La possédée de Coullons
Il s’agissait d’une jeune lingère, fille de paysan, douce, tranquille et intelligente, qui, à partir de l’âge de 16 ans, précisément le 25 mars 1850, dût subir des épreuves terribles. La nuit, elle entendait des coups contre les murs et un tintamarre assourdissant. La journée, elle était projetée au sol brutalement par des forces inexpliquées. Elle se trouva rapidement couverte de plaies et d’ecchymoses. On la crut épileptique, mais examinée par des médecins, qui assistèrent aux chutes, le diagnostic fut éliminé.
À partir de janvier 1862, elle se mit à recevoir des coups de façon inexpliquée. En 1863, elle fut projetée à distance contre les portes de l’église, une autre fois dans le feu. Le plus souvent, des témoins assistaient, médusés, à ces scènes. C’est le 1er janvier 1863 que le diable lui apparut pour la première fois sous forme humaine, puis ce fut sous l’aspect d’animaux monstrueux, et ces apparitions durèrent pendant des années. Une goutte d’eau bénite suffisait à le faire disparaître… On lui proposait de renier Dieu, en échange d’une métamorphose en « grande dame roulant carrosse »…
Les autorités ecclésiastiques furent consultées, et, à la demande de Mgr Dupanloup, évêque d’Orléans, trois prêtres dont l’abbé Bougaud, curé de Gien, l’interrogèrent en latin. Hélène Poirier répondit clairement en latin, à toutes les questions, alors qu’elle ne connaissait absolument pas cette langue ! C’est alors que le médecin du séminaire d’Orléans la déclara « folle » et qu’elle tenta de se suicider.
Le 15 août 1864, pendant la messe, elle tombe en extase et la Vierge lui apparaît. Cela se renouvellera de nombreuses fois dans les années qui suivirent. En décembre 1866, le Dr Laffont l’examine pendant une extase. Il la pique avec une épingle sous les ongles et dans le bras gauche ; elle ne sort pas de son état…
L’année 1867 fut, pour Hélène Poirier, la plus extraordinaire par la nature et l’importance des manifestations diaboliques dont elle fut victime. Ce fut pour elle l’année la plus douloureuse : le 5 mars, elle est soulevée pour la première fois, les pieds à la hauteur d’une table et retombe violemment sur le sol. Dans les jours qui suivirent, elle fut plus d’une heure maintenue horizontalement, puis la tête jusqu’aux solives de la maison, puis la tête en bas et les vêtements qui restent collés à son corps. À chaque fois, la chute est terrible et des témoins assistent à ces phénomènes. Plus tard, c’est dehors que les évènements se déroulent : elle est projetée plus haut que les maisons, au-dessus des haies et des arbres. Sortant d’une maison du bourg, elle se retrouve au pont de la rivière, si rapidement et si haut qu’elle en a le souffle coupé. Une autre fois, elle se retrouve suspendue à la voûte de l’église !
Tous ces faits paraissent incroyables, on pourrait n’y attacher aucune importance, s’ils n’avaient été observés par des témoins irrécusables. Tout cela eut un énorme retentissement parmi le public qui se passionna pour les faits et les geste de la jeune fille.
En octobre 1868, devant l’ampleur des phénomènes, le pape Pie IX fut informé et accepta de s’occuper personnellement de l’humble paysanne de Coullons. Il célébra trois messes à son intention et en 1872 lui adressa sa bénédiction particulière. En 1869, Mgr Dupanloup la fit exorciser.
Autour d’elle, de nombreux prodiges surnaturels se passaient : elle soulève le couvercle de la soupe qui, quoique brûlante, grouille de vers … quelques gouttes d’eau bénite et la soupe redevient appétissante. Quelques jours plus tard, d’innombrables épingles trouvées dans la soupe disparaissent de la même façon. L’abbé Preslier, curé de Coullons, affirmait qu’en trois ans, elle avait employé un poinçon (235 litres) d’eau bénite.
Il faut évidemment faire la part des légendes, des exagérations, des déformations que l’imagination apporte parfois à certains récits, mais doit-on récuser systématiquement tous ces témoignages ? Cependant, le Berry, pays où le surnaturel devient vraisemblable, n’est pas loin… Peut-être faut-il chercher une explication dans des herbes ou des champignons hallucinogènes ?
C’est au cours d’un pèlerinage à Lourdes qu’elle guérit totalement et devint servante pendant 20 ans du chanoine Champault de Gien, qui écrivit un livre sur son histoire.
En 1908, elle rentre à Coullons, dans sa famille et meurt en 1914 dans une grande paix. Elle repose au cimetière de Coullons.
Le jour de ses obsèques, un enfant de chœur tenait un cierge allumé pour l’accompagner de l’église au cimetière ; malgré le vent de tempête qui soufflait ce jour-là, la flamme du cierge ne s’éteignit pas. L’assistance fut témoin du fait et en fut très impressionnée…
source : site "coullons.pagesperso-orange.fr"
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