célèbre jésuite, disait : " Toute proposition conditionnelle qui trouble vient du démon ". (Une proposition qui commence par un si ou un conditionnel : Qui sait si ? Qui sait si je me suis bien confessé ? … si j’ai la vocation ? … si je pourrai persévérer, etc.)

    Voici votre femme qui arrive un samedi soir :

    — Qui sait, François, si je me suis bien confessée ? Qui sait si demain je puis aller communier ?

    — Pourquoi ? … As-tu caché, exprès, un péché mortel en confession ? (Et vous savez que pour rien au monde elle ne voudrait commettre un péché, même véniel)

    — Oh non ! Mais le sacristain faisait du bruit, les enfants chahutaient, M. le curé a éternué, je me suis embrouillée Qui sait si je me suis bien confessée ?

    Répondez-lui :

    — Rassure-toi, tu t’est très bien confessée ; tu peux aller communier.

    — Comment le sais-tu ?

    — Deuxième règle ! C’est le démon qui t’embrouille et le démon est un menteur ! Si tu avais fait une confession sacrilège, le démon te rassurerait, tandis que le Bon Ange te dirait pourquoi et en quoi tu aurais fait une confession sacrilège. Et donc soit bien rassurée.

Voilà un séminariste qui se dit : "  Qui sait si j’ai bien la vocation ? " Cette pensée, telle quelle, vient du démon. Le Bon Ange lui dirait pourquoi et ce serait clair.

3. Les obstacles.

    Le démon excelle à faire paraître la pratique de la vertu comme trop difficile, à grossir toutes les difficultés. Que de gens croient qu’une vie vraiment chrétienne est impossible, qu’il y aurait des difficultés insurmontables à faire son salut, à pratiquer la chasteté selon son état, à vivre chrétiennement dans le mariage ! (Que l’on songe à la " panique " de ne pas être comme tout le monde qui a poussé tant de grandes chrétiennes se déshonorant par ces modes impudiques, à la " panique de l’enfant " qui aura poussé tant de femmes, qui se prétendent pourtant catholiques, à commettre des infanticides — ce crime qui crie vengeance devant Dieu   — à se priver de ce trésor éternel, de cette joie inégalable pour toute une famille qu’est un enfant de plus et qui en même temps, on le sait, la santé et le bonheur d’une femme ! Le démon grossit toutes les difficultés et cache en même temps tout ce qui rend facile la vie chrétienne : fuir les occasions, la prière, les sacrements, les joies intenses d’une famille chrétienne, les joies éternelles, etc.) Cela paraît des obstacles insurmontables !

4. Le trouble.

    " Tout trouble vient du démon " disait saint Jean Berchmans, même la griserie, l’émotivité sont des moyens dont le démon se sert. Quelquefois en famille, il y a de l’électricité dans l’air. L’épouse s’énerve, les enfants sont plus particulièrement intenables, le mari calotterait tout le monde. Sachez-le : il y a le démon ! Là il gagne chaque fois… On dit, on fait des sottises, des péchés plus ou moins graves et plus ou moins nombreux. Vigilate ! Priez ! Nous dirons plus loin ce que l’on doit faire quand les démons sont là. Il faut mettre les enfants en garde contre certaines dissipations ou sentiments de colère ou d’orgueil dont le démon se sert…

5. Les raisonnements faux…

    …sont un signe immanquable du démon. Nous devons nous défier beaucoup de certaines théories fausses, de certains slogans qui entraînent à de nombreux péchés, et souvent à des péchés très graves contre la foi, contre la justice ou la charité. Par exemple :

 

  • Quand ils seront grands, ils choisiront leur religion.

    — Pardon. Savez-vous s’ils vivront ? Est-ce que dès maintenant ils n’ont pas le droit de savoir qu’ils ont un Père dans le ciel ? ... de savoir qu’ils ont une destinée éternelle ? N’ont-ils pas déjà un petit cœur capable d’aimer le Bon Dieu… de pratiquer la vertu ?

    Ce n’est pas un acte de justice que vous préconisez ainsi, mais la plus horrible et criminelle des injustices. Raisonnements faux !

    De même : " Mon Père, nous n’en aurons qu’un, ainsi nous l’élèverons mieux ! " Rassure-vous, on élève pas mieux un enfant que douze. Moi, toutes les calottes que j’ai reçues, je ne les ai pas reçues de mon Père ou de ma mère ; les frères et sœurs, ça sert beaucoup à l’éducation !

    De même : " Je n’ai pas demandé à Dieu de venir au monde… " ou ce qui revient au même : " Je n’ai pas demandé à mes parents de me mettre au monde ". Outre que c’est d’une fatuité, d’un orgueil insupportable, " à quel moment, monsieur, devait-Il vous demander la permission de vous donner l’être ? Avant votre conception ? …quand vous étiez dans le sein de votre maman ? … quand vous vous suciez les doigts ? … ou fallait-il attendre que vous ayez vos dix-huit ans ? "

    Mais il y a là, dans les deux cas, un grave blasphème contre Dieu, le Père de tout bien. La vie est un bien. Votre destinée éternelle est un bien au-dessus de tout bien. Tous les moyens que Dieu vous a préparés de toute éternité pour faire votre salut ! Et vos parents, également, n’ont fait que suivre le plan de Dieu… Et vous qui posez si orgueilleusement cette question, en attendant, n’utilisez-vous pas tous ces dons de Dieu ? Et vous ne lui dites pas même merci ? Ita ut sint inexcusabiles ! disait saint Paul Apôtre, au chapitre premier de sa lettre aux Romains, en parlant de ceux qui ne veulent pas dire merci au Bon Dieu et qui tout de même en profitent depuis leur café au lait du matin jusqu’au soir. Ils respirent l’air du Bon Dieu, boivent le lait du Bon Dieu,, le vin du Bon Dieu, l’eau du Bon Dieu, mangent le pain du Bon Dieu, fument la cigarette du Bon Dieu, etc.

6. Le découragement.

    Tout découragement vient du démon. Vous aviez bien commencé… Tout d’un coup plus de courage : le démon est passé par là. Et le Bon Ange ? Le Bon Ange, lui, donne le courage, la paix, la joie, rend tout facile !

    Rappelez-vous la tentation de saint Augustin ! Il était dans son jardin. Il avait trente-deux ans, n’était même pas baptisé. Il avait mené une vie bien corrompue, était devenu manichéen. Mais il avait une maman qui était sainte Monique et qui avait prié pour lui pendant trente-deux ans. Elle l’avait suivi à Milan où il avait été nommé par l’Empereur, directeur du Lycée impérial. Là, elle l’avait mis en relation avec saint Ambroise et saint Ambroise n’avait pas eu de peine à montrer au jeune directeur de Lycée, très intelligent et qui aimait entendre saint Ambroise, que s’il voulait se sauver il fallait à tout prix qu’il se décide à devenir chrétien, à quitter sa mauvaise vie, à se faire baptiser, etc. On l’avait donc inscrit au catéchuménat. On devait le baptiser pour Pâques. Vous croyez que tout allait se passer comme cela ? Saint Augustin, dans le Livre de ses Confessions, nous raconte comment cela s’est passé : Il était dans son jardin, tout d’un coup il devient triste : " Tu n’es pas fou, est-ce que tu as assez réfléchi, est-ce que tu es assez loyal ? " Et il versait des larmes, grosses comme des pois chiches, et se voit obliger de circuler pour pouvoir respirer. " Mais c’est impossible ! " Et toutes ces anciennes relations qui lui revenaient à la mémoire : " Comment feras-tu pour te passer de nous ? Augustin ! notre cher Augustin ! mais c’est impossible ! " Ce fut si fort qu’Augustin fut sur le point de renoncer au baptême et d’envoyer un mot à l’Archevêque : " Monseigneur, je ne suis pas prêt, j’ai présumé de mes forces ". Quel dommage ! Mais le Bon Ange n’abandonne pas les siens et, pendant qu’il se promenait dans les allées, il eut une idée : Quod isti et istæ, cur non ego ? " Après tout, ce que ceux-ci et celles-ci font, tous ces chrétiens… pourquoi ne le ferais-je pas ? Eh bien ! comme ceux-ci, je fuirai les mauvaises occasions ; je prierai ; si je tombe, j’irai me confesser ; je communierai, quelle chance ! Cette pensée lui donne la paix et la joie : " Pour Pâques je serai comme ma maman ! "

    Notez bien, dans la première partie, les six signes du démon : la tristesse, les tourments de conscience, les obstacles, le trouble, les raisonnements faux, le découragement. Tandis que dans la deuxième, c’est la paix et la joie. Voyez-vous, ce n’est pas par hasard, ce n’est pas de lui-même que saint Augustin a conservé sa résolution. C’est que le Bon Esprit est intervenu.

    315 (suite) — …Au contraire, c’est le propre du Bon Esprit de leur donner du courage et des forces, de les consoler, de leur faire répandre des larmes, de leur envoyer de bonnes inspirations et de les établir dans le calme ; leur facilitant la voie et levant devant elles tous les obstacles, afin qu’elles avancent de plus en plus dans le bien.

Troisième règle, N° 316

    De la consolation et de la désolation spirituelles.

    Le tout est de savoir ce qu’il faut faire quand le démon est là. Saint Ignace va nous l’indiquer. Mais avant de nous indiquer la conduite à tenir en face d’un travail d’approche du démon ou d’une de ses attaques, saint Ignace, en bon scolastique, entend définir les termes qu’il va employer. Le démon est en effet souvent arrivé à vaincre des âmes généreuses par une simple fausse définition de la consolation ou de la désolation spirituelles.

    Beaucoup de chrétiens confondent : consolation et progrès dans la sainteté et désolation avec recul. Or, ce n’est pas la même chose.

    N’allez pas vous imaginer que vous êtes plus saint parce que vous ressentez des consolations spirituelles. (Après la communion votre cœur rempli de bons sentiments). N’allez pas lâcher pied et croire que vous reculez en sainteté parce que vous avez des tentations, les plus vilaines soient-elles.

    Que de retraitants ont pleuré leurs péchés à leur première retraite et viennent nous dire à leur seconde : " Mon Père, je rate ma retraite ! je suis sec… je n’arrive pas à m’enflammer d’amour ". J’ai connu de grands et généreux retraitants qui ont été secoués dans une retraite, au point qu’ils se demandaient s’ils n’allaient pas perdre la foi.

    Or, c’était précisément une retraite où Dieu voulait les faire sortir des voies ordinaires et les faire avancer dans les hautes voies mystiques. Prenez donc bien garde aux définitions que vous donne saint Ignace.

    316 — De la consolation spirituelle. J’appelle consolation un mouvement intérieur qui est excité dans l’âme, par lequel elle commence à s’enflammer dans l’amour de son Créateur et Seigneur et en vient à ne savoir plus aimer aucun objet créé sur la terre pour lui-même, mais uniquement dans le Créateur de toutes choses. La consolation fait encore répandre des larmes qui portent à l’amour de son Seigneur l’âme touchée du regret de ses péchés, ou de la Passion de Jésus-Christ, Notre-Seigneur, ou de toute autre considération qui se rapporte directement à son service et à sa louange. Enfin, j’appelle consolation toute augmentation d’espérance, de foi et de charité, et toute joie intérieure qui appelle et attire l’âme aux choses célestes et au soin de son salut, la tranquillisant et la pacifiant dans son Créateur et Seigneur

    Vous le voyez : Pleurer ses péchés, pleurer la Passion de Jésus, il l’appelle consolation spirituelle, car ce sont de douces larmes. Mais n’allez pas en conclure que vous êtes plus saint pour cela. Vous, au contraire, malgré vos supplications, vous restez sec comme du bois, alors que vous voudriez pleurer vos péchés. N’allez pas en conclure que votre oraison est manquée. Combien se découragent alors ! Rodriguez cite ce saint religieux qui, dès qu’il se mettait à faire oraison, se trouvait tout à coup sec comme du bois et n’arrivait pas à dire un seul mot à Notre-Seigneur. Il se contentait de répéter : " Je suis une bête… je suis une bête… " N’allez pas croire qu’il perdait son temps. Pas plus que le pauvre publicain de l’Evangile qui n’osait pas même lever les yeux au ciel et se contentait de battre sa poitrine en disant : " Ayez pitié de moi, Seigneur, qui suis un pauvre pécheur ! Ayez pitié de moi ! etc. "

    Quatrième règle, N° 317

    317 — De la désolation spirituelle. J’appelle désolation spirituelle le contraire de ce qui a été dit dans la troisième règle ; les ténèbres et le trouble de l’âme, l’inclination aux choses basses et terrestres, les diverses agitations et tentations qui la portent à la défiance et la laissent sans espérance et sans amour, triste, tiède, paresseuse, et comme séparée de son Créateur et Seigneur. Car comme la consolation est opposée à la désolation, les pensées que produit l’une sont nécessairement contraire à celles qui naissent de l’autre.

    Si vous me pardonnez l’expression un peu enfantine : " Dans la consolation Dieu nous donne des bombons. Dans la désolation, il nous donne de la vache enragée ". Mais n’allez pas croire que dans le premier cas vous êtes plus saint et que dans le second cas vous êtes plus mauvais… Que de gens se découragent parce qu’ils sont accablés de tentations, même viles et humiliantes. Nous verrons plus loin ce qu’il faudra faire alors. Non seulement cela ne veut pas nécessairement dire que vous reculez. Mais c’est toujours, si vous en prenez les moyens, une grâce pour avancer en sainteté. Sainte Jeanne de Chantal est restée plusieurs années soumise à des tentations terribles. Elle n’avait plus envie de prier. Dès qu’elle se mettait en prière, elle en éprouvait un dégoût incroyable, elle avait envie de quitter son couvent et de retourner dans le monde pour s’y livrer à la vie la plus relâchée, la plus mondaine, même corrompue. Elle se demandait si elle avait encore la foi.

    Peut-être penserez-vous qu’alors elle marchait en arrière dans la voie de la sanctification ?… Au contraire, c’est dans ces années-là qu’elle a fait le plus de progrès dans la vertu et elle est arrivée à cette générosité et force d’âme qu’elle n’aurait jamais atteinte si le Bon Dieu ne l’avait pas fait passé par ces épreuves.

    Le Père Vallet nous disait : " Il y a plusieurs façons pour apprendre à boxer :

    1. Certains s’entraînent en donnant des coups de poing à leur traversin. En faisant cela, vous ferez de maigres progrès.

    2. D’autres s’entraînent en donnant des coups de poing contre des punching ball. Cela vous fera faire de plus grand progrès, il faut se remuer sinon la balle risque de vous revenir dans l’œil.

    3. Mais si vous voulez devenir un maître boxeur, alors exercez-vous avec un maître boxeur spécialisé. Les premiers jours vous serez brisé, mais bientôt, à votre tour, vous serez devenu un maître ".

    " Ainsi, ajoutait le Père Vallet, Dieu permet aux démons de venir vous tenter, pour nous aider à avancer rapidement en sainteté ". Donc ne confondez plus tentations et relâchement dans la sainteté.

    " Parce que tu étais agréable à Dieu, il était nécessaire que la tentation t’éprouvât " disait l’archange Raphaël à saint Tobie, et saint Jacques a écrit dans sa lettre :  " Bienheureux l’homme qui souffre la tentation, car après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie que Dieu prépare à ceux qui l’aiment ".

Et saint Pierre nous dit : " Mes frères, soyez sobres et veillez car votre ennemi le diable, comme un lion rugissant, vous tourne autour, prêt à vous dévorer. Résistez lui, forts dans la foi… "

    Ainsi donc que la désolation (et tout ce qu’il y a derrière ce terme : sécheresse, découragement, troubles, épreuves, tentations de toutes espèces) ne vous trompe pas. Il faut passer par là pour arriver à la sainteté.

    Le graphique de saint Jean de la Croix.

Saint Jean de la Croix, en tête de son ouvrage " La montée du Carmel ", où il indique l’ascension de l’âme vers les voies mystiques, a voulu faire un petit dessin pour illustrer cette ascension de l’âme.

        1. Au bas, à droite, une longue voie de garage qui monte, descend, tourne, retourne et aboutit à une impasse. Sur cette voie, saint Jean de la Croix a écrit : " Consolations humaines " !

— Je voudrais bien me sanctifier, mais je voudrais que l’on reconnaisse mes efforts, que mes supérieurs m’encourage, etc., … ne pas être seul… Puisqu’il en est ainsi, je lâche tout !

— Monsieur, vous êtes sur une voie de garage, vous n’arriverez jamais à la sainteté.

        2. Autre voie de garage qui tourne, retourne, monte, descend, remonte et finalement aboutit au point de départ. Au-dessus, saint Jean de la Croix a écrit : " Consolations divines ".

— Non, je ne recherche pas les consolations humaines, mais quand je fais oraison ou que je communie je voudrais ressentir quelque chose de doux, un peu d’amour pour le Bon Dieu, la joie de sa présence, la douleur de mes péchés, or je reste sec ; j’ai même des tentations alors je sens que je perds mon temps, je vais lâcher mon oraison !

Saint François de Sales vous dit : " Ne cherchez pas les consolations de Dieu mais le Dieu des consolations ". Vous n’arriverez jamais à la sainteté si vous continuez à confondre progrès et consolation spirituelle.

        3. Au milieu (cela fait presque toute la page), comme un puits de mine.. étroit… tout noir… sur lequel le saint a écrit cinq fois en espagnol : " Nada, nada, nada, nada, nada (rien) ! " Et c’est le seul chemin pour arriver là-haut !

— Mais, mon Père, j’ai dû me tromper… Il faut à tout prix que je fasse autre chose. J’ai des tentations terribles… je ne fais pas de progrès ! Si vous saviez tous les sentiments qui naissent en mon cœur… je perds la foi… j’ai envie de faire les péchés les plus horribles, etc. !

— Courage ! Vous êtes sur le bon chemin !

— Mais c’est pas possible ! mon imagination est remplie d’images impures, de haine. Je ne crois plus à rien, me semble-t-il.

— Vous êtes sur le bon chemin, ne lâchez pas ! Continuez !

Puis là-haut, le puits de mine s’évase en entonnoir et s’éclaire ; mais saint Jean de la Croix écrit : " Et là-haut toujours rien ! " Autres espèces de tentations très différentes. On se sent si loin du Bon Dieu ! On se voit si vil, si pêcheur ! On voudrait faire mieux, on n’y arrive pas !

Enfin au-dessus, seulement, les vertes prairies du Mont-Carmel arrosées par les sept dons du Saint-Esprit  et produisant les douze fruits du Saint-Esprit !… Courage donc ! Que rien ne vous arrête !



27/01/2012
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