Il aborde cette charge, qui lui a été confiée par l’évêque, de manière très posée. Les démonstrations de folie, de possession, très peu pour lui. Il se souvient de cette fois où une dame s’est présentée à lui en hurlant, gesticulant. « Elle affirmait être possédée et son comportement avait sans doute pour objectif de me le prouver et de se le prouver à elle-même. Je lui ai dit que je pouvais l’aider mais que je ne la recevrais certainement pas dans ces conditions. Je lui ai proposé de revenir quand elle serait calmée. Elle s’est arrêtée tout de suite… »
Celles et ceux qui viennent à lui le font pour des raisons diverses. « Il peut s’agir de personnes ayant consulté une voyante ou ce genre de choses. Elles sont inquiètes et essaient de s’en détacher. Il y a aussi ceux qui veulent marquer une coupure avec des pratiques ténébreuses, comme faire tourner les tables, entrer en contact avec les morts », détaille le prêtre qui évoque les inévitables maisons hantées et autres actes maléfiques, quand ce n’est pas le Diable lui-même qui sème le trouble. « Si une personne me dit qu’elle est possédée, je lui réponds que le Diable n’a que le pouvoir qu’on lui donne. Il ne peut pas prendre possession d’une personne sans qu’il y ait quelque chose en elle qui y consente. »
« Je ne fais pas de magie »
S’il refuse de se voir comme un psy, Paul Braem estime que le plus gros de son travail consiste à écouter et à aider ses interlocuteurs à formuler eux-mêmes ce qu’ils pensent, « quitte à ce qu’ils se rendent compte que ce n’est pas très raisonnable ».
Pour mener à bien le rituel d’exorcisme, il revêt son étole, fait des prières, évoque la litanie des saints, lit des passages des Évangiles et termine par une demande de délivrance. « Certains aimeraient que je leur dise que dans tel cas, je prononce telle formule et cela aura tel effet, que je leur annonce «Je te délivre du Démon» : cela ne fonctionne pas ainsi, je ne fais pas de magie, je suis prêtre et je leur offre une autre façon de voir leur vie », indique-t-il.
Souvent, il intervient suite au décès tragique d’une personne. Celui qui reste a l’impression, sans toujours parler de fantôme, que l’autre est toujours là. Dans ce cas, peut-être encore plus que dans d’autres, Paul Braem qui n’en reste pas moins un homme d’Église, incite à faire acte de foi. « Il faut laisser partir les morts, ils nous hantent parce qu’on les retient. »
Il se passe rarement une semaine sans que le prêtre modérateur de la paroisse Notre-Dame du Marlois ne soit sollicité en sa qualité d’exorciste, bien plus qu’à une époque où la foi était peut-être plus présente dans les familles. « La plupart des gens ne savent plus ce que dit l’Église, la jugent désuète et se réinventent une religiosité fondée sur les voyantes et l’au-delà. Ceux-là reviennent vers l’Église quand ça va mal, c’est encourageant pour nous. »
>> LE PARCOURS DE PAUL BRAEM <<
Originaire de Renneval, près de Montcornet, Paul Braem a d’abord été jeune prêtre vicaire à Soissons et aumônier de lycée puis de différents mouvements. Il a ensuite choisi de devenir prêtre-ouvrier pendant trente ans.
L’âge de la retraite venu, il a repris une activité pastorale dans la paroisse Notre-Dame du Marlois de même qu’à l’aumônerie de la prison de Laon et à l’hôpital de Prémontré.
Il est aujourd’hui le seul prêtre du diocèse autorisé à pratiquer l’exorcisme.
source: aisnenouvelle.fr
