L’Antéchrist, une incarnation de Satan ?
1. L’Antéchrist, une incarnation de Satan ?
Le nom d’Antéchrist est généralement associé à l’idée de "fils du Diable" ou d’incarnation, d’avatar de Satan. Le célèbre film Damien a d’ailleurs largement popularisé cette image. Toutefois, ce nom peut également désigner n’importe quel "faux prophète", n’importe quel ennemi du dogme chrétien. Dans la Deuxième épître aux Thessaloniciens (2 : 3-4), il est, de manière générale, "L’homme du péché, le fils de la perdition" :
"Que personne ne vous égare d‘aucune manière; car auparavant viendra l‘apostasie, et se manifestera l‘homme de péché, le fils de la perdition, l‘adversaire qui s‘élève contre tout ce qui est appelé Dieu ou honoré d‘un culte, jusqu’à s’asseoir dans le sanctuaire de Dieu, et à se présenter comme s‘il était Dieu." (Crampon).
"Que personne ne vous séduise d‘aucune manière. Auparavant doit venir l‘apostasie et se révéler l‘Homme impie, l‘Être perdu, l‘Adversaire, celui qui s‘élève au-dessus de tout ce qui porte le nom de Dieu ou reçoit un culte, allant jusqu‘à s‘asseoir en personne dans le sanctuaire, se produisant lui-même comme Dieu." (Jérusalem).
L’Antéchrist est aussi, tour à tour, assimilé au Dragon, à la Bête, au Faux Prophète, voire à la Prostituée de Babylone de l’Apocalypse. Il semble toutefois qu’il convient plus sûrement d’identifier l’Antéchrist avec le personnage de la Bête (ou première Bête), le Dragon étant Satan lui-même, qui donne son pouvoir à la Bête, et le Faux Prophète (ou deuxième Bête) étant celui qui annonce la venue de l’Antéchrist. Ce nom peut également servir à désigner un groupe, une organisation, une religion, bref, tout qui, individu ou groupe, tenterait d’instaurer une nouvelle religion opposée à celle du "crucifié", peu avant la fin du monde. Bien plus fantaisiste est la tentation de certains démonologues d’assimiler "Antéchrist" à un nom de démon particulier (comme cela se fait aussi pour "Légion") plus particulièrement escamoteur et nécromancien…
A noter encore que le nom même d’ "Antéchrist" n’est cité que cinq fois dans la Bible (au pluriel et au singulier) : dans la Première épître de Jean (2 : 18 / 2 mentions, 2 : 22 / 1 mention, 4 : 3 / 1 mention), de même que dans la Deuxième épître de Jean (1 : 7 / 1 mention). L’Antéchrist n’est cité nommément ni dans le Livre de Daniel, ni dans la Deuxième épître aux Thessaloniciens, ni dans l’Evangile de Mathieu, pas plus que dans l’Apocalypse.
2. Antéchrist ou Antichrist ?
L’Antéchrist est-il celui qui est destiné à combattre le Christ (antichrist / "contre le Christ", mais aussi "à la place du Christ", "équivalent négatif du Christ") ou celui qui, par sa venue, doit annoncer le retour du Christ (antéchrist / "avant le Christ"), ou celui qui existait avant la venue du Christ, durant le temps où l’humanité était supposée plongée dans les prétendues "ténèbres du paganisme" ? Nous verrons que si la graphie "antéchrist" est utilisée dans la bible du chanoine Crampon, celle d’"antichrist" a la faveur de la bible de Jérusalem.
Selon la première version étymologique, l’Antéchrist ou Antikhristos / Antichristus (= "contre le Christ", -anti) signifie l’adversaire du Christ, le négateur du Père et du Fils, tel que cela est dit dans la Première épître de Jean (2 : 22 & 4 : 3) et dans la Deuxième épître de Jean (1 : 7) :
I Jean – 2 : 22 :
"Qui est le menteur, sinon celui qui nie que Jésus est le Christ ? Celui-là est l‘antéchrist, qui nie le Père et le Fils." (Crampon).
"Qui est le menteur, sinon celui qui nie que Jésus soit le Christ ? Le voilà l‘Antichrist ! Il nie le Père et le Fils." (Jérusalem).
I Jean – 4 : 3 :
"et tout esprit qui ne confesse pas ce Jésus n‘est pas de Dieu : c‘est celui de l‘anté-christ, dont on vous a annoncé la venue, et qui maintenant est déjà dans le monde." (Crampon).
"et tout esprit qui ne confesse pas Jésus n‘est pas de Dieu; c‘est là l‘esprit de l‘Antéchrist. Vous avez entendu dire qu‘il allait venir; eh bien! Maintenant il est déjà dans le monde." (Jérusalem).
2 Jean – 1 : 7 :
"Car plusieurs séducteurs ont paru dans le monde; ils ne confessent point Jésus comme Christ venu en chair : c‘est là le séducteur et l‘antéchrist." (Crampon).
"C‘est que beaucoup de séducteurs se sont répandus dans le monde, qui ne confessent pas Jésus Christ venu dans la chair. Voilà bien le Séducteur, l‘Antichrist." (Jérusalem).
On fait aussi de l’Antéchrist un synonyme de "faux Christ" (Pseudo-christos). Jésus évoque d’ailleurs les "faux Christs" et les "faux prophètes" dans Mathieu (24 : 5 & 24 : 24) :
Mathieu 24 : 5 :
"Car beaucoup viendront sous mon nom, disant : "C‘est moi qui suis le Christ"" et ils en induiront un grand nombre en erreur." (Crampon).
"Car il en viendra beaucoup sous mon nom, qui diront : "C‘est moi le Christ" , et ils abuseront bien des gens." (Jérusalem).
Mathieu 24 : 24 :
"Car il s‘élèvera de faux Christs et de faux prophètes, et ils feront de grands miracles et des prodiges jusqu‘à induire en erreur, s‘il se pouvait, les élus mêmes." (Crampon).
"Il surgira, en effet, des faux Christs et des faux prophètes, qui produiront de grands signes et des prodiges, au point d‘abuser, s‘il était possible, même les élus." (Jérusalem).
Selon la seconde version étymologique, l’Antéchrist désignerait l’ "avant-Christ", car effectivement, à la fin des temps, la venue de l’Antéchrist est supposée annoncer le retour du Christ (parousie). Il apparaît toutefois que c’est la première version qui prévalait à l’origine et l’Antéchrist est donc bien, étymologiquement, celui qui est l’adversaire du Christ, qui est "anti-Christ". Il semble qu’au 12ème siècle le préfixe ante (avant) se soit substitué au terme anti (contre). En fait, le nom d’ "antichrist" est connu dans toutes les langues latines et germaniques, alors que le terme "antechrist" y est inconnu. Seule la langue française n’admet pas le mot d’ "antichrist", bien que certains tentent aujourd'hui d’y introduire ce néologisme. En définitive, si l’on peut considérer que le terme "antichrist" devrait étymologiquement prévaloir, on ne peut nier que les deux versions étymologiques concordent parfaitement avec la nature réelle de l’Antéchrist : celui-ci est effectivement bien l’adversaire du Christ, mais il est également celui qui annonce sa venue, celui qui le précède, celui qui annonce la fin des temps.
3. L’Antéchrist, annonciateur de la fin des temps.
L’Antéchrist est l’esprit du Mal annonciateur de la "fin du monde" et du Jugement dernier. Sa venue est clairement annoncée dans la Première épître de Jean (2 : 18) :
"Mes petits enfants, c’est la dernière heure. Comme vous avez appris que l’antéchrist doit venir, aussi y a-t-il maintenant plusieurs antéchrists : par là nous connaissons que c’est la dernière heure." (Crampon).
"Petits enfants, voici venue la dernière heure. Vous avez ouï dire que l‘Antichrist doit venir; et déjà maintenant beaucoup d’antichrists sont survenus : à quoi nous reconnaissons que la dernière heure est là." (Jérusalem).
Bien que, contrairement à une idée répandue, son nom n’apparaisse pas dans l’Apocalypse de Jean, l’Antéchrist est généralement assimilé à la première Bête de l’Apocalypse (13 : 1-4) :
"Puis je vis monter de la mer une bête qui avait sept têtes et dix cornes, et sur ces cornes dix diadèmes, et sur ses têtes des noms de blasphème. La bête que je vis ressemblait à un léopard; ses pieds étaient comme ceux d‘un ours, et sa gueule comme une gueule de lion. Le dragon lui donna sa puissance, son trône et une grande autorité. Une de ses têtes paraissait blessée à mort; mais sa plaie mortelle fut guérie et toute la terre saisie d‘admiration, suivit la bête, et l‘on adora le dragon, parce qu‘il avait donné autorité à la bête, et l‘on adora la bête, en disant : "Qui est semblable à la bête et qui peut combattre contre elle ?" (Crampon).
"Alors je vis surgir de la mer une Bête ayant sept têtes et dix cornes, sur ses cornes dix diadèmes et sur ses têtes des titres blasphématoires. La Bête que je vis ressemblait à une panthère, avec les pattes comme celle d’un ours et la gueule comme une gueule de lion; et le Dragon lui transmit sa puissance et son trône et un pouvoir immense. L’une de ses têtes paraissait blessée à mort, mais sa plaie mortelle fut guérie; alors, émerveillée, la terre entière suivit la Bête. On se prosterna devant le Dragon, parce qu’il avait remis le pouvoir à la Bête en disant : "Qui égale la Bête, et qui peut lutter contre elle ?" (Jérusalem)
A noter que certains éléments de cette description peuvent être retrouvés dans Daniel (7 : 1-7).
A la suite de M. Centini, rappelons que "la bête sortant de la mer est considérée comme le symbole de l’Antéchrist tandis que celle provenant de la Terre est personnalisée sous les traits d’un pseudo-prophète, chargé de préparer la venue de l’Antéchrist." (L’Ange déchu, M. Centini, p.44). Nous reviendrons ultérieurement sur la seconde Bête.
L’histoire de la blessure mortelle de l’Antéchrist, qui paraît guérir miraculeusement afin de susciter l’admiration des foules en fait symboliquement un "faux Christ", un faux faiseur de miracles (II Thessaloniciens 2 : 8-9) :
"Et alors se découvrira l‘impie que le Seigneur (Jésus) exterminera par le souffle de sa bouche, et anéantira par l‘éclat de son avènement. Dans son apparition cet impie sera, par la puissance de Satan, accompagné de toutes sortes de miracles, de signes et de prodiges mensongers"(Crampon).
"Alors l‘impie se révèlera, et le Seigneur le fera disparaître par le souffle de sa bouche, l‘anéantira par le souffle de sa Venue. Sa venue à lui, l‘Impie, aura été marquée, par l‘influence de Satan, de toute espèce d‘œuvre de puissance, de signes et de prodiges mensongers," (Jérusalem).
Quant au pouvoir qui lui sera transmis par le Dragon -donc par Satan- il est dit qu’il devra durer pendant quarante-deux mois. Il est dit aussi que l’Antéchrist sera un Dieu volant par les airs, entouré d’une foule de démons à la figure angélique et qu’il trompera tous les peuples de la terre par une apparence de sainteté. Dans l’imagerie médiévale, on l’identifiera souvent avec des animaux de toute espèce. Enfin, dans les Sept fléaux des sept coupes (Apocalypse), il est expliqué que la sixième coupe aura pour fonction de préparer le lieu où s’affronteront les armées de l’Antéchrist et celles du Christ (Apocalypse 16 : 12).
"Puis le sixième répandit sa coupe sur le grand fleuve de l‘Euphrate, et les eaux en furent desséchées, afin de livrer passage aux rois venant de l‘Orient." (Crampon).
"Et le sixième répandit sa coupe sur le grand fleuve Euphrate; alors, ses eaux tarirent, livrant passage aux rois de l’Orient." (Jérusalem).
Et lieu de l’affrontement final n’est autre qu’Armagédon (Apocalypse 16 : 16) :
"Et ils les rassemblèrent dans le lieu appelé en hébreu Armagédon" (Crampon)
"Ils les rassemblèrent au lieu dit, en hébreu, Harmagedôn." (Jérusalem)
4. Le Faux Prophète et le chiffre de la Bête.
L’Antéchrist est servi par une autre Bête dotée de cornes semblables à celles d’un agneau mais dont le langage est celui d’un dragon (Apocalypse 13 : 11-12)
"Puis je vis monter de la terre une autre bête, qui avait deux cornes semblables à celles d‘un agneau, et qui parlait comme un dragon. Elle exerçait toute la puissance de la première bête en sa présence, et elle amenait la terre et ses habitants à adorer la première bête, dont la plaie mortelle avait été guérie." (Crampon).
"Je vis ensuite surgir de la terre une autre Bête; elle avait deux cornes comme un agneau, mais parlait comme un dragon. Au service de la première Bête, elle en établit partout le pouvoir, amenant la terre et ses habitants à adorer cette première Bête dont la plaie mortelle fut guérie."(Jérusalem).
Ainsi, "le faux prophète, en exerçant son propre pouvoir, acquiert une reconnaissance de plus en plus grande de la part de l’Antéchrist, et par conséquent obtient une véritable autonomie, une ligne "politico-religieuse" propre." (L’Ange déchu, Centini, p. 66).
La Bête qui sert l’Antéchrist symbolise les "faux prophètes". C’est elle qui fera apposer sur la main droite ou sur le front des hommes le chiffre de la première Bête qui n’est autre, bien évidemment, que le célèbre "666" (Apocalypse 13 : 16-18) :
"Elle fit qu‘à tous, petits et grands, riches et pauvres, libres et esclaves, on mit une marque sur la main droite ou sur le front, et que nul ne pût acheter ou vendre, s‘il n‘avait pas la marque du nom de la bête ou le nombre de son nom. C‘est ici la sagesse ! Que celui qui a de l‘intelligence compte le nombre de la bête; car c‘est un nombre d‘homme et ce nombre est six cent soixante-six." (Crampon).
"Par ses manœuvres, tous, petits et grands, riches ou pauvres, libres et esclaves, se feront marquer sur la main droite ou sur le front, et nul ne pourra rien acheter ni vendre s‘il n‘est marqué au nom de la Bête ou au chiffre de son nom. C‘est ici qu‘il faut de la finesse ! Que l‘homme doué d‘esprit calcule le chiffre de la Bête, c‘est un chiffre d‘homme : son chiffre, c‘est 666" (Jérusalem).
Le "666" constitue, en quelque sorte, l’emblème des esclaves de Satan.
5. De la judaïté supposée de l’Antéchrist…
Certains prétendent que l’Antéchrist serait un démon incarné –on évoque notamment Bélial-, d’autres, à l’instar de saint Jérôme, disent qu’il s’agirait d’un homme engendré par un démon ou, plus précisément, le fils d’un incube et d’une mortelle. D’autres encore, mais on reconnaîtra là la vieille tradition anti-judaïque d’un certain christianisme, affirment que l’Antéchrist sera juif, qu’il fera la guerre mais que son règne ne durera que trois ans et demi, soit les quarante-deux mois mentionnés dans l’Apocalypse (13 : 5). C’est ce qui est affirmé par Eximénès dans sa Vita Christ, auteur pour lequel l’Antéchrist sera donc un juif, né dans la tribu de Dan en Babylonie. Il sera beau de corps et il aura le verbe facile et attrayant. Il montrera tous les signes extérieurs de la générosité et sera prodigue de ses biens. Un grand démon lui aura appris tout ce qu’il convient de savoir, en aura fait un maître dans tous les arts, notamment en alchimie et dans divers arts magiques qui lui permettront de produire de l’or et de l’argent à volonté pour corrompre les hommes.
6. La venue de l’Antéchrist, un mythe américain ?
Certaines sources prétendent qu’un ou plusieurs Antéchrists sont apparus au premier siècle de l’ère chrétienne et qu’ils sont toujours là. Des prophéties ont par contre annoncé la venue de l’Antéchrist pour des périodes bien ultérieures. Ainsi l’année 1524, qui avait été retenue, étant depuis longtemps dépassée ( !), il nous reste à nous en remettre aux prédictions de l’Eglise des baptistes du centre (des Etats-Unis), pour lesquels l’Antéchrist serait précisément né le 22 février 1962 et serait évidemment à l’œuvre ! Au risque de surprendre le lecteur, il convient de souligner que cette approche apocalyptique d’un certain christianisme messianique en vogue aux Etats-Unis, influence en partie la politique étrangère de ce pays, notamment du fait du prosélytisme de "la Droite chrétienne évangélique, qui considère –de façon très littérale- Israël comme le champ de bataille à venir entre les Chrétiens et les forces de l’Antéchrist lors de la bataille d’Armageddon. Bien que cela puisse paraître très surprenant à un lecteur français, il s’agit d’une préoccupation active, réelle, et politiquement puissante au Congrès des Etats-Unis."(DSI n°5, "La guerre à venir ? L’Iran et le système stratégique américain", Jean-Michel Valantin, juin 2005, p.20-21). Un mot aussi à propos d’Armageddon : "En général, les exégètes tombent d’accord pour situer l’Harmaguedon dans la "montagne de Meghiddo", qui se trouve dans la plaine d’Izréel. C’est dans ce même lieu que s’étaient déjà livré deux batailles importantes pour Israël et que le juge Barak sortit vainqueur des Cananéens, libérant les Hébreux de l’esclavage." (L’Ange déchu, Centini, Editions De Vecchi, 2004 (p. 67-68).
7. Antithéos (ou Antithées).
Le nom d’Antithéos signifie littéralement "Anti-Dieu". Dans l’Antiquité grecque, les Antithées étaient des esprits malfaisants capables de susciter des illusions et passés maîtres dans l’art de tromper les mortels. "Dans la culture alexandrine, on retrouve l’expression antitheos (antidieu)" (L’Ange déchu, Centini, p. 58) et l’on sait que dans la tradition chrétienne, ce terme grec fut utilisé pour désigner Satan et inspira bien sûr le nom même de l’Antéchrist dont la mission sera, selon la Bible, de tromper l’humanité et de l’emmener sur la route de la perdition. Un exemple supplémentaire de mythe chrétien trouvant son origine dans la mythologie païenne, en l’occurrence hellénique ? On peut raisonnablement le penser.
8. L’Antéchrist de Nietzsche.
C’est avec quelques citations de L’Antéchrist, l’ouvrage anti-chrétien de Friedrich Nietzsche, que nous clôturerons, non sans avoir exprimé notre plus profonde reconnaissance et gratitude au philosophe allemande pour avoir pensé et écrit ce livre, ce texte consacré, de manière indirecte, à l’Adversaire du dogme chrétien et, plus généralement, de toutes les hypocrisies moralistes, religieuses ou autres.
- "La répression instinctive de tout sentiment d’antipathie, d’hostilité, d’exclusion, de distance : conséquence d’une extrême sensibilité à la douleur et aux excitations, qui ressent toute résistance, toute nécessité d’opposer une résistance, comme un insupportable déplaisir (c’est-à-dire comme nuisible, comme déconseillé par l’instinct de conservation), et ne connaît la béatitude (le plaisir) qu’en n’offrant plus jamais de résistance à personne et à rien, ni au mal, ni au méchant : l’amour, unique et ultime possibilité de vie… (…) La crainte de la douleur, même de l’infiniment petit de la douleur -ne peut finir autrement qu’en religion d’amour…" (L’Antéchrist, chap. 30, p. 43).
- "C‘est bien à cause de ce pouvoir de faire languir le malheureux que l‘Espérance semblait aux Grecs le mal suprême, le mal perfide, et qu‘elle resta enfermée au fond de la boîte de Pandore." (L’Antéchrist, chap. 23, p. 34).
- "Comment peut-on, maintenant encore, capituler devant la naïveté des théologiens chrétiens au point de décréter avec eux que le passage du "Dieu d‘Israël", du Dieu national, au Dieu chrétien, à l‘archétype de tout Bien, constitue un progrès ?" (L’Antéchrist, chap. 19, p. 28).
- "Enfin dans l‘Eglise, c‘est une accumulation de barbarie maladive qui parvient au pouvoir -l‘Eglise, cette forme de haine implacable de toute probité, de toute hauteur d‘âme, de toute discipline de l‘esprit, de toute humanité franche et bonne. Valeurs chrétiennes -valeurs aristocratiques : nous sommes les premiers, nous, les esprits affranchis, à avoir restitué cette antinomie de valeurs, la plus aiguë qui soit !" (L’Antéchrist, chap. 37, p. 50).
- ""Croire" signifie "refuser de savoir", ce qui est vrai." (L’Antéchrist, chap. 52, p. 71).
- "Article 6. On donnera à l‘Histoire "sainte" le nom qu‘elle mérite -celui d‘histoire maudite; on emploiera les mots de "Dieu" , "Messie", "Rédempteur", "Saint" comme des injures, et pour désigner les criminels" (Loi contre le christianisme - Promulguée au jour du Salut, premier jour de l’An I (le 30 septembre 1888 du faux calendrier) - Guerre à outrance au vice : le vice est le christianisme, p. 89).
Eric Timmermans
Sources : Bible de Jérusalem, Cerf, 1998 / Bible du chanoine Crampon, Société de Saint-Jean l’Evangéliste, 1939 / Dictionnaire du Diable, Roland Villeneuve, Omnibus, 1998 / Dictionnaire du diable, des démons et sorciers, Pierre Ripert, Maxi-Poche Références, 2003 / Dictionnaire du Diable et de la démonologie, J. Tondriau et R. Villeneuve, Marabout Université, 1968 / Dictionnaire encyclopédique de la Bible, Pierre Norma, Maxi-Poche Références, 2001 / Défense et Sécurité Internationale n°5, juin 2005 / Grand dictionnaire des symboles et des mythes, Nadia Julien, Marabout, 1997 / L’Ange déchu, M. Centini, Editions De Vecchi / L’Antéchrist, Friedrich Nietzsche, Gallimard, Folio/essais, 2005 / Le Prince de ce monde, Nahema-Nepthys et Anubis, Editions Savoir pour Être, 1993.
source:"athéisme.free.fr"
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