Passée cette mise au point, et une fois face à l’homme d’église, on peut attaquer les choses sérieuses, le bilan d’une vie au service des fidèles. La dernière messe de l’abbé Richard aura lieu dimanche. Mais « ce n’est pas terminé », rectifie le prêtre.
Quel a été votre parcours ?
J’ai étudié à Paris, d’abord en mathématiques, j’ai obtenu la licence, puis j’ai été au Séminaire durant six ans.
« À 14-15 ans, j’ai eu
la conviction que
le Seigneur m’appelait.
Ça ne m’intéressait pas spécialement à l’époque”
Quel métier vouliez-vous faire étant enfant ?
Je voulais faire de la recherche scientifique.
Pourquoi, après les mathématiques, être entré au Séminaire ?
Les mathématiques étaient pour moi comme un préalable à la physique. À 14-15 ans, j’ai eu la conviction que le Seigneur m’appelait, j’ai un souvenir très précis, ça ne m’intéressait pas spécialement à l’époque. Mais je n’avais pas envie de dire non au Seigneur. Je me suis dit « je vais réfléchir avant de pouvoir lui dire “Non, tu vois bien que ce n’est pas pour moi”. » À la fin des études de mathématiques, n’ayant pas trouvé de raison de dire « non », je me suis dit « je vais essayer ». Je ne regrette pas le choix que j’ai fait.
Votre famille a compris votre choix ?
Ils n’ont pas été plus surpris que ça. Je viens d’une famille chrétienne. Un cousin de mon père et un oncle de ma mère étaient prêtres…
Et ensuite ?
À la fin des études, j’ai passé deux ans au service militaire, à Amiens, Nîmes, mais, au moment d’aller en Algérie, c’était le putsch d’Alger ; je suis resté à Marseille quelques jours avant de pouvoir m’y rendre. Puis, à mon retour, j’ai été ordonné prêtre, en 1965. J’ai terminé l’année puis je suis entré au Petit Séminaire de Soissons comme professeur de mathématiques pendant six ans. À Vervins, de 1972 à 1995 j’ai été aumônier au collège et lycée Saint-Joseph, avant d’habiter au presbytère et de m’occuper de la paroisse Sainte-Anne, de 1995 à maintenant.
Cela vous a plu de célébrer mariages, baptêmes ?
Les mariages, les baptêmes… Et les enterrements. Accompagner les fidèles dans la vie vraie, telle qu’elle est, dans tous les moments.
Comment a évolué l’engagement des croyants ? Est-ce que leur foi est en déclin ?
C’est un déclin si on compte le nombre ; les Chrétiens en vérité ont grandi, avancé dans une foi plus adulte. Les Chrétiens réfléchissent davantage aux enjeux de leur manière de vivre aujourd’hui. Il y a toujours eu ceux qui réfléchissent à la foi plus profondément, qui font davantage référence à l’Évangile ; d’autres ont plus un mélange d’habitudes, on suit le mouvement en quelque sorte.
Qu’allez vous faire maintenant ?
Je suis déchargé de la responsabilité d’une paroisse et je prends le statut de prêtre auxiliaire. À la mesure de mes possibilités, je répondrai à la demande et exercerai en tant que prêtre exorciste pour les personnes qui souffrent. Pour aider les gens à reprendre confiance en eux, et les libérer de cette sensation d’être prisonniers, pour se libérer de l’emprise du mal, pour les cas les plus difficiles.
Cela est intrigant…
Il faut toutefois faire la distinction entre spiritisme, magie, sorcellerie, et le bon sens ! Cela demande une certaine maturité. Il y a un seul prêtre exorciste par paroisse. C’est l’évêque qui choisit pour cela un prêtre.
Les Vervinois vont vous manquer ?
Oui et non. Tout a une fin, mais le changement fait partie de la vie. La vie, ce n’est pas être prisonnier du passé. J’emporte plein de souvenirs avec moi, de bons souvenirs. Je n’ai pas été malheureux ici.<cci:puce_cpi16 class="macro" displayname="PUCE_CPI16" name="PUCE_CPI16">
Propos recueillis par
