EXORCISMES ET POSSESSIONS

EXORCISMES ET POSSESSIONS

LA DIFFICULTÉ DE PARLER DU DÉMON

LA DIFFICULTÉ DE PARLER DU DÉMON 

Quand nous essayons de décrire des images pour parler du diable, nous sommes confrontés à l'ambiguïté insoupçonné de cette réalité Le Père Demoustier, s.j. dit ceci:
"Pour l'intelligence, son existence reste problématique... pourtant, l'expérience chrétienne du pardon reçu fait toucher du doigt que le mensonge est déjà là, avant même que le chrétien lui ait personnellement donné prise. Aucun homme ne peut se reconnaître en vérité comme lui-même l'origine de son propre mensonge... Mais il n'existe pas pour autant un concept simple ni une représentation qui permette de parler du démon" (Entretiens avec les exorcistes, Paris, janvier 1995). 

- L'étendue de la question du diable

Pourquoi le mal, ce mal dans le monde? Quel est le rapport exact entre sujet et objet?
Qu'est-ce que la liberté, l'autonomie, la relation? Qu'est-ce que le réel si "la vie n'est pas un songe"? Qu'est-ce que savoir et connaître? Que peut-on connaître et comment? Nous avons là le genre de problèmes auxquels le débat sur l'existence et l'identité du diable est lié.

- Le vocabulaire 

Satan: vient de l'hébreu, signifie l'adversaire, l'opposant et par conséquent, l'accusateur, l'obstacle, systématiquement dressé contre l'être humain, la création, Dieu.

Diable: vient du grec, c'est l'opposé de symbole (ce qui relie, le visible à l'invisible). Diable signifie le diviseur, le séparateur, donc celui qui "met la pagaille", qui suscite chaos, confusion.

Démon: vient du grec, désigne initialement un être divin, de puissance divine. Par la suite, ce terme est devenu péjoratif pour désigner tout esprit mauvais.

Tous ces mots peuvent désigner bien des réalités et doivent être employés avec discernement.

- Le diable est-il une personne?

Le Père Henri Bourgeois dit: "Certes le diable existe. Quant à moi, je suis réticent à lui donner une existence personnelle. Mais cela ne signifie pas du tout que je nie son existence" ("Exorcistes" Isidore Froc - références Droguet-Ardant p. 140).

"Le Père René Marlé intervenant à la session nationale des exorcistes en France (janvier 1992), cite ce passage d'un article du professeur Ratzinger (15):
"Lorsqu'on demande si le diable est une personne, on devrait plus justement répondre qu'il est la non personne (ou l'anti-personne,) la désintégration, la ruine de l'être-personne et c'est pourquoi il est caractéristique de sa nature de se présenter sans visage".

Le diable est celui qui refuse de se recevoir de Dieu comme être crée.


- Y a-t-il un portrait robot de Satan?

En janvier 1995, lors de la session nationale des exorcistes, le père Adrien Dumoustier SJ a fait un exposé sur les règles de discernement des exercices spirituels d'Ignace de Loyola. Il a dit: "En pratique, le chrétien est conduit à reconnaître que le diable existe et que cette affirmation a une portée précise. Nier son existence, c'est se tromper. Affirmer son existence en adhérant à la représentation qui accompagne cette affirmation, c'est être trompé. Satan est menteur et père du mensonge. Il faut croire à certains qu'il n'est pas et à d'autres qu'il existe tout en étant pas ce qu'il dit".

Nous avons là raconté en quelques mots la difficulté de parler de Satan.

"POSSESSION DU DIABLE"

La possession du diable est utilisée pour parler de cette perte de contrôle d'une personne sur son agir. Cette perte de contrôle et attribuée à l'esprit du mal, le diable. Ce terme n'est pas le meilleur pour comprendre la réalité de ce que nous voulons cerner. Le mot "possession" nous situe dans un état de fait. C'est le terme de tout un cheminement et d'expériences de vie. Il nous coupe de l'histoire d'une personne, de sa liberté, de ses choix et de toutes les influences qui ont marqué sa vie.

Je préfère utiliser le mot "influences" pour entrer dans un problème où nous voulons cerner les effets des situations de mal sur quelqu'un. Tout être humain se construit à travers un milieu de vie. Il est soumis à des influences de bien et de mal. Parfois c'est un geste humanitaire d'aide, c'est une prière, c'est une sortie éducative; dans d'autres circonstances, c'est la violence, les guerres médiatisées, les tricheries.

Toutes les influences fonctionnent comme la communication entre nous et notre environnement. Comme l'air que nous respirons, l'influence agit à tous les niveaux de l'existence pour laisser ses marques en nous. C'est la vie de la famille et ses valeurs. Ce sont nos études, le groupe de copains, le travail et les rencontres.

Les intensités varient aussi. Nous n'accueillons pas de la même façon une pièce musicale ou un film d'horreur.

Nous devenons ce que nous mangeons.
Le terme influence nous permet d'aller du plus connu au moins connu pour la connaissance de l'histoire de quelqu'un et des influences qui le marquent. Sous quelles influences est-ce que j'agis? Quel est cet autre qui a une influence sur moi?

Cet autre peut être ce que nous sommes devenus par influences: nos défauts, nos peurs, nos réussites ou nos échecs. Ces influences peuvent nous atteindre au plus intime et devenir nos angoisses, nos dépendances, notre complexe de persécution.

Cet autre peut-être une personne humaine qui a beaucoup d'influences sur nous.

Parfois, cet autre c'est Satan disent certains. C'est une influence extérieure qui vient peser sur mon agir. Il arrive que la personne puisse entrer dans un état second et qu'elle ne soit plus en pleine maîtrise d'elle-même. 

Comme le dit dans son article le Cardinal Estévez: "le démon s'empare d'une certaine manière des forces et de l'activité physique de la personne qui subit la possession". 

Tous ces niveaux d'influences nous montre que les causes profondes des situations de mal qui apparaissent chez les personnes sont multiples. Il s'agit rarement d'une cause directe comme Satan. L'inexpliqué ne vient pas nécessairement d'une cause surnaturelle. Ce sont les raisons pour lesquelles il faut agir avec prudence et prendre le temps de discerner, à partir des expériences de vie des personnes, des souffrances qui les habitent. Si elles n'ont pas engagé leur liberté dans des forces destructibles face à elles-mêmes ou établi des liens avec Satan, il n'y a pas lieu alors de penser à une possession. Il s'agit bien plus souvent d'exorciser nos peurs et nos angoisses que le démon.

L'Église nous rappelle que lorsque nous sommes arrivés à la conviction que l'on se trouve devant une possession diabolique, c'est alors que l'exorciste autorisé peut accomplir le rite solennel de l'exorcisme ou grand exorcisme. Ceci demeure des situations rares.
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19/01/2012
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